Karl Marx - La guerre civile en France 1871
À l'aube du 18 mars, Paris fut réveillé par ce cri de
tonnerre : Vive la Commune! Qu'est-ce donc que la Commune, ce sphinx qui
met l'entendement bourgeois à si dure épreuve ?
L’antithèse directe de l’Empire fut la Commune.
La Commune fut composée des conseillers municipaux, élus au
suffrage universel dans les divers arrondissements de la ville. Ils étaient
responsables et révocables à tout moment. La majorité de ses membres était
naturellement des ouvriers ou des représentants reconnus de la classe ouvrière.
La Commune devait être non pas un organisme parlementaire, mais un corps
agissant, exécutif et législatif à la fois. Au lieu de continuer d'être
l'instrument du gouvernement central, la police fut immédiatement dépouillée de
ses attributs politiques et transformée en un instrument de la Commune,
responsable et à tout instant révocable. Il en fut de même pour les
fonctionnaires de toutes les autres branches de l'administration. Depuis les
membres de la Commune jusqu'au bas de l'échelle, la fonction publique devait
être assurée pour un salaire d'ouvrier. Les bénéfices d'usage et les
indemnités de représentation des hauts dignitaires de l'État disparurent avec
ces hauts dignitaires eux-mêmes. Les services publics cessèrent d'être la
propriété privée des créatures du gouvernement central. Non seulement
l'administration municipale, mais toute l'initiative jusqu'alors exercée par
l'État fut remise aux mains de la Commune.
L'unité de la nation ne devait pas être brisée, mais au
contraire organisée par la Constitution communale; elle devait devenir une
réalité par la destruction du pouvoir d'État qui prétendait être l'incarnation
de cette unité, mais voulait être indépendant de la nation même, et supérieur à
elle, alors qu'il n'en était qu'une excroissance parasitaire.
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