lundi 26 février 2024

La rage de vivre - Mezz Mezzrow /Bernard Wolfe

 La rage de vivre - Mezz Mezzrow /Bernard Wolfe

 

Qu'était-ce donc que cet étrange patois polyglotte qu'ils se balançaient dans les cliquettes, au Corner ? Rien d'autre que la "nouvelle poésie du prolétariat". Dan Burley, le célèbre vieux journaliste noir, éditeur du journal de Harlem, l'Amsterdam News, décrit ainsi le jive, et je crois qu'il a raison : "la langue de l'action  qu, dit-il, vient des bars, des dancings, des prisons, des beugalants, des speakeasies, etc. de partout où les gens s'affairent à vivre, aimer, se battre, travailler ou avoir la peau du voisin". Mais n'allez pas croire qu'il s'agit d'un genre de javanais de boyscout réservé à exprimer des banalités. Pas question, en jive, les cats discutent politique, religion, science, guerre, danse, affaires, amours, problèmes économiques et sciences occultes. J'ai découvert que le "jive" n'est pas seulement un curieux mélange linguistique de rêve et d'action ; c'est toute une nouvelle conception de l'existence.

L'oiseau moqueur - Walter Tevis

 L'oiseau moqueur - Walter Tevis

 

La Lecture est le partage profond et subtil d'idées et de sentiments par des moyens sournois. C'est une grossière invasion de la Vie Privée et une violation directe des constitutions des Troisièmes, Quatrièmes et Cinquièmes Âges. L'Enseignement de la Lecture est également un crime contre la Vie Privée et la Personnalité.

 

Elizabeth Siddal

 Elizabeth Siddal

 

La vie et la nuit trépassent loin de moi,

La mort et le jour s'ouvrent à moi.

Partout où les pas me portent

La vie es chemin de pierre et de malheur.

Seigneur, combien me reste-t-il à marcher ?

 

Des cœurs vides ne me quittent plus, 

Des yeux sans âmes ont cessé de me réjouit :

Seigneur, laisse moi venir à Toi !


Ni la vie ni la jeunesse ni le soleil d'été

Ne m'apportent plus de joie :

Seigneur, protège-moi des pierres de la vie.

Des yeux longtemps aimés, clos depuis des années veillent sur moi -

La sainte mort s'impatiente -

Seigneur, accueille-moi dès ce soir !


Ma vie semble figée dans la tristesse.

Comme lys dans un ruisseau gelé.

Je n'ai regard que pour le soleil,

Seigneur, seigneur, dans le souvenir de celui que j'ai perdu.

Ô Seigneur, ne m'oublie pas !


A quoi ressemble la Terre inconnue ?

Les morts errent-ils main dans la main ?

Etreignons-nous des mais mortes et frémissions-nous

A jamais d'une joie sans fin ?

L'air s'emplit-il de la rumeur

Des esprits, emportés dans leur ronde ?

Nos yeux épuisés peuvent-ils se reposer

Sur éternel chant des lacs ?

D'altiers anges blancs délassent-ils leur regard

Sur les rives où se penchent les lys ?

Seigneur, qu'en est-il ? Nous ne savons rien ;

Seigneur de Bonté, en Toi nous mettons notre foi -

Ô Dieu, souviens-toi de moi !


(Trad. Jacques Frémontier)