Trouble
dans le genre – Judith Butler
Introduction
Trouble dans le genre
est un livre qui cherchait à dévoiler comment nos façons mêmes de penser les «
genres de vie» possibles sont forcloses par des présupposés répandus et
violents.
Le drag est-il une imitation du genre ou est-ce plutôt une mise en scène des
gestes significatifs qui établissent le genre comme tel ? Être du sexe féminin
est-il un « fait naturel » ou une performance culturelle ? Ou la « naturalité »
est-elle produite sur un mode performatif par des actes de parole qui suivent
eux-mêmes des contraintes discursives pour produire le corps dans et par les
catégories de sexe ?
Sujets de
sexe/genre/désir
L’ordre obligatoire du
sexe/genre/désir
Admettons pour
l’instant la stabilité des deux sexes : on ne peut pas en déduire que la
construction des « hommes » porte exclusivement sur des corps masculins ni que
les corps féminins se traduisent en « femmes ».
Lorsqu’on théorise le
genre comme une construction qui n’a rien à voir avec le sexe, le genre devient
lui-même un artefact affranchi du biologique, ce qui implique que homme
et masculin pourraient tout aussi bien désigner un corps féminin qu’un
corps masculin, et femme et féminin un corps masculin ou féminin.
Dans quelle mesure l’«
identité » est-elle un idéal normatif plutôt qu’un fait descriptif de
l’expérience ? Et comment les pratiques régulatrices qui gouvernent le genre
gouvernent-elles aussi l’intelligibilité culturelle des notions de l’identité ?
En d’autres termes, la « cohérence » et la « constance » de « la personne » ne
sont pas des attributs logiques de la personne ni des instruments d’analyse,
mais plutôt des normes d’intelligibilité socialement instituées et maintenues.
Réduire les femmes au « sexe » revient, pour Beauvoir comme pour Wittig,
à assimiler la catégorie « femme » aux traits apparemment sexualisés de leur
corps, et c’est donc refuser aux femmes la liberté et l'autonomie dont les
hommes sont censés jouir. C’est pourquoi détruire la catégorie de sexe revient
à détruire un attribut, le sexe, qui, par une synecdoque misogyne, est venu
prendre la place de la personne, du cogito autonome.
L'enquête généalogique
menée par Foucault révèle que cette prétendue « cause » est un « effet », le
produit d’un certain régime de sexualité qui vise à réguler l'expérience
sexuelle en faisant fonctionner les catégories distinctes du sexe comme des
fondements et des causes pour parler de la sexualité.
Le pouvoir, plutôt que la loi, comprend les fonctions à la fois
juridiques (d’interdiction et de régulation) et productives (involontairement
créatrices) de rapports différentiels. C’est pourquoi la sexualité qui émerge
dans le cadre de la matrice des rapports de pouvoir n’est pas une simple
reproduction ni une copie de la loi elle-même, une répétition à l’identique de
l’économie masculiniste de l’identité.
Prohibition,
psychanalyse et production de la matrice hétérosexuelle
L’échange critique du
structuralisme
Le discours
structuraliste a tendance à énoncer la Loi au singulier, suivant en cela
Lévi-Strauss qui postulait l’existence d’une structure universelle régulant les échanges propres à tous
les systèmes de parenté.
Actes corporels
subversifs
Pour Foucault, être
sexué-e, c’est être assujetti-e à un ensemble de régulations sociales, c’est
faire que la loi gouvernant ces régulations constitue à la fois le principe
formateur du sexe, du genre, des plaisirs et des désirs d’une personne et le
principe herméneutique d’interprétation de soi. La catégorie de sexe est donc
inévitablement régulatrice et toute analyse qui présuppose cette catégorie
reproduit de manière non critique cette stratégie régulatrice comme un régime
de savoir-pouvoir et contribue à la légitimer.
Pour Wittig, le langage
est une série d'actes, répétés à travers le temps, qui produisent des effets de
réalité qui finissent par être abusivement perçus comme des « faits ».
L’idée que je soutiens
ici, à savoir que le genre est une parodie, ne présuppose pas l’existence d’un
original qui serait imité par de telles identités parodiques. Au fond, la
parodie porte sur l’idée
même d’original ; tout comme la notion psychanalytique d’identification de
genre renvoie au fantasme d’un fantasme — la transfiguration d’un Autre qui est
toujours déjà une « figure » au double sens du terme —, la parodie du genre
révèle que l’identité originale à partir de laquelle le genre se construit est
une imitation sans original. Plus précisément, on a affaire à une production
dont l’un des effets consiste à se faire passer pour une imitation.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire