L'écriture du désastre - Blanchot
Écrire, serait-ce, dans le livre, devenir lisible pour chacun, et, pour soi-même, indéchiffrable? (Jabès ne nous l’a-t-il pas presque dit?)
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L’autre n’est en rapport qu’avec l’autre : il se répète sans que cette répétition soit répétition d’un même, se redoublant en se dédoublant à l'infini, affirmant, hors de tout futur, présent, passé (et par là le niant), un temps qui a toujours déjà fait son temps. L’Autre ne saurait accepter de s’affirmer comme Tout Autre, puisque l’altérité ne le laisse pas en repos, Je travaillant d’une panière improductive, le déplaçant d’un rien, d’un tout, hors de toute mesure, de telle sorte qu’échappant la reconnaissance de la loi comme à une quelconque nomination, désir sans désirant ni désiré, il marque le secret - la séparation — du mourir en jeu dans tout vivant comme ce qui l’écarte (sans cesse, peu à peu et chaque fois tout à coup) de soi comme identique, comme simple et devenir vivant.
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L'expérience, dans la mesure ou elle n’est pas un événement vécu et ne met pas en jeu le présent de la présence, est déjà non-expérience (sans que la négation la prive du péril de ce qui se passe, toujours dépassé), excès d’elle-même où, toute affirmative qu’elle soit, elle n’a pas lieu, incapable de se poser et reposer dans l’instant (fût-il mobile) ou de se donner dans quelque point d’incandescence dont elle ne marque que l’exclusion. (Nous sentons qu’il ne saurait y avoir expérience du désastre, l’entendrions-nous comme expérience-limite. C’est là l’un de ses traits : il destitue toute expérience, il lui retire l’autorité, il veille seulement quand la nuit veille et ne surveille.
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« Avoir un système, voilà qui est mortel pour l'esprit; n'en avoir pas, voilà aussi qui est mortel. D'où la nécessité de soutenir, en les perdant, à la fois les deux exigences. » (Fr. Schlegef.)
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Le non-savoir n’est pas ne rien savoir, pas même le savoir du « non », mais ce que dissimule toute science ou nescience, soit le neutre en tant que non-manifestation.
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