Platon - Criton
SOCRATE.
, ce que je disais
tout-à-l’heure, savoir, que parmi les opinions des hommes, il en est qui sont
dignes de la plus haute estime, et, d’autres qui n’en méritent aucune.
SOCRATE.
II ne faut donc pas, mon cher Criton,
nous mettre tant en peine de ce que dira de nous la multitude, mais bien de ce
qu’en dira celui qui connaît le juste et l’injuste ; et celui-là, Criton,
ce juge unique de toutes nos actions, c’est la vérité. Tu vois donc bien que tu partais d’un faux principe,
lorsque tu disais, au commencement, que nous devions nous inquiéter de
l’opinion du peuple sur le juste, le bien et l’honnête, et sur leurs
contraires. On dira peut-être : Mais enfin le peuple a le pouvoir de nous
faire mourir.
SOCRATE.
Admettons-nous qu’il ne
faut jamais commettre volontairement une injustice ? Ou l’injustice
est-elle bonne dans certains cas, et mauvaise dans d’autres ? ou
n’est-elle légitime dans aucune circonstance, comme nous en sommes convenus
autrefois, et il n’y a pas long-temps encore ?
SOCRATE.
Je poursuis, ou plutôt je te
demande : Un homme
qui a promis une chose juste doit‑il la tenir, ou y manquer ?
SOCRATE.
Et les lois que
diront-elles ? « Socrate, est-ce de cela que nous sommes convenus
ensemble, ou de te soumettre aux jugements rendus par la
république ? »
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