mercredi 15 avril 2015

Ghérasim Luca - Œuvres



Ghérasim Luca - Œuvres



la beauté de ton sourire ton sourire
en cristaux les cristaux de velours
le velours de ta voix ta voix et
ton silence ton silence absorbant
absorbant comme la neige
la neige chaude et lente lente est
ta démarche ta démarche diagonale
diagonale soif soir soie et flottante
flottante comme les plaintes les plantes
sont dans ta peau ta peau les
décoiffe elle décoiffe ton parfum
ton parfum est dans ma bouche ta bouche
est une cuisse une cuisse qui s’envole
elle s’envole vers mes dents mes dents
te dévorent je dévore ton absence ton absence
est une cuisse cuisse ou
soulier soulier que j’embrasse
j’embrasse ce soulier je l’embrasse sur
ta bouche car ta bouche est une bouche
elle n’est pas un soulier miroir que j’embrasse
de même que tes jambes de même que
tes jambes de même que tes jambes de
même que tes jambes tes jambes
jambes du soupir soupir
du vertige vertige de ton visage
j’enjambe ton image comme on enjambe
une fenêtre de ton être et de
tes mirages ton image son corps et
son âme ton âme ton âme et ton nez
étonné je suis étonné nez de tes
cheveux ta chevelure en flammes ton âme
en flammes et en larmes comme les doigts de
tes pieds tes pieds sur ma poitrine
ma poitrine dans tes yeux tes yeux
dans la forêt la forêt liquide
liquide et en os les os de mes cris
j’écris et je crie de ma langue déchirante
je déchire tes bras tes bas
délirant je désire et déchire tes bras et tes bas
le bas et le haut de ton corps frissonnant
frissonnant et pur pur comme
l’orage comme l’orage de ton cou cou de
tes paupières les paupières de ton sang
ton sang caressant palpitant frissonnant
frissonnant et pur pur comme l'orange
orange de tes genoux de tes narines de
ton haleine de ton ventre je dis
ventre mais je pense à la nage
à. la nage du nuage nuage du
secret le secret merveilleux merveilleux
comme toi-même
toi sur le toit somnambulique et nuage nuage et diamant c'est un
diamant qui nage qui nage avec souplesse
tu nages souplement dans l’eau de la
matière de la matière de mon esprit
dans l’esprit de mon corps dans le corps
de mes rêves de mes rêves en action


.........................................

J’ai mis hier un très haut-de-forme pour le plai­sir de voir plus tard une armée de hauts-de- forme plonger dans les vagues : me suis-je sui­cidé ? je ne le crois pas ! comme je suis en train de vivre le lent suicide qu’est ma vie, pourquoi aurais-je cessé tout à coup d’exister ?
[…]
Ce n’est pas ma faute si l’homme me dégoûte et pas le rat - à la rigueur je peux imaginer un rat dans ma soupe, jamais un homme.
[…]
La peur de la mort nous empêche, certes, de nous jeter devant les baïonnettes de nos actes - sauf le jour où, suicidés ambulatoires et assassins somnambules, nous les rendrons moins meurtrières que nos sourires -, elle est là pour nous rappeler qu’on ne verse pas son sang comme on respire, mais se tait aussitôt qu’elle le voit monter en nous telle la sève dans une plante.

..........................

c’est la grande, la monstrueuse déception
que me cause mon propre personnage
drogué à l’idée d’évoluer
avec une agilité jamais atteinte
à la frontière de la veille et du sommeil
entre le oui et le non
le possible et l’impossible
pour se trouver soudain
devant l’envers du décor
dans un monde d’illusions
et d’erreurs fondamentales
qui ne pardonnent pas et qui transforment
mon inégalable et inimaginable existence
en blessure

Dans ce monde latéral où je me sens jeté
sans savoir quelle erreur j’ai commise (même sur le plan précaire de la culpabilité)
sans savoir ce qui m'est arrivé, ni pourquoi
je ne ressens que les effets catastrophiques
de l’erreur, l'avalanche d’agressions
et de cruautés, probablement nécessaire
que le monde extérieur déclenche contre moi

Toutes les personnes qui m’entourent
me trahissent, sans exception

Tous les objets, toutes les femmes
et tous les amis, le climat, les chats
le paysage, la misère, absolument
tout ce qui me guette avec amour ou haine
profite de mon immense faiblesse
(conséquence  d’une erreur théorique
qui m’échappe)
pour  me frapper de plein fouet
avec une lâcheté dégoûtante
mais sans doute d’autant plus nécessaire

______________________________


Le chant de la carpe


nos corps miment la vie sourde
ou absente
de n’importe quel mot
que seul l’absurde
– piège ou porte –
jamais le comi­que
hante

--------------

se laissant guider par le vent
qui perd  dans "devant"
et prenant comme cible
la fin de "l'impossible"

-------
mais qu'est ce qu'un "pouvoir" sans pou


--------------------


je t'ai je terri terrible passio je je je t'aime
je t'aime je t'ai je
t'aime aime aime je t'aime
passioné " aime je
t'aime passionném
je t'aime
passionnément aimant je
t'aime je t'aime passionné né
je t'aime passioné
je t'aime passionnément je t'aime
je t'aime passio passionnément


 

Valeria Solanas - SCUM Manifesto



 SCUM MANIFESTO

 

Vivre dans cette société, c'est au mieux y mourir d'ennui. Rien dans cette société ne concerne les femmes. Alors, à toutes celles qui ont un brin de civisme, le sens des responsabilités et celui de la rigolade, il ne reste qu'à renverser le gouvernement, en finir avec l'argent, instaurer l'automation à tous les niveaux et supprimer le sexe masculin.

Grâce au progrès technique, on peut aujourd'hui reproduire la race humaine sans l'aide des hommes (ou d'ailleurs sans l'aide des femmes) et produire uniquement des femmes ; conserver le mâle n'a même pas la douteuse utilité de permettre la reproduction de l'espèce.

Le mâle est un accident biologique ; le gène Y (mâle) n'est qu'un gène X (femelle) incomplet, une série incomplète de chromosomes. En d'autres termes, l'homme est une femme manquée, une fausse couche ambulante, un avorton congénital. Être homme c'est avoir quelque chose en moins, c'est avoir une sensibilité limitée. La virilité est une déficience organique, et les hommes sont des êtres affectivement infirmes. L'homme est complètement égocentrique, prisonnier de lui-même, incapable de partager, ou de s'identifier à d'autres ; inapte à l'amour, à l'amitié, à l'affection, la tendresse. Cellule complètement isolée, incapable d'établir des relations avec qui que ce soit, ses enthousiasmes ne sont pas réfléchis, ils sont toujours animaux, viscéraux, son intelligence ne lui sert qu'à satisfaire ses besoins et ses pulsions. Il ne connaît pas les passions de l'esprit ni les échanges mentaux ; il ne s'intéresse qu'à ses petites sensations physiques. Il n'est qu'un mort-vivant, un tas insensible, et pour ce qui est du plaisir et du bonheur, il ne sait ni en donner ni en recevoir. Au mieux de sa forme, il ne fait que distiller l'ennui, il n'est qu'une bavure sans conséquence, puisque seuls ont du charme ceux qui savent s'absorber dans les autres. Emprisonné dans cette zone crépusculaire qui s'étend des singes aux humains, il est encore beaucoup plus défavorisé que les singes parce que, au contraire d'eux, il présente tout un éventail de sentiments négatifs – haine, jalousie, mépris, dégoût, culpabilité, honte, blâme, doute – pis encore, il est pleinement conscient de ce qu'il est et de ce qu'il n'est pas.
Complètement égocentrique, incapable de communiquer et de s'identifier aux autres (voir plus haut), n'existant que par une sexualité endémique et diffuse, le mâle est psychiquement passif. Et parce que sa propre passivité lui fait horreur, il tente de s'en débarrasser en la projetant sur les femmes. Il postule que l'homme est Actif, et s'attache ensuite à démontrer qu'il est actif, donc qu'il est un Homme. Et pour ce faire, il baise ! (Moi je suis un Vrai Mec et j'ai une Grosse Queue et comment que je Tire mon Coup). Mais comme ce qu'il cherche à démontrer est faux, il est obligé de toujours recommencer. Alors baiser devient un besoin irrépressible, une tentative désespérée de prouver qu'il n'est pas passif, qu'il n'est pas une femme. Mais en fait il est passif, et son désir profond est d'être une femme. Femelle incomplète, le mâle passe sa vie à chercher ce qui lui manque, à tenter de devenir une femme. Voilà pourquoi il est constamment à l'affût des femmes, voilà pourquoi il fraternise ; il veut vivre à travers elles, se fondre en elles. Voilà pourquoi il revendique tout ce qui caractérise en fait les femmes, la force de caractère et l'indépendance affective, l'énergie, le dynamisme, l'esprit d'initiative, l'aisance, l'objectivité, l'assurance, le courage, l'intégrité, la vitalité, l'intensité, la profondeur, le sens de la rigolade, etc. Voilà pourquoi il projette sur les femmes tout ce qui caractérise les hommes, la vanité, la frivolité, la banalité, la faiblesse, etc. (Il faut cependant reconnaître qu'il existe un domaine dans lequel les hommes sont largement supérieurs aux femmes : celui des relations publiques. C'est de cette façon qu'ils réussissent à faire croire à des millions de femmes qu'elles sont des hommes et vice versa). Les hommes prétendent que les femmes trouvent leur épanouissement dans la maternité et la sexualité, ce qui correspond à ce qu'ils trouveraient satisfaisant, les pauvres, s'ils étaient des femmes. Autrement dit, ce ne sont pas les femmes qui envient le pénis, mais les hommes qui envient le vagin. Lorsque le mâle se résout finalement à accepter sa passivité et se définit comme femme (les hommes, aussi bien que les femmes, prennent chaque sexe pour l'autre), bref lorsque le mâle devient un travesti, il perd tout désir de baiser (ou de quoi que ce soit d'autre, d'ailleurs, son rôle de vamp à pédé lui suffit), et il se fait couper la queue dans l'espoir de ressentir on ne sait quelle vague jouissance permanente à l'idée d'être femme. Baiser permet aux hommes de se protéger contre leur désir d'être des femmes. La sexualité est en elle-même une sublimation.
L'ARGENT, LE MARIAGE ET LA PROSTITUTION, LE TRAVAIL CONTRE L'AUTOMATION

Rien, humainement, ne justifie l'argent, ni le travail pour quiconque au-delà de deux ou trois heures par semaine au grand maximum. Tous les travaux non créatifs (à peu près tous les travaux exercés à ce jour) auraient pu être automatisés depuis longtemps. Et dans un système sans argent, tout le monde aurait tout ce qu'il veut, et du meilleur. Les raisons qui maintiennent en place ce système basé sur l'argent et le travail n'ont rien d'humain, elles sont mâles :
4 – Trouver un substitut à l'amour. L'homme, inapte qu'il est à donner de l'amour ou de l'affection, donne de l'argent. Il se sent maternel. La mère donne le lait ; il donne le pain. Il est le Gagne-Pain.

ANIMALITÉ (domesticité et maternité) ET SUPPRESSION DE L'INDIVIDUALITÉ

L'homme est une suite de réflexes conditionnés, il est incapable de réagir librement, avec son esprit. Il est entièrement déterminé par le conditionnement subi pendant son enfance. Ses premières expériences ont été vécues avec sa mère et il est lié à elle pour la vie. Pour l'homme il n'est jamais très clair qu'il puisse être autre chose qu'une partie de sa mère, qu'il est lui et qu'elle est elle.

Son plus grand besoin est d'être guidé, abrité, protégé et admiré par sa Mamma (les hommes s'attendent à ce que les femmes adorent ce qui, eux, les pétrifie d'horreur : eux-mêmes). N'existant que par son corps, l'homme aspire à passer son temps (celui qu'il ne perd pas « dans le monde » à se défendre âprement contre sa passivité) dans une béatitude animale consistant à manger, dormir, chier, s'écrouler dans un fauteuil et se faire dorloter par la Mamma.

L'ISOLEMENT, LES PAVILLONS DE BANLIEUE ET L'IMPOSSIBILITÉ DE LA VIE COMMUNAUTAIRE

Notre société n'est pas une communauté, c'est un entassement de cellules familiales. Miné par son sentiment d'insécurité, l'homme est persuadé que sa femme va le quitter si elle s'expose aux autres hommes et à tout ce qui peut présenter une lointaine ressemblance avec la vie. Aussi cherche-t-il à l'isoler de ses rivaux et de cette faible agitation qu'on nomme civilisation, en l'emmenant en banlieue pour la caser dans une rangée de pavillons où s'enferment dans une contemplation mutuelle des couples et leurs enfants.

L'activité la plus importante de la vie communautaire, celle sur laquelle elle se fonde, c'est le baisage à la chaîne. Ce qui allèche le plus le hippie, dans l'idée de vivre en communauté, c'est tout le con qu'il va y trouver. Du con en libre circulation : le bien collectif par excellence ; il suffit de demander. Mais, aveuglé par le désir, il ne pense pas à tous les hommes avec lesquels il devra partager, ni à la jalousie et à la possessivité des mignons cons eux-mêmes.

Les hommes ne peuvent pas coopérer à la réalisation d'un but commun, car le seul but de chaque homme est d'avoir tout le con pour lui. La communauté est donc vouée à l'échec : chaque hippie, pris de panique, va empoigner la première jobarde qui en pince pour lui et filer avec elle dans un pavillon de banlieue. L'homme ne peut progresser socialement, il ne peut qu'aller et venir entre l'isolement et la partie de cul associée.

LA PHILOSOPHIE, LA RELIGION ET LA MORALE BASÉES SUR LE SEXE

Vu son incompétence pour entrer en relation avec qui ou quoi que ce soit, l'homme dont la vie est dépourvue de sens (le dernier mot de la pensée mâle est que le monde est absurde) a dû inventer la philosophie et la religion. Ne trouvant en lui que vide, l'homme doit se tourner vers l'extérieur, non seulement pour trouver une direction et un contrôle, mais aussi le salut et un sens à sa vie. Le bonheur étant pour lui impossible sur cette terre, il a inventé le Ciel.
Quant à la Religion, elle procure un but à l'homme (le Ciel), elle renforce par son code « moral » l'assujettissement des femmes aux hommes, et de plus fournit à l'homme des rituels lui permettant d'exorciser la honte et la culpabilité qu'il éprouve de ne pas se défendre assez contre ses pulsions sexuelles : finalement la honte et la culpabilité qu'il éprouve d'être un homme.
LA COMPÉTITION, LE PRESTIGE, LE STATUT, L'ÉDUCATION, L'IGNORANCE, LES CLASSES SOCIALES ET ÉCONOMIQUES

Obsédé par le désir d'être admiré par les femmes mais n'ayant aucune valeur intrinsèque, l'homme fabrique une société complètement artificielle qui lui attribue un semblant de valeur à travers l'argent, le prestige, la « supériorité » de classe, les diplômes, la profession et le savoir, tout en reléguant au bas de l'échelle sociale, professionnelle, économique et culturelle, le plus grand nombre d'hommes possible.

Le but de l'enseignement « supérieur » n'est pas d'instruire mais d'exclure le plus grand nombre possible de gens de certaines professions.

L'IMPOSSIBILITÉ DE L'AMITIÉ (DE L'AMOUR)

L'amour n'est ni la dépendance ni la sexualité, c'est l'amitié. L'amour ne peut donc exister entre deux hommes, entre un homme et une femme ou entre deux femmes si l'un des deux, ou les deux, est un mec ou un lèche-cul à mec sans esprit et timoré. De même que la conversation, l'amour ne peut exister qu'entre deux femmes-femmes libres rouleuses, sûres d'elles, indépendantes et à l'aise, puisque l'amitié est basée sur le respect et non sur le mépris.

LE « GRAND ART » ET LA « CULTURE »

L'artiste mâle essaye de compenser son incapacité à vivre et son impuissance à être une femme en fabriquant un monde complètement factice dans lequel il fait figure de héros, c'est-à-dire s'affuble des caractéristiques féminines, et où la femme est réduite à des rôles subsidiaires insipides, c'est-à-dire fait figure d'homme.

L'« Art » masculin ayant pour but, non de communiquer (un être entièrement vide n'a rien à dire), mais de déguiser la réalité bestiale de l'homme, il a recours au symbolisme et à l'obscurité (au « profond »). La grande majorité des gens, en particulier les personnes « cultivées », n'osant pas juger par elles-mêmes, humbles, respectueuses des autorités (« Mon Papa, y sait » devient dans le langage adulte « les critiques ils s'y connaissent », « les écrivains, ils savent mieux », et « les agrégés, ça en connaît un bout »), se laissent facilement persuader que ce qui est obscur, vague, incompréhensible, indirect, ambigu et ennuyeux, est à coup sûr profond et brillant.
« Apprécier », c'est tout ce que sait faire l'homme « cultivé ». Passif, nul, dépourvu d'imagination et d'humour, il faut bien qu'il se débrouille avec ça. Incapable de se créer ses propres distractions, de se créer un monde à lui, d'agir d'une façon ou d'une autre sur son environnement, il doit se contenter de ce qu'on lui offre. Il ne sait pas créer, il ne sait pas communiquer : il est spectateur. En se gobergeant de culture, il cherche désespérément à prendre son pied dans un monde qui n'a rien de jouissif ; il cherche à fuir l'horreur d'une existence stérile d'où l'esprit est absent. La « culture » c'est le baba du pauvre, le croûton spirituel des tarés, une façon de justifier le spectateur dans son rôle passif. Elle permet aux hommes de se glorifier de leur faculté d'apprécier « les belles choses », de voir un bijou à la place d'une crotte. Ce qu'ils veulent, c'est qu'on admire leur admiration. Ne se croyant pas capables de changer quoi que ce soit, résignés qu'ils sont au statu quo, ils sont obligés de s'extasier sur des crottes vu qu'il n'y a que des crottes à l'horizon de leur courte vue.
Comment quelqu'un qui ne sait pas vivre pourrait-il nous dire à quoi ressemble la vie ? L'« artiste » au masculin, c'est une contradiction dans les termes. Un dégénéré ne peut que produire de l'« art » dégénéré. L'artiste véritable, c'est toute femme saine et sûre d'elle, et dans une société féminine, le seul Art, la seule Culture, ce sera des femmes déchaînées, contentes les unes des autres, et qui prennent leur pied entre elles et avec tout l'univers.

LA SEXUALITÉ

Le sexe ne permet aucune relation. C'est au contraire une expérience solitaire, elle n'est pas créatrice, c'est une perte de temps. Une femme peut facilement, bien plus facilement qu'elle ne pourrait le penser, se débarrasser de ses pulsions sexuelles et devenir suffisamment cérébrale et décontractée pour se tourner vers des formes de relation et des activités vraiment valables. Mais le mâle libidineux met en chaleur la femelle lascive. Les hommes, qui ont l'air d'en pincer sexuellement pour les femmes et qui passent leur temps à vouloir les exciter, jettent les femmes portées sur la chose dans des transes lubriques et les fourrent dans un piège à con dont peu de femmes arrivent jamais à se sortir.

Le sexe est le refuge des pauvres d'esprit. Et plus une femme est pauvre d'esprit, – plus elle est embourbée dans la « culture » masculine – plus elle est charmante et plus elle est portée sur le sexe. Dans notre société, les femmes charmantes ont le feu au cul. Mais comme elles sont atrocement charmantes, elles ne s'abaissent pas à baiser, tu parles, elles font l'amour, elles communiquent avec leur corps, elles établissent un contact sensuel. Les plus littéraires valsent au rythme d'Éros et s'enfilent l'Univers entier ; les mystiques se fondent dans le Principe érotique et fusionnent avec le Cosmos, et celles qui marchent à l'acide Vibrent.

LA MÉFIANCE

Dans son incapacité à se mettre à la place des autres, à éprouver de l'affection ou à se dévouer, ne sachant s'extérioriser que pour contempler ses tripes, l'homme, évidemment, ne joue jamais franc-jeu. Lâche comme il l'est, ayant constamment besoin de faire la pute avec les femmes pour gagner leur approbation sans laquelle il n'est rien, toujours sur le qui-vive dans la terreur que sa réalité mâle et animale ne soit étalée au grand jour, ayant constamment besoin de se protéger, l'homme doit mentir en permanence. Dans son néant il ne peut avoir ni honneur ni intégrité – il ne sait pas ce que ces mots signifient. L'homme, en bref, est traître et dans une société mâle le seul comportement valable est le cynisme et la méfiance.

LA HAINE ET LA VIOLENCE

L'homme est rongé sans relâche par l'amertume de n'être pas femme et d'être incapable d'éprouver jamais aucun plaisir ni aucune satisfaction. Il est ravagé de haine, non de cette haine rationnelle que l'on renvoie à ceux qui vous insultent ou abusent de vous, mais d'une haine irrationnelle qui frappe sans discernement, haine, au fond, dirigée contre lui-même.

La violence gratuite « prouve » qu'il est un « Homme », tout en servant d'exutoire à sa haine ; et puisque l'homme n'a de réactions que sexuelles et qu'il faut des stimulants vraiment puissants pour exciter ce mort-vivant, elle lui procure, sexuellement, un petit frisson.

LA MALADIE ET LA MORT

Les femmes, qu'elles le veuillent ou non, prendront bientôt le monde en main, ne serait-ce que parce qu'elles ne pourront faire autrement : les hommes, pour des raisons pratiques, auront disparu du globe. Cette tendance autodestructrice est renforcée par le fait que les hommes commencent à avoir une vision plus éclairée de leurs intérêts. Ils se rendent de mieux en mieux compte que l'intérêt des femmes est leur intérêt, qu'ils ne peuvent vivre que par les femmes, et que plus les femmes seront encouragées à vivre, à se réaliser, à être des femmes et non des hommes, plus ils approcheront eux-mêmes de ce qui ressemble à la vie. Ils entrevoient déjà qu'il est plus facile et plus satisfaisant de vivre à travers elles que d'essayer de devenir elles – usurper leurs qualités et repousser les femmes dans la fosse à purin en déclarant que ce sont des hommes.
Si toutes les femmes laissaient tomber les hommes, tout simplement, le gouvernement et l'économie nationale s'effondreraient.


SCUM exterminera tous les hommes qui ne feront pas partie de l'Auxiliaire Masculin de SCUM. Font partie de l'Auxiliaire Masculin les hommes qui s'emploient méthodiquement à leur propre élimination, les hommes qui pratiquent le bien, quels que soient leurs motifs, et entrent dans le jeu de SCUM. Exemples de ce qu'on peut trouver dans l'Auxiliaire Masculin de SCUM :
- les hommes qui en tuent d'autres ;
- les chercheurs en biologie qui travaillent à des recherches constructives (au lieu de préparer la guerre biologique) ;
- les écrivains, les rédacteurs en chef les éditeurs et les producteurs qui répandent et favorisent les idées susceptibles de servir les buts de SCUM ;
- les travelos qui par leur exemple magnifique encouragent les autres hommes à se démasculiniser et à se rendre ainsi relativement inoffensifs ;
- les hommes qui prodiguent généreusement l'argent et tous services gratuits ;
- les hommes qui disent ce qui est (jusqu'à présent il n'y en a pas eu un seul) et ont une attitude juste avec les femmes, qui révèlent la vérité sur eux-mêmes, donnent aux écervelées des phrases correctes à répéter et leur disent que le but premier d'une femme devrait être d'écraser le sexe masculin (pour aider les hommes dans cette tâche, SCUM organisera des Sessions Merdiques au cours desquelles chaque homme présent fera un discours commençant par la phrase : « Je suis une merde, une merde minable et abjecte », à la suite de quoi il fera une longue liste des différents aspects de sa merdicité. En récompense, il pourra fraterniser une heure entière avec les membres de SCUM à la fin de la session. On invitera aux sessions les femmes gentilles et proprettes afin d'éclaircir avec elles tous les doutes et malentendus qui subsistent à propos du sexe masculin) ;
- les fabricants de bouquins pornos, de films suédois, etc., qui nous rapprochent du jour où on ne verra plus sur l'écran que Baise et Sucerie (les hommes, comme les rats accourant aux sons de la flûte enchantée, seront menés à leur perdition par les charmes trompeurs de La Chatte, et dépassés, submergés, ils sombreront finalement dans la chair passive qu'ils ont toujours été) ; ceux qui incitent à la drogue et précipitent la déchéance masculine.

Faire le bien est une condition nécessaire mais non suffisante pour faire partie de l'Auxiliaire Masculin de SCUM. Pour sauver leurs mornes culs, les hommes doivent aussi éviter de faire le mal. Parmi les hommes les plus odieux ou les plus nuisibles, on compte :
- ceux qui violent ;
- les politiciens et toute leur clique ;
- les chanteurs, compositeurs et, musiciens gnangnan ;
- les P.D.G. ;
- les Chefs de famille et honnêtes travailleurs ;
- les proprios ;
- les possesseurs de cuillers graisseuses, de restaurants et de boutiques à musique d'ambiance ;
- les « Grands Artistes » ;
- les joueurs qui jouent petit ;
- les flics qui alpaguent, les procureurs qui accusent et les juges qui collent des années à tous ceux qui violent les lois antidrogue et antijeu, aux prostituées, aux fauteurs de pornographie et à ceux qui commettent des crimes contre les entreprises ;
- les magnats ;
- les savants dont les recherches visent la mort ou la destruction ou qui travaillent pour l'industrie privée ;
- les menteurs et les bidons ;
- les agents immobiliers ;
- les agents de change ;
- les hommes qui parlent pour ne rien dire ;
- les pollueurs de voie publique ;
- les plagiaires ;
- les hommes qui font un tant soit peu de mal aux femmes ;
- tous les requins de la publicité ;
- les psychiatres et les psy ;
- les hommes qui s'imaginent avoir droit à la compagnie des inconnues qu'ils rencontrent ;
- les censeurs publics et privés ;
- toute l'armée, y compris les appelés.
Si un homme peut être classé à la fois dans les catégories bien et mal, l'ensemble de sa conduite sera examiné de façon toute subjective pour déterminer de quel côté penche la balance.

Une fois la finance foutue en l'air, il ne sera plus nécessaire de tuer les hommes. Ils seront démunis du seul pouvoir qu'ils peuvent avoir sur des femmes psychologiquement indépendantes. Ils ne pourront plus s'imposer qu'aux paillassons, qui adorent ça.