mercredi 28 janvier 2015

Li Po - Poésies

Li Po - Poésies

buvant seul sous la lune
la tristesse, dix mille occasions
du bon vin, guère plus de trois cents coupes
la tristesse abonde et le vien est rare
pourtant une fois le vin versé la tristesse ne montre plus
c’est ainsi que l’on reconnaît le sage du vin,
quand le vin l’exalte son cour naturellement s’ouvre
ceux qui refusèrent le grain et s’allongèrent sur le mont Shou yang,
Yen Hui qui n’eut souvent rien à manger et mourut de faim,
de leur vivant n’ont pas bu tout leur soûl
le renom est vide, à quoi bon ?
des ponces de crabe pour accompagner le liquide doré
les îles Peng lai sont des tertres de lie de vin
mieux vaut boire du bon vin,
et sur une haute terrasse s’enivrer sous la lune

buvant seul sous la lune
un pichet de vin au milieu des fleurs,
je bois seul, sans compagnon
levant ma coupe je convie la lune claire
avec mon ombre nous voilà trois
le lune hélas ! ne sait pas boire,
et mon ombre ne fait que me suivre
compagnes d’un moment, lune et ombre,
réjouissons-nous, profitions du printemps
je chante, la lune musarde
je danse, mon ombre s’égare
encore sobres ensemble nous nous égayons
ivres chacun s’en retourne
mais notre union est éternelle, notre amitié sans limite
sur le Fleuve céleste là-haut nous nous retrouverons

montant à la tour Hsin ping
loin de mon pays natal, je monte sur la tour
crépuscule d’automne, mélancolique je songe au retour
dans le long ciel, le soleil au loin se couche
sur le fleuve limpide les vagues froides se succèdent
les nuages du pays de Ch’in s’élèvent au-dessus des arbres des cimes
les oies sauvages barbares rasent les dunes
devant une telle immensité, de plusieurs fois dix mille li,
aussi loin que je regarde la tristesse m’envahit

seul assis face au mont Chin ting
les oiseaux s’envolent haut et disparaissent
un nuage solitaire, oisif, s’éloigne
à nous contempler sans nous lasser,
seul le mont Ching ting

avec un ami, passant la nuit
pour chasser la tristesse de mille années,
nous nous attardons à boire cent pichets
cette belle nuit est propice aux propos purs
la lune lumineuse ne nous laisse pas dormir
ivres nous nous allongeons sur la montagne vide,
le ciel pour couverture, la terre pour oreiller


je bois l’élixir, s’estompe mon ressentiment envers le monde de
                poussière
mon cœur et mon esprit s’accordent au cours naturel des choses
au loin j’aperçois des immortels au milieu des nuages de couleur,
un lotus à la main ils se dirigent vers la Cité de Jade
rendez-vous avec l’indicible au-delà du neuvième ciel,
je convie Lu à voyager dans la Grade Pureté

divertissement
devant le vin je n’ai pas vu le soir descendre
des pétales tombés couvrent ma robe
ivre je me lève et marche avec la lune de la rivière
les oiseaux sont rentrés, les hommes aussi se font rares

LA MORT
Ni effroi ni espoir
Pour l’animal qui meurt,
Mais l’homme attend sa fin
Craignant, espérant tout.
Que de fois est-il mort
Puis se relève !
Le grand homme, lui, seul
Devant ses meurtriers,
A cet orgueil qui jette
Dérision sur le simple
Détrônement du souffle.
Il sait la mort à fond,
– L’homme a créé la mort

En face du vin
Songzi est parti sur le Jinhua ;
Anqi est parvenu jusqu’à la mer Peng ;
Ces personnagees obtinrent l’immortalité dans l’âge
antique,
Ils ont pris leur essor, soit ; mais enfin où sont-ils ?

La vie est comme un éclair fugitif ;
Son éclat dure à peine le temps d’être aperçu.
Si le ciel et la terre sont immuables,
Que le changement est rapide sur le visage de chacun
de nous !

Ô vous, qui êtes en face du vin et qui hésitez à boire,
Vous qui réfrénez vos désirs, dites-moi, qui donc
attendez-vous ?

Un jour de printemps,
le poète exprime ses sentiments au sortir de l’ivresse

Si la vie eset comme un grand songe,
À quoi bon tourmenter son existence !
Pour moi je m’enivre tout le jour,
Et quand je viens à chanceler, je m’endors au pied des
premières colonnes.

Au réveil je contemple le jardin devcant moi ;
Un oiseau chante au milieu des fleurs ;
Je lui demande à quelle époque de l’année nous
sommes,
Il me répond : Celle où le souffle du printemps fait
chanter le loriot.

Je me sens ému et prêt à soupirer,
Mais je me verse encore à boire ;
Je chante à haute voix jusqu’à ce que la lune brille,
Et à l’heure où finissent mes chants, je suis serein.

Le poète descend du mont Zhongnan
et passe la nuit à boire avec un ami

Dans le crépuscule, je descends de la montagne
bleutée ;
De la montagne la lune semble suivre et accompagner
le promeneur,
Et s’il se retourne pour voir le sentier qu’il a
emprunté,
Son regard se perd dans la brume de la nuit
recouvrant la forêt.

Nous arrivons ensemble devant une rustique
demeure,
Un jeune garçon nous ouvre la barrière formée de
rameaux entrelacés ;
Nous passons par un sentier difficile d’accès au milieu
des bambous verts,
Et les lianes frôlent nos vêtements sur notre
passage.

Nous discutons joyeusement dans ce havre de paix,
Nous nous versons un vin d’une saveur exquise ;
Nous ne cessons de chanter tandis que le vent souffle
à travers les pins,
Et notre verve ne s’épuise qu’à l’heure où s’efface la
voie lactée.
Je suis ivre et cela excite encore votre gaieté, mon
prince ;
Nous oublions tous deux, joyeux et insouciants, les
préoccupations de la vie réelle.
Pensée d’une nuit sereine

Devant mon lit, la lune jette une clarté très vive ;
Serait-ce de la gelée blanche qui brille sur le sol ?
Levant les yeux, je contemple la lune resplendissante ;
Les baissant je pense à mon pays natal

IVRESSE SOLITAIRE AU CLAIR DE LUNE
Une cruche de vin parmi les fleurs,
Je bois seul sans compagnon.
Je lève ma coupe pour inviter la lune,
Avec mon ombre nous voici trois.
Or la lune ne sait pas boire,
Et l’ombre inutilement me suit.
Lune, ombre, compagnons d’un instant,
Joyeusement célébrons le printemps !
Je chante et la lune vacille,
Je danse et l’ombre s’affole.
Tant que nous sommes éveillés, réjouissons-nous !
L’ivresse venue, nous nous disperserons.
Puissent nos jeux insouciants durer à jamais !
Un jour, nous nous retrouverons sur la voie lactée.

ASSIS SEUL DEVANT LE MONT JINGTING
Une colée d’oiseaux disparaît haut dans le ciel,
Un dernier nuage s’éloigne doucement.
Sans nous lasser, nous nous contemplons,
Il ne reste que le mon Jingting.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire