mardi 9 décembre 2025

La conscience de Zeno - Italo Svevo

La conscience de Zeno - Italo Svevo

 

Ecrivez! Ecrivez! Vous constaterez à quel point vous réussirez à vous voir en entier. 

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J’ai cinquante-sept ans, et je suis sûr, si je ne cesse pas de fumer ou si la psychanalyse ne me guérit pas,
que mon dernier regard, à mon lit de mort, sera l’expression de mon désir pour mon infirmière, à condition que ce ne soit pas ma femme et que ma femme ait permis qu’elle soit jolie !
Je fus aussi sincère qu’à confesse. Les femmes ne me plaisaient pas en bloc, mais… en détail ! Chez toutes, j’aimais les petits pieds bien chaussés, chez un grand nombre, le cou, frêle ou puissant, les seins légers. Je continuais l’énumération des parties anatomiques du corps féminin quand le docteur m’interrompit :
— Eh bien, mais toutes ces parties font une femme entière. 
 

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Lorsque j'admire quelqu'un, j'essaie immédiatement de lui ressembler.

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Dans mes rêves, je l’embellis, même physiquement, avant de la passer à quelqu’un d’autre. En réalité, dans ma vie, je courus après bien des femmes et nombre d’entre elles se laissèrent même attraper. Mais, en rêve, je les attrapai toutes. Naturellement, je ne les embellis pas en modifiant leurs traits, mais je fais comme un de mes amis, un peintre très délicat : quand il fait le portrait de jolies femmes, il pense aussi, intensément, à d’autres belles choses ; par exemple, à de la porcelaine très fine. C’est un rêve dangereux, car il peut conférer un autre pouvoir aux femmes dont on a rêvé, qui, lorsqu’on les revoit à la lumière réelle, conservent quelque chose des fruits, des fleurs et de la porcelaine dont on les a parées. 

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