samedi 20 janvier 2024

Carnets - Shirley Goldfarb

Carnets - Shirley Goldfarb

Montparnasse 1971-1980

 

Je peins avec des mots, je peins avec de la peinture, je peins avec des actions - suis-je un peintre d'action-mot-peinture ?

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Il est maintenant plus de 4 heures du matin, Sardi respire fortement contre ma cuisse. Je ne peux pas dormir, donc je n'essaierai pas. Je suis une femme de solitude. J'adore être seule avec mes pensées ou regarder le monde tourner, réussir à perdre mon temps. Je m'endors pendant que j'écris, ce qui était le but de cette page d'insomnie.

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Être femme.

Je sais que je suis une femme parce que j'ai des mamelles, un vagin, une acte de naissance marqué sexe féminin, un passeport marqué sexe féminin, une carte de séjour marquée sexe féminin. Je sais que je suis une femme parce que certains hommes me regardent comme un objet sexuel éventuellement à leur disposition. Les hommes me détestent si je ne me comporte pas comme une femme soumise.

Je les hais pour leur attitude lubrique envers ma personne.

Je mee bats chaque jour pour marcher librement dans la rue comme un homme.

TEMPS

Je perds mon temps - ça passe chaque jour comme si vraiment j'en avais rien à foutre de ce temps perdu. Toute la journée, quand le temps le permet, je m'assieds dehors, regarde les gens passer, pendant que je fume, bois un expresso ou mange une glace. Je suis assise, je regarde. Ce regard n'a pas de valeur, car je ne retiens aucune information utile.

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11 septembre

Je suis non écrivain

je suis non artiste

je suis non rien

mais un rien merveilleux

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14 février, 7 heures du soir

Elle était assise au café et attendait que sa vie commence.  Jusqu'à présent, ça n'arrivait pas. Il était tard et faisait noir - elle avait un peu peur du noir.

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23 février

L'art de penser est peut-être de tous les arts le plus subtil.

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15 novembre

Je suis peut-être dans la période la plus délibérément silencieuse dont je puisse me rappeler. C'est comme s'il n'y avait vraiment rien de rien à dire. Les banalités m'ennuient. Les gens qui posent des questions m'ennuient. Ainsi, je suis partie dans le monde du silence - ce n'est réellement pas si terrible. En fait, ça a même quelque chose de thérapeutique...


mercredi 10 janvier 2024

Mes vies parallèles - Julien Leschiera

Mes vies parallèles - Julien Leschiera


Pour l'instant, dans mon cerveau qui balbutiait encore, ces vies n'étaient que des esquisses floues, des illuminations échappées de mes rêveries que j'associais aux sensations que j'attrapais dans cette maison.

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Je me remis sans trop de peine de cet échec d'inclusion, car si j'étais privé de prédispositions pour à peu près tout, je ne manquais jamais de ressources pour renier mes principes et manquer de courage.

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Je me mis alors à dévorer Bolaño, à le lire avec frénésie, et comme par enchantement, son monde mangea le mien et toute la noirceur qui avait failli me happer quelques heures plus tôt disparut. 

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En lisant Bolaño, je me réfugiais dans la beauté et l'intelligence et tout ce temps perdu à Bogotá se transformait en une délicieuse mélancolie.

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