mercredi 28 janvier 2015

Oscar Wilde - L’âme de l’homme sous le socialisme

Oscar Wilde - L’âme de l’homme sous le socialisme
La majorité des gens gâchent leur vie par un altruisme malsain et excessif, et à vrai dire sont contraints de la gâcher ainsi.
Chez l’homme, les émotions se déclenchent plus vite que la réflexion ; et comme je l’ai indiqué il y a quelques temps dans un article consacré à la fonction de la critique, il est bien plus facile d’entrer en sympathie avec la souffrance que d’entrer en sympathie avec la pensée.
L’objectif correct consiste à essayer de reconstruire la société sur une base telle que la pauvreté soit impossible. Et l’altruisme vertueux a bel et bien empêché d’atteindre cet objectif.
[critique faite à l’amélioration des conditions de vie des ouvrier et la révolution qui sont incompatibles] Note de moi-même
En changeant la propriété privée en richesse publique et en substituant à la concurrence la coopération, le socialisme, le communisme – quelle que soit l’appellation qu’on retienne – rendre à la société sa conditions normale, celle d’un organisme fondamentalement sain, et assurera le bien-être de chacun des membres de la collectivité.
Ce qu’il faut, c’est l’individualisme.
Leur force collective apporte beaucoup à l’Humanité en termes de propriété matérielle ? mais d’eux elle ne tire que ce bénéfice matériel, et l’homme qui est pauvre n’a en lui-même aucune importance. Il est simplement un atome infinitésimal au sein d’une force qui, loi de tenir compte de lui, l’écrase ; qui, en vérité, préfère le voir écrasé car il est alors bien plus obéissant.
Il est donc clair que nul socialisme autoritaire ne fera l’affaire. Car si dans le régime actuel un très grand nombre de gens peuvent mener une vie caractérisée par un certain degré de liberté, de possibilité d’expression et de bonheur, dans un régime de socialisme de caserne ou de tyrannie économique, absolument personne ne pourrait jouir de ce type de liberté.
La propriété privée à détruit l’individualisme véritable, et mis en place un faux individualisme
Les riches, en tant que catégorie, sont meilleurs que les pauvres, plus moraux, plus proches des choses de l’esprit, et ils se conduisent mieux. Il n’y a qu’une catégorie sociale qui songe plus à l’argent que les riches, c’est celle des pauvres.  Les pauvres sont incapables de songer à rien d’autre
Même si les gens emploient la violence physique, il ne faut pas qu’ils soient violents à leur tour. Ce serait tomber au même niveau de bassesse qu’eux.
Il fut un temps où la démocratie suscitait de grands espoirs ; mais la démocratie signifie simplement le matraquage du peuple par le peuple et pour le peuple.
Le progrès, c’est la réalisation des utopies.
Quiconque est contraint de fabriquer des objets que d’autres utiliseront et qui répondront aux besoins et aux souhaits de ceux-ci, travaille sans intérêt, et se trouve donc dans l’incapacité de mettre dans son travail ce qu’il y a de meilleur chez lui. D’un autre coté, chaque dois qu’une collectivité, ou un gouvernement quel qu’il soit, tente de dicter à l’artiste ce qu’il soit faire, soit l’Art disparait complètement, soit il devient stéréotypé, soit encore il dégénère en une forme d’artisanat médiocre et sans noblesse. Une œuvre d’art est le résultat unique d’un tempérament unique. Sa beauté vient de ce que son créateur est ce qu’il est. Elle n’a rien à voir avec le fait que d’autres personnes veulent ce qu’elles veulent. Mieux même : dès l’instant qu’un artiste prend en compte ce que les autres veulent et essaie de répondre à leur demande, il cesse d’être un artiste,  et devient un artisan, terne ou amusant, il devient un marchand, honnête ou malhonnête.  Il n’a plus aucun titre à être considéré comme un artiste. L’Art est la forme d’individualisme le plus  intense que monde ait jamais connue.  Je suis tenté de penser que c’est la seule vraie forme d’individualisme que le monde ait jamais connue.
Et il faut noter que c’est parce que l’Art est cette forme d’individualisme intense que le public essai d’exercer sur lui une autorité qui est aussi immorale que ridicule, aussi corruptrice et méprisable.
L’Art ne doit jamais essayer d’être populaire.
Le public déteste la nouveauté parce qu’il en a peur. Elle représente pour lui une forme d’individualisme ; l’affirmation par l’artiste qu’il choisit lui-même son sujet et le traite comme il veut. L’attitude du public est tout à fait justifiée. L’art est individualisme, et l’individualisme est une force qui dérange et qui désintègre.
Vulgarité et stupidité sont deux traits biens réels de la moderne. Bien sûr on les déplore. Mais ils existent.
Le public a ajouté deux autres épithètes à son lexique, extrêmement limité, d’insultes à l’usage des artistes. L’une est le mot « malsain », l’autre est le mot « exotique » ?
En bref, une œuvre d’art est saine quand elle a à la fois perfection et personnalité. Bien entendu dans une œuvre d’art forme et substance ne peuvent être dissociées ; elles constituent toujours un tout. Mais pour les besoins de l’analyse, et en laissant de côté pour l’instant le caractère global de l’impression esthétique, nous pouvons le dissocier mentalement. Une œuvre d’art malsaine, en revanche, est une œuvre dont le style est évident, désuet et banal, et dont le sujet a été choisi délibérément, non parce qu’il pense d’un plaisir que l’artiste y prendrait, mais parce qu’il pense que le public l’en récompensera. En fait, le roman populaire que le public déclare sain est toujours un produit  foncièrement malsain ; et ce que le public appelle un roman malsain est toujours une œuvre d’art belle et saine.
Ce que l’on peut dire en faveur du despote, c’est qu’il est un individu, et que, comme tel, il a peut –être une certaine culture, tandis que la foule, qui est un monstre, n’en a aucune. Quelqu’un qui est empereur et roi se baissera peut-être pour ramasser le pinceau d’un peintre ;  mais quand la démocratie se baisse, c’est simplement pour jeter de la boue.
Il y a trois genres de despote. Il y a le despote qui tyrannise le corps.  Il y a le despote qui tyrannise l’âme. Il y a le despote qui tyrannise aussi bien l’âme que le corps. On donne au premier le nom de Prince. On donne au deuxième le nom de Pape. On donne au troisième le nom de Peuple.

Le présent est sans importance. C’est de l’avenir qu’il faut s’occuper. Car le passé, c’est ce que l’homme n’aurait pas dû être. Le présent, c’est ce que l’homme ne devrait pas être. L’avenir, c’est ce que sont les artistes.
La seule chose que l’on sache vraiment sur la nature humaine, c’est qu’elle change. Le changement est le seul prédicat qu’on puisse lui affecter.
Tous les résultats qu’on doit aux erreurs des gouvernements sont splendides.
L’individualisme sera également dénué d’égoïsme et d’affectation.
Dans ce domaine, l’affectation consiste à s’habiller selon les conceptions de son prochain, qui, puisque ce sont celles de la majorité, sont probablement extrêmement sottes. Ou bien on dit d’un homme qu’il est probablement égoïste s’il vit de la manière qui lui parait convenir le mieux au plein épanouissement de sa personnalité ; si en fait, son but principal est la réalisation de soi. Mais c’est bien ainsi que chacun de nous devrait vivre. L’égoïsme ne consiste pas à vivre comme on en a envie, mais à demander aux autres de vivre comme on a soi-même envie de vivre. Et l’altruisme consiste à laisser les autres vivre leur vie, sans soi-même s’en mêler. L’égoïsme vise toujours à s’entourer d’un uniformité absolue. L’altruisme voir dans l’infinie diversité une chose excellente, l’accepte, l’approuve, s’en réjouit. Il n’est pas égoïste de penser par soi-même. Un homme qui ne pense pas par lui-même ne pense pas du tout. C’est faire preuve d’un égoïsme grossier que de demander à son prochain de penser comme soi et d’avoir les mêmes opinions que soi.
Car est égocentrique celui qui exige quelque chose des autres, et l’individualiste n’aura nul désir de ce genre. Il n’en tirerait aucun plaisir. Lorsque l’homme réalisera l’individualisme, il réalisera également la sympathie et la manifestera librement et spontanément. Jusqu’à présent l’homme n’a guère cultivé la sympathie. Il se contente de sympathiser avec la souffrance, et sympathiser avec la souffrance ne représente pas la forme de sympathie la plus haute.
Il faut aussi sympathiser avec l’intégralité de la vie, non seulement avec les plaies et les maladies de la vie mais aussi avec la joie, la beauté, l’énergie, la santé, la liberté de la vie. Celle sympathie plus vaste est évidemment la plus difficile. Elle exige plus d’altruisme. N’importe qui peut sympathiser avec les souffrances d’un ami, mais il faut une nature très noble – il faut, à dire vrai, une nature d’individualiste véritable – pour sympathiser avec la réussite d’un ami.

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