mercredi 28 janvier 2015

Fernando Pessoa - L’heure du diable

Fernando Pessoa - L’heure du diable

Mais comment peut-on affirmer une chose tout en la niant ?
C’est la loi de la vie, madame. Le corps vit parce qu’il se désintègre sans trop se désintégrer.

Vous ne savez peut être pas pourquoi je vous ai amenée ici, dans ce voyage sans but réel, sans objectif utile. Ce n’était, comme vous paraissiez le croire, ni pour vous violer ne pour vous séduire. Ces choses-là arrivent sur terre, chez les animaux y compris les hommes, et il semble que cela donne de plaisir, je crois, même aux victimes, d’après ce que l’on me rapporte de là-bas.
D’ailleurs, je ne le pourrais pas. Ces choses arrivent sur terre parce que les hommes sont des animaux. Avec ma postions sociale dans l’univers elles sont impossibles – non pas que la morale soi meilleure, mais parce que nous, les anges, n’avons pas de sexe

Je corromps, c’est vrai, parce que je fais imaginer. Mais Dieu est pire – du moins dans un sens, parce qu’il créa le corps corruptible, ce qui est beaucoup moins esthétique. Les rêves, du moins, ne pourrissent pas. Ils passent.

L’homme est un animal qui s’éveille sans savoir ni où ni pourquoi.

Quand il adore les Dieux, il les adore comme des fétiches. Sa religion est une sorcellerie. Il en a toujours été ainsi. Les religions ce n’est que ce qui déborde des mystères pour devenir profane et n’est point compris par le profane car, par nature, il ne peut l’être.

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