CHANSON
L’amour et
l’harmonie s’unissent,
S’enlaçant autour
de nos âmes,
Tandis que nos
branches se mêlent
Et que nos racines
se joignent.
Les joies se
perchent sur nos branches,
Gazouillant,
chantant à l’envi :
Tels de clairs
ruisseaux à nos pieds,
Innocence et vertu
s’allient ?
Toi, tu portes des
fruits dorés,
Moi, je suis
habillé de fleurs,
Tes doux rameaux
parfument l’air
Et la tourterelle y
bâtit.
Puis elle y nourrit
ses petits
Et j’entends sa
chanson plaintive,
Et j’entends la
voix de l’amour
Blotti dans tes
feuilles exquises.
C’est là qu’il a
bâti son nid,
C’est là qu’il dort
pendant la nuit
Et qu’il s’ébat le
long du jour
En se jouant parmi
nos branches.
LA
MOUCHE
Petite Mouche,
Ton jeu d’été
Étourdiment
Ma main l’a balayé.
Ne suis-je pas
Une mouche comme
toi ?
Ou n’es-tu pas
Un homme comme
moi ?
Puisque je danse
Et bois et chante,
Avant qu’une main
aveugle
Froisse mon aile.
Si la pensée est
vie
Et force et
souffle,
Si l’absence de
pensée
Est mort ;
Alors je suis
Une mouche
heureuse,
Que je vive
Ou que je meure.
L’ABSTRACTION
HUMAINE
(CHERCHER
LE LIVRE)
UN
ARBRE EMPOISONNÉ
J’étais en colère
contre mon ami ;
Je lui dis mon
courroux, mon courroux s’éteignit,
J’étais en colère
contre mon ennemi :
Je lui tus mon
courroux, lors mon courroux grandit.
Et je l’arrosai
dans la crainte,
Soir et matin, avec
mes larmes ;
Je l’ensoleillai de
sourires
Et de souples ruses
trompeuses.
Et il crût, il crût
nuit et jour,
Porteur d’une pomme
éclatante ;
Et mon ennemi la
vit luire
Et il savait qu’elle
était mienne ;
Dans mon jardin il
se glissa
Quand la nuit eut
voilé le pôle :
Au matin je vis
avec joie
Mon ennemi gisant
sous l’arbre.
UN
PETIT GARÇON PERDU
« Nul n’aime
autrui autant que soi
Ni comme soi ne le vénère,
Non plus que la
Pensée ne peut
Connaître plus
grand qu’elle-même.
Et comment, Père,
t’aimer plus
Ou aimer plus l’un
de mes frères ?
Je t’aime tel le
petit oiseau
Qui pivote des
miettes sur le seuil. »
Le Prêtre était
tout proche, il entendit l’enfant
Et, frémissant de
zèle, le saisit aux cheveux,
Puis l’entraîna par
son petit habit ;
Tous admiraient la
vigilance du Prêtre.
Lors, debout sur
l’auguste autel :
« Voyez-moi ce
démon ! » dit-il,
« Qui érige la
Raison en juge
Du plus saint
d’entre nos Mystères. »
L’enfant en pleurs
ne put se faire entendre,
Les parents en
pleurs pleurèrent en vain :
On le mit nu sauf
sa petit chemise
Et on le lia d’une
chaîne de fer,
Et puis on le brûla
dans un lieu consacré
Où maint autre
avant lui avait été brûlé.
C’est en vain que
pleurèrent les parents en pleurs.
Fait-on pareilles
choses aux rives d’Albion ?
UNE
IMAGE DIVINE
Cruauté a un Cœur
Humain,
Jalousie une Farce
Humaine,
Terreur la Divine
Forme Humaines,
Et Réticence le
Vêtement Humain.
Le Vêtement Humain
est du Fer Forgé,
La Forme Humaine
une Forge embrasée,
La Face Humaine une
Fournaise scellée,
Et le Cœur Humain
sa Gorge affamée.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire