jeudi 22 janvier 2015

Eric Chauvier - Les choses sans les mots

Eric Chauvier - Les choses sans les mots


Leur esprit était obscurci par ce que je nomme une « fiction théorique », soit un modèle conceptuel surplombant plaqué sur le vécu de chacun au point de rendre celui-ci inexprimable.

Ce philosophe (Wittgenstein) démontra de façon claire et déterminée que les concepts que l’on attribue aux plus grands systèmes ne gagnent leur autorité que par le sacrifice d’explications relatives aux conditions de leurs usages. Avant d’être des concepts, le « beau » ou le « juste » sont de simples mots échangés entre interlocuteurs au sein de contextes qu’il est possible et souhaitable de définir. En ce sens, les systèmes philosophiques sont caducs : leur propositions ne sont pas fausses ; ce sont simplement des « non-sens » dès lors que le problème est mal posé – lorsque, par exemple, le beau est présupposé pour décrire une situation donnée. Pour Wittgenstein, utiliser ces mots sans cette précision contextuelle relève d’une pathologie ; il évoque d’ailleurs « le langage malade de la philosophie ». ce qu’il recommande à ces philosophes, égarés ou fourvoyés, peut être résumé ainsi : dire non seulement le concept, mais aussi et surtout sous quelles conditions ce concept se trouve ; et si cela ne se peut, garder le silence.


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