vendredi 25 août 2023

Les dits du Bouddha

Les dits du Bouddha

Le Dhammapada

Commentaire des versets 1 et 2 .

- « Mental », en Pâji mcino, même racine que mon ■ « homme ». Ce qui, dans le cœur de l’homme, lui fait pressentir une transcendance, un au-delà des deux modes physio-psychologiques.

— « Conditions », Pâji : dharnma. Ce mot, multivalent de par sa racine dhf m « support », peut être rendu par « choses » (latin : causa). La suite du verset nous fait préférer le mot « conditions », soit défavorables dans le verset 1, soit favorables dans le verset 2.

« Douleur », Pâli : dukkha ; « bonheur », Pâli : sukha. Il serait tentant de traduire la triade dukkhakhasukha, par « mal-heur — heur — bon-heur ». En fait, le mot malheur dans son acception actuelle ne convient que partiellement, car dukkha va de l’insatisfaction jusqu’à la pénible douleur soit du corps, soit de la psyché, expérimentées dans la vie courante ou dans la maladie, les pertes d’êtres chers, les chagrins, les déceptions, les tortures, les guerres, la rencontre avec les choses que l’on n’aime pas et le malheur de ne pas réaliser ses idées, etc. Sukha, le bonheur, va de la satisfaction jusqu’aux plus grandes joies expérimentées, par exemple, dans les dhyâna. Malheur et bonheur sont des conditions de l’existence, et le Dharma du Bouddha enseigne à passer au-delà.

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5.

Jamais la haine n’éteint les haines en ce monde. Par l’amour seul les haines sont éteintes. C'est une ancienne loi.

 

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20.

Quoiqu’il récite peu les textes, il agit en accord avec le Dhamma, et se défaisant du plaisir sensuel, de la haine et de l’ignorance, connaissant selon la vérité, avec un cœur totalement libre, ne s’attachant à rien ici et après, il prend part aux béatitudes de l’ascète.

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23.

Les sages (dhïrd) qui méditent constamment, les sages qui toujours s’efforcent ardemment, accèdent au Nibbâna, libre de liens, l’incomparable.

Nibbâna, Sanskrit Nirvana. Il existe dans les commentaires plusieurs étymologies, comme il est courant On peut citer nir + vâna, exsuffler, éteindre (les facteurs d'existence), comme on éteint un feu, une bougie, ou bien éteindre les trois feux du désir, de l’agressivité et de l'illusion. Nir+4- pana peut aussi vouloir dire libération des passions.

En fait, le Nirvana est le « but » du Dharma, mais n’est pas un « but » puisque nul n’arrive au but ! Nirvana étant synonyme de la disparition du moi. On pourrait écrire des pages sur le Nirvana, mais on serait bien obligé à la fin d'en parler comme « ineffable », « indicible », « au-delà des mots », au-delà des idées, des phénomènes, si subtis soient- ils, autrement dit en termes négatifs, bien que des termes positifs comme « le repos », « Ile », « le refuge » soient également applicables, par hypostases.

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Les ignorants, les sots se plaisent dans la négligence, mais le sage (medhâvî) protège la vigilance comme le plus grand trésor.

 

27.

Ne vous plaisez pas à la licence, ne fréquentez pas les plaisirs sensuels. Celui qui est ardent et méditatif obtient un bonheur abondant.

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VERSETS SUR LE CŒUR

34.

Comme un poisson qui est tiré de son élément liquide et jeté sur la terre, ainsi ce cœur s’agite. Donc le pouvoir de Mâra devrait être évité.

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63.

Un fou qui pense qu’il est un fou est pour cette raison même un sage {pandito). Le fou qui pense qu’il est un sage (pandito) est appelé vraiment un fou.

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71.

En vérité, une mauvaise action commise ne porte pas immédiatement son fruit, de même que le lait ne caille pas de suite ; couvant, il suit le fou, comme le feu couvert par les cendres.

Ce verset se rapporte au karma qui est de trois sortes : le karma ayant des effets durant la vie, le karma ayant des effets à la naissance suivante ou le karma ayant des effets dans les vies successives. Il peut être aussi envisagé de quatre manières :

1.                   lourd ou abondant, qui mûrit plus vite que l’éclair,

2.                   karma « habituel », qui mûrit pendant la vie,

3.                   karma des moments de la mort, qui produit la renaissance,

4.                   karma accumulé, « stocké », qui mûrit après de nombreuses vies, même pendant la vie d’un Bouddha.

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Commentaire du verset 88 :

Les états sombres sont les dix souillures du coeur klesehi) :

1.                   avidité, désir, convoitise

2.                   haine, colère, mauvaise intention, agressivité

3.                   illusion, stupidité, pesanteur, égarement, trouble

4.                   vanité, orgueil, arrogance, infatuation

5.                   opinions, vues (fausses), croyances, dogmes

6.                                        . doute (stérile), perplexité, incertitude, hésitation

7.                                        torpeur mentale, raideur, lourdeur, indifférence

8.                                        agitation, surexcitation, émoi

9.                                        absence de honte des conséquences des mauvaises actions, paroles, pensées

10.                                  absence de crainte des conséquences des mauvaises actions, paroles, pensées et manque de dignité.

Les états brillants sont leurs contraires.

 

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89.

Ceux dont le cœur a bien accompli les facteurs de l'Éveil, ceux qui sans s'attacher se réjouissent dans la renonciation du désir, ceux-là, les libres de corruption, les resplendissants, ont atteint le Nibbàna en ce monde.

Les sept facteurs de l’Éveil :

1.                   vigilance remémoratrice

2.                   investigation du Dhamma

3.                   énergie

4.                   transport joyeux

5.                    tranquillité

6.                   concentration ou composition

7.                   équanimité.

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92.

Ceux qui n’accumulent pas (les activités karmiques et les possessions), qui sont bien attentifs au sujet de la nourriture, dont l’objet est la vacuité, le sans signe, la délivrance, leur chemin ne peut être tracé, comme celui des oiseaux dans l’espace.

Vacuité : sunnütâ (Pâli), suflyatû (Sanskrit).

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94.

Celui dont les sens sont soumis, tels des coursiers bien entraînés par le conducteur de char, celui dont l'orgueil est détruit et qui est libre de purulences, de tels hommes fermes, même les Devas les tiennent pour chers.

Commentaire des versets 93 et 94 :

Purulences : asava. Le mot signifie flux, poison extrait d'un arbre ou d'une fleur, pus coulant d'un mal. En psychologie bouddhique, il signifie les intoxicants du mental, les pulsions sourdant profondément du subconscient (le bha- vanga srota : le courant du devenir). Il est quatre purulences :

1.                   purulence du désir des sens

2.                   purulence du devenir

3.                   purulence de l'ignorance

4.                   purulence des opinions.

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127.

Nulle part dans les airs, ni au milieu de l’océan, ni au fond d’une profonde grotte, n’est trouvée une place sur terre où, y demeurant, l’on puisse échapper (aux conséquences) des mauvaises actions.

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167.

Par le moi seul, le mal est fait ; par le moi, on est souillé ; par le moi, le mal n’est pas accompli ; par le moi, on est purifié. Pureté et impureté dépendent du moi. Nul ne purifie un autre.

 

166.

A cause du bien-être des autres, quelque grand qu il puisse être, le propre bien-être de soi-même ne doit pas être négligé. Connaissant profondément bien son propre bien-être, qu’il soit fortement appliqué au but.

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183

S'abstenir de tout mal, cultiver le bien, purifier ton cœur, voici l'enseignement des Bouddhas.

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191

Connaissance transcendante :

1.                   vues justes

2.                   décisions justes Ethique :

3.                   paroles justes

4.                   actions justes

5.                   moyens d’existence justes Composition - concentration :

6.                   effort juste

7.                   vigilance remémoratrice juste

8.                   concentration juste. »

 

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XV VERSETS SUR LE BONHEUR

 

197. Susukham vota jivama verinesu avrrino, Verinesu manussessu viharâma averino.

Heureux vivons-nous, sans haine parmi les haineux ; au milieu des hommes qui haïssent nous demeurons sans haïr.

 

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213

De l’amour naît le chagrin, de l’amour naît la crainte, pour celui qui est complètement libre d’amour, il n’y a pas de chagrin ; d’où alors la crainte ?

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223.

 

Dompter la colère par la non-colère

Dompter le mal par le bien

Dompter l’avarice par le don

Dompter le faux par le vrai.

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XVIII VERSETS SUR LES IMPURETÉS

Impuretés traduit mala, qui est un autre nom pour les trois « racines » (mula) karmiquement défavorables : désir, agressivité, illusion.

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XIX VERSETS SUR LE JUSTE

Dharma (Sanskrit) — Dhamma (Pâli) est un terme multivalent. Sa racine est dhr » supporter, porter, soutenir; grec : fmw, latin : firmus. Il faudrait des pages pour expliquer ce terme et ses dérivés. Disons seulement que dans le cas de ces versets, nous avons traduit dhammattha par « juste » : « celui qui se conduit selon le Dharma », suivant les règles éthiques, les propositions essentielles du Dharma, le chemin qui mène par la discipline Arya au Nirvana.

256.

Il n’est pas juste parce qu’il juge faussement, l’homme sage (pandito) doit rechercher et le vrai et le faux.

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« Sans-essence » : anatta.

Atta, en Sanskrit aima, est le moi, le soi, considéré comme 1 une entité, une essence perdurante, voire immortelle, auto* 1 nome, séparée des « autres ». Il n’est que dans le Dhanna du Bouddha qu’un tel « moi » est nié, et cette doctrine du sans-moi, du sans-âme permanente, du sans-essence, non seulement des êtres conscients mais de toute chose, fait la caractéristique principale du Dharma du Bouddha.

Mais il ne faudrait pas comprendre cette proposition comme la négation d’un moi relatif, d’une psyché contingente ; on doit considérer que l’individu (ou la personne) est une continuité (santôna) ; que corps et psyché ne sont en fait que des « moments », des aspects variant sans cesse et très rapidement sous l’effet des conditions, sans qu’un noyau stable, perdurant, puisse être trouvé. Pour prendre une comparaison tirée de la physique moderne, on pourrait considérer le corps et la psyché comme une succession de quantas, guidés par une onde psi qui serait le karma, c’est- à-dire la résultante des actions passées, sans que l’on puisse trouver dans ce karma quelque « chose » de matériel. On pourrait parler d’un champ qui oriente des vecteurs en succession, conditionnés.

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283.

Coupez la forêt (des passions) mais non les arbres réels. Car de la forêt (des passions) naît la peur. Coupant la forêt et les taillis, soyez « nibbânés », (éteignez- vous) ô Bhikkhous !

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291

En infligeant la douleur aux autres, celui qui désire son propre bonheur n’est pas soulagé de la haine, étant lui-même embarrassé dans les liens de la haine.

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309.

Quatre infortunes accablent un homme insouciant qui commet l’adultère : le démérite, le sommeil perturbé, le blâme en troisième, l’état infernal en quatrième.

 

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354.

Le don du Dhamma surpasse tous les dons,

La saveur du Dhamma surpasse toutes les saveurs, Le délice dans le Dhamma surpasse tous les délices, Celui qui a détruit la soif surmonte toutes les douleurs,

355.

Les richesses ruinent le fou, mais non ceux en quête du « par-delà ». Par la soif des richesses, l’homme sans intelligence se ruine comme (s’il ruinait) les autres.

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357.

La mauvaise herbe est la souillure des champs; la haine est la souillure de l'homme. Par conséquent, ce qui est donné à ceux qui sont libres de haine porte un grand fruit.

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Suppression des cinq empêchements :

1.                   Rejetant la convoitise pour le monde, il demeure avec un cœur (citta) libre de convoitise.

2.                   Rejetant l’agressivité (la malveillance), il demeure bénévolent, plein d’amitié et de compassion envers toute vie, il purifie son cœur de la malveillance.

3.                   Rejetant la torpeur et la langueur, il demeure vigilant et alerte, de notion lumineuse, composé, clairement conscient, il purifie son cœur de la torpeur et de la langueur.

4.                   Rejetant l’agitation et la rumination (des soucis), il demeure composé, intérieurement pacifié, il purifie son cœur de l’agitation et de la rumination.

5.                   Rejetant le doute (stérile), il demeure délivré du doute. Ne se posant plus de questions sur ce qui est profitable, il purifie son cœur du doute (stérile).

Et percevant bien que ces cinq empêchements ont cessé en lui, une grande joie (pamqjjam) s’élève, et de cette grande joie naît le ravissement (pltî). Étant ravi, son corps est tranquillisé (passadhi) et, son corps étant tranquillisé, il expérimente le bonheur et par ce bonheur, son cœur arrive à la concentration.

 

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