mercredi 28 janvier 2015

William Blake - Œuvres

William Blake - Œuvres

CHANSON

L’amour et l’harmonie s’unissent,
S’enlaçant autour de nos âmes,
Tandis que nos branches se mêlent
Et que nos racines se joignent.

Les joies se perchent sur nos branches,
Gazouillant, chantant à l’envi :
Tels de clairs ruisseaux à nos pieds,
Innocence et vertu s’allient ?

Toi, tu portes des fruits dorés,
Moi, je suis habillé de fleurs,
Tes doux rameaux parfument l’air
Et la tourterelle y bâtit.

Puis elle y nourrit ses petits
Et j’entends sa chanson plaintive,
Et j’entends la voix de l’amour
Blotti dans tes feuilles exquises.

C’est là qu’il a bâti son nid,
C’est là qu’il dort pendant la nuit
Et qu’il s’ébat le long du jour
En se jouant parmi nos branches.


LA MOUCHE

Petite Mouche,
Ton jeu d’été
Étourdiment
Ma main l’a balayé.

Ne suis-je pas
Une mouche comme toi ?
Ou n’es-tu pas
Un homme comme moi ?

Puisque je danse
Et bois et chante,
Avant qu’une main aveugle
Froisse mon aile.

Si la pensée est vie
Et force et souffle,
Si l’absence de pensée
Est mort ;

Alors je suis
Une mouche heureuse,
Que je vive
Ou que je meure.


L’ABSTRACTION HUMAINE
(CHERCHER LE LIVRE)

UN ARBRE EMPOISONNÉ

J’étais en colère contre mon ami ;
Je lui dis mon courroux, mon courroux s’éteignit,
J’étais en colère contre mon ennemi :
Je lui tus mon courroux, lors mon courroux grandit.

Et je l’arrosai dans la crainte,
Soir et matin, avec mes larmes ;
Je l’ensoleillai de sourires
Et de souples ruses trompeuses.

Et il crût, il crût nuit et jour,
Porteur d’une pomme éclatante ;
Et mon ennemi la vit luire
Et il savait qu’elle était mienne ;

Dans mon jardin il se glissa
Quand la nuit eut voilé le pôle :
Au matin je vis avec joie
Mon ennemi gisant sous l’arbre.



UN PETIT GARÇON PERDU

« Nul n’aime autrui autant que soi
Ni comme soi ne le vénère,
Non plus que la Pensée ne peut
Connaître plus grand qu’elle-même.

Et comment, Père, t’aimer plus
Ou aimer plus l’un de mes frères ?
Je t’aime tel le petit oiseau
Qui pivote des miettes sur le seuil. »

Le Prêtre était tout proche, il entendit l’enfant
Et, frémissant de zèle, le saisit aux cheveux,
Puis l’entraîna par son petit habit ;
Tous admiraient la vigilance du Prêtre.

Lors, debout sur l’auguste autel :
« Voyez-moi ce démon ! » dit-il,
« Qui érige la Raison en juge
Du plus saint d’entre nos Mystères. »

L’enfant en pleurs ne put se faire entendre,
Les parents en pleurs pleurèrent en vain :
On le mit nu sauf sa petit chemise
Et on le lia d’une chaîne de fer,

Et puis on le brûla dans un lieu consacré
Où maint autre avant lui avait été brûlé.
C’est en vain que pleurèrent les parents en pleurs.
Fait-on pareilles choses aux rives d’Albion ?



UNE IMAGE DIVINE

Cruauté a un Cœur Humain,
Jalousie une Farce Humaine,
Terreur la Divine Forme Humaines,
Et Réticence le Vêtement Humain.

Le Vêtement Humain est du Fer Forgé,
La Forme Humaine une Forge embrasée,
La Face Humaine une Fournaise scellée,
Et le Cœur Humain sa Gorge affamée.

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