mercredi 7 octobre 2015

Trouble dans le genre – Judith Butler



Trouble dans le genre – Judith Butler

Introduction
Trouble dans le genre est un livre qui cherchait à dévoiler comment nos façons mêmes de penser les « genres de vie» possibles sont forcloses par des présupposés répandus et violents.
Le drag est-il une imitation du genre ou est-ce plutôt une mise en scène des gestes significatifs qui établissent le genre comme tel ? Être du sexe féminin est-il un « fait naturel » ou une performance culturelle ? Ou la « naturalité » est-elle produite sur un mode performatif par des actes de parole qui suivent eux-mêmes des contraintes discursives pour produire le corps dans et par les catégories de sexe ?

Sujets de sexe/genre/désir
L’ordre obligatoire du sexe/genre/désir
Admettons pour l’instant la stabilité des deux sexes : on ne peut pas en déduire que la construction des « hommes » porte exclusivement sur des corps masculins ni que les corps féminins se traduisent en « femmes ».
Lorsqu’on théorise le genre comme une construction qui n’a rien à voir avec le sexe, le genre devient lui-même un artefact affranchi du biologique, ce qui implique que homme et masculin pourraient tout aussi bien désigner un corps féminin qu’un corps masculin, et femme et féminin un corps masculin ou féminin.
Dans quelle mesure l’« identité » est-elle un idéal normatif plutôt qu’un fait descriptif de l’expérience ? Et comment les pratiques régulatrices qui gouvernent le genre gouvernent-elles aussi l’intelligibilité culturelle des notions de l’identité ? En d’autres termes, la « cohérence » et la « constance » de « la personne » ne sont pas des attributs logiques de la personne ni des instruments d’analyse, mais plutôt des normes d’intelligibilité socialement instituées et maintenues.
Réduire les femmes au « sexe » revient, pour Beauvoir comme pour Wittig, à assimiler la catégorie « femme » aux traits apparemment sexualisés de leur corps, et c’est donc refuser aux femmes la liberté et l'autonomie dont les hommes sont censés jouir. C’est pourquoi détruire la catégorie de sexe revient à détruire un attribut, le sexe, qui, par une synecdoque misogyne, est venu prendre la place de la personne, du cogito autonome.
L'enquête généalogique menée par Foucault révèle que cette prétendue « cause » est un « effet », le produit d’un certain régime de sexualité qui vise à réguler l'expérience sexuelle en faisant fonctionner les catégories distinctes du sexe comme des fondements et des causes pour parler de la sexualité.
Le pouvoir, plutôt que la loi, comprend les fonctions à la fois juridiques (d’interdiction et de régulation) et productives (involontairement créatrices) de rapports différentiels. C’est pourquoi la sexualité qui émerge dans le cadre de la matrice des rapports de pouvoir n’est pas une simple reproduction ni une copie de la loi elle-même, une répétition à l’identique de l’économie masculiniste de l’identité.
Prohibition, psychanalyse et production de la matrice hétérosexuelle
L’échange critique du structuralisme
Le discours structuraliste a tendance à énoncer la Loi au singulier, suivant en cela Lévi-Strauss qui postulait l’existence d’une structure universelle régulant les échanges propres à tous les systèmes de parenté.

Actes corporels subversifs
Pour Foucault, être sexué-e, c’est être assujetti-e à un ensemble de régulations sociales, c’est faire que la loi gouvernant ces régulations constitue à la fois le principe formateur du sexe, du genre, des plaisirs et des désirs d’une personne et le principe herméneutique d’interprétation de soi. La catégorie de sexe est donc inévitablement régulatrice et toute analyse qui présuppose cette catégorie reproduit de manière non critique cette stratégie régulatrice comme un régime de savoir-pouvoir et contribue à la légitimer.
Pour Wittig, le langage est une série d'actes, répétés à travers le temps, qui produisent des effets de réalité qui finissent par être abusivement perçus comme des « faits ».
L’idée que je soutiens ici, à savoir que le genre est une parodie, ne présuppose pas l’existence d’un original qui serait imité par de telles identités parodiques. Au fond, la parodie porte sur l’idée même d’original ; tout comme la notion psychanalytique d’identification de genre renvoie au fantasme d’un fantasme — la transfiguration d’un Autre qui est toujours déjà une « figure » au double sens du terme —, la parodie du genre révèle que l’identité originale à partir de laquelle le genre se construit est une imitation sans original. Plus précisément, on a affaire à une production dont l’un des effets consiste à se faire passer pour une imitation.

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