Voltaire
Car là où le blaireau balaya sa porte,
Aucun renard ne peut empuantir.
Il
s’adressa d’abord à un soldat qu’il trouva écarté. Il lui parla, et lui
demanda quel était le sujet de la guerre. « Par tous les dieux, dit le
soldat, je n’en sais rien. Ce n’est pas mon affaire : mon métier est de
tuer et d’être tué pour gagner ma vie ; il m’importe qui je serve. Je
pourrais bien même dès demain passer
dans le camp des Indiens, car on dit qu’ils donnent près d’une
demi-drachme de cuivre par jour à leurs soldats de plus que nous n’en
avons dans ce maudit service de Perse. Si vous voulez savoir pourquoi on
se bat, parlez à mon capitaine. […] Non, dit l’officier, il n’y a guère
que nos principaux satrapes qui savent bien précisément pourquoi on s’égorge.
Sont-ce là des hommes, s’écria Babouc, ou des bêtes féroces ?
Mais
on vous a trompé quand on vous a dit que je vous avais vendu ce que
vous avez pris chez moi quatre fois plus qu’il ne vaut : je vous l’ai
vendu dix fois davantage, et cela est si vrai que, si dans
un mois vous voulez le revendre, vous n’en aurez pas même ce dixième.
Mais rien n’est plus juste : c’est la fantaisie des hommes qui met le prix à ces choses frivoles ;
c’est cette fantaisie qui fait vivre cent ouvriers que j’emploie, c’est
elle qui me donne une belle maison, un char commode, des chevaux, c’est
elle qui excite l’industrie, qui entretien le goût, la circulation et l’abondance.
« Vous
êtes étranger, lui dit l’homme judicieux qui lui parlait : les abus se
présentent à vos yeux en foule, et le bien qui est caché et qui résulte
quelquefois de ces abus même, vous échappe »
Si tout n’est pas bien, tout est passable
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