jeudi 24 août 2023

Neverdays – Alizé Meurisse

Neverdays – Alizé Meurisse

 

Combien de litres de démaquillant pour démasquer tout ce beau monde?

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Le truc, c’est que niveau cul, l’homme et la femme sont rarement synchro. Si l’homme s’abandonne, bah voilà,  ça fait pfft en deux minutes trente. Si, par contre, il st retient en essayant de penser à un max de trucs débiles, voire dégueu, on l’accuse d’être froidement technique.  Et si tu mets trop de temps à jouir, elle va s’imaginer qu’elle te plaît pas tant que ça; y a rien à faire : pile, tu perds - face, je gagne.

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La beauté est dans l’œil de celui qui voit. La beauté

comme réaction du sujet et non pas intrinsèque à l’objet... modifier le regard ou l’apparence... c’est là qu’interviennent les cosmétiques, la chirurgie esthétique et les maquilleuses... Se maquiller, c’est un peu mentir. Mon grand-père disait : “Mentir, c’est parler contre sa pensée avec l’intention de tromper.” L’intention de tromper, c’est ça le maquillage : un leurre. En anglais on dit déception. Tromper... et décevoir, oui, c’est souvent le cas le lendemain matin, dans la cruelle lumière du jour qui se réverbère sur les oreillers blancs.

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J’ai envie de disparaître comme Descartes dans la blague :

C’est Descartes qui est dans un pub, il boit une bière, le barman lui demande: une autre? Descartes répond: “je ne pense pas.” Et pouf ! Il a disparu.

I coulda been a contender.

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Le désir masculin est très visuel. C'est aussi pour ça que les femmes ont besoin de se sentir désirables. Si elles se sentent impuissantes à ériger le sexe des hommes, elles se recroquevillent sur elles-mêmes comme de mous mollusques. C’est l’effet miroir (exactement comme le désir et le plaisir de deux partenaires se multiplient l'un l’autre).

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J’avale encore une huître bien juteuse qui se crispe tendrement quand je la pique, comme une fille que l’on pince sous les côtes. Les mollusques, c’est quelque chose qu’il faut apprendre à aimer mais qui gagne à être connu, comme la musique classique ou un sexe de femme... Une perle au bord d’une huître, c’est la goutte  de mouillure qui brille au bord du sexe d’une fille vue de  dos et penchée en avant.

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Ça me fait penser à ce que dit John Waters : “If you go home with somebody, and they don't hâve books, don’t fuck ’em!”

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“On peut sourire et sourire et pourtant être un scélérat"

William Shakespeare

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L’intimité se construit dans un écoulement sans limites de journées qui s’étirent comme les montres molles de Dali. Apprivoiser quelqu’un, c’est avoir une montre molle au poignet. L’intimité, c’est de ne pas avoir envie de gagner, de conquérir la personne aimée, c’est se montrer dans sa faiblesse, sous toutes les coutures, ne pas faire d’efforts pour maquiller. C’est une envie d’abandon, comme dans le masochisme. Être à la merci de quelqu’un, pieds et poings liés. Nu et vulnérable. Vulnérable et courageux comme un tigre. Les tigres ont également la peau rayée, pas seulement la fourrure. Par contre, celui qui cache bien son jeu, c’est l’ours polaire qui a la peau toute noire sous sa fourrure blanche.

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je voudrais juste être moi-même. On n’est soi-même qu’en dehors du regard des autres. Dans les yeux des autres, on est un dessin toujours raté, un autoportrait dans lequel on ne se reconnaît jamais. On veut le corriger. On persévère dans la relation pour modifier la mauvaise “impression” qu’on a laissée. L’emprunte inadéquate. Et puis, au bout d’un moment, on a besoin d’un œil neuf. On a tellement raturé qu’on ne comprend plus rien au dessin. Embrouillamini de lignes. On est resté incompris. Inachevé. Il faut passer à une nouvelle feuille. Tourner la page.

 

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