vendredi 21 novembre 2025

La vie solitaire - Pétrarque

La vie solitaire - Pétrarque

 L’homme solitaire, ami du temps libre, se lève ; heureux, il a réparé ses forces en un repos raisonnable et par un sommeil ininterrompu et court, mais mené à son terme ; il lui arrive parfois d’être réveillé par les chants du «rossignol nocturne, et à peine tiré du lit dans la douceur, après avoir chassé ses impressions de torpeur, le voici; qui se met à chanter aux heures; de tranquillité. Il implore dévotement le portier de ses lèvres de les lui ouvrir pour qu’il en fasse , sortir ses louanges matutinales, et il invoque à son aide le Seigneur de son cœur ; ne se fiant nullement désormais à ses propres forces et conscient des dangers qui le menacent et qu’il redoute, il le conjure de se hâter : il ne s’évertue pas à tramer des pièges ; mais il redit la gloire de Dieu et les louanges des saints, et ce, non seulement chaque jour mais d’heure en heure, et par l’indéfectible servitude de sa langue et la pieuse déférence de son âme, il prie pour que le souvenir des bienfaits divins ne vienne point à disparaître de son esprit virtuellement ingrat. 

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 Quant à l'homme de loisir, rendu sobre et dispos par le jeûne de la veille, il ne se satisfait que d’un petit nombre de serviteurs ou d’un seul ou bien encore, d’aucun et, dans sa modeste demeure, rien n’embellit, sa table proprette, excepté sa seule présences. À la place du vacarme il a la quiétude, à la place du fracas le silence à la place de la foule, son être même. Il est lui-même son propre compagnon, son propre convive et ne craint pas la solitude tant qu’il est en sa propre présence.

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