Des Caractères DANS LE ROMAN ET LE DRAME - hofmannsthal
Dialogue imaginaire entre Balzac et Hammer-Purgstall 
Balzac. — Oh ! oui, j’aime le théâtre, - mais je l’aime tel que je le conçois : pour moi le théâtre doit reproduire tout, absolument tout : tous les vices, tous les ridicules, tous les langages. Quelle pauvreté, quelle symétrie monotone dans celui de Victor Hugo ! Le mien, celui que je rêve, c’est le monde, c’est le chaos. Et il a existé, mon théâtre, il a existé : Lear sur la lande et le fou près de lui, Edgar et Kent et la voix du tonnerre mêlée à leurs voix ! Volpone, l’adorateur de l’or, et ses serviteurs : le nain, l’eunuque, l’hermaphrodite et le scélérat ! Les sournois accapareurs d’héritage qui lui offrent leurs femmes et leurs filles, les traînent par les cheveux dans son lit. Et tous les trésors tentateurs, vases d’or, pierres précieuses, lustres merveilleux, mêlant leurs voix aux voix humaines, comme tout à l’heure le tonnerre. Oui, il y a eu, une fois, un théâtre.
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