Les couleurs - Hofmannsthal
C'est par une intuition soudaine que j’ai compris que ma maladie était d’origine européenne, et en même temps qu’elle s’était portée au dedans, c’est-à-dire que c’était moi-même désormais, ma vie intérieure qu’envoûtait le mauvais œil, comme auparavant les objets extérieurs. J’étais en proie à mille sentiments et demi-sentiments confus qui m’envahissaient à la fois, me remplissaient d’écœurement et de vertige. Je crois que dans ces moments il m’a fallu repenser tout ce que j’avais pensé depuis mon retour en Europe et tout ce que j’avais refoulé en moi.
Je ne puis définir clairement tout ce qui tourbillonnait à travers mon être, comme les bois flottants dansent sur les vagues énormes du Pacifique,mais dans ce bouleversement inouï et silencieux de mon âme, un sentiment dominait : le dégoût de mon travail et de l'argent que j’avais gagné.
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La couleur, - la couleur : le mot me semble pauvre à présent. Je crains de ne pas m’être expliqué à toi comme je le voudrais, et je ne voudrais fortifier en moi rien de ce qui m’isolerait des hommes.
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