samedi 5 novembre 2022

De la grève sauvage à l’autogestion généralisée - Ratgeb

De la grève sauvage à l’autogestion généralisée - Ratgeb

CONTRIBUTIONS A LA LUTTE DES OUVRIERS RÉVOLUTIONNAIRES, DESTINÉES A ETRE DISCUTÉES, CORRIGÉES ET PRINCIPALEMENT MISES EN PRATIQUE SANS TROP TARDER

 

Nous voulons voir la vérité sous forme de résultat -pratique.

Les pages qui suivent s'adressent aux ouvriers révolutionnaires, et à nuls autres. Aux ouvriers, car, en dehors des travailleurs impliqués directement dans le processus de production, il n’y a personne qui détienne le pouvoir de briser les reins à l’impérialisme marchand. Aux ouvriers révolutionnaires, car ceux qui restent inféodés aux partis, syndicats, groupuscules, ne font, comme des salauds d'esclaves, que travailler au renforcement du système dominant et de sa misère.

Dans les dix dernières années, des grèves sauvages de plus en plus fréquentes et de plus en plus résolues ont secoué, sans le briser encore, le joug commun de la bourgeoisie et des appareils bureaucratiques. Ce mouvement insurrectionnel latent a dévoilé à la conscience du prolétariat l’emprise croissante que la marchandise exerce sur la vie quotidienne, sur l’ensemble des comportements humains, sur la nature même. Et en même temps, il a fait la preuve de sa force, il a montré dans le miroir de son refus la faiblesse irrémédiable du système marchand et de l’État.

 

CHAPITRE I

la société de survie

 

1. Avez-vous éprouvé au moins une fois le désir d'arriver en retard au travail, ou de le quitter plus tôt ?

Dans ce cas, vous avez compris que :

а)         Le temps de travail compte double car il est du temps perdu deux fois :

                comme temps qu’il serait plus agréable d’employer à l'amour, à la rêverie, aux plaisirs, aux passions ; comme temps dont on disposerait librement.

                comme temps d’usure physique et nerveuse.

b)         Le temps de travail absorbe la plus grande partie de la vie, car il détermine aussi le temps dit « libre », le temps de sommeil, de déplacement, de repas, de distraction. Il atteint ainsi l’ensemble de la vie quotidienne de chacun et tend à la réduire à une succession d’instants et de lieux, qui ont en commun la même répétition vide, la même absence croissante de vraie vie.

c) Le temps de travail forcé est une marchandise. Partout où il y a marchandise il y a travail forcé, et presque toutes les activités s’apparentent peu à peu au travail forcé : nous produisons, consommons, mangeons, dormons pour un patron, pour un chef, pour l'État, pour le système de la marchandise généralisée.

d) Travailler plus, c'est vivre moins.

De fait, vous luttez déjà, consciemment ou non, pour une société qui assure à chacun le droit de disposer lui-même du temps et de l'espace ; de construire chaque jour sa vie comme il le désire. (Voir III, 49).

2. Avez-vous éprouvé au moins une fois le désir de ne plus travailler (sans faire travailler les autres pour vous) ?

Dans ce cas, vous avez compris que :

а)         Même si le travail forcé ne devait produire que des biens utiles tels que habits, nourriture, technique, confort..., il n’en resterait pas moins oppressif et inhumain car :

                le travailleur serait encore dépossédé de son produit et soumis aux mêmes lois de la course au profit et au pouvoir.

                le travailleur continuerait de passer au travail dix fois plus de temps qu’il n'est nécessaire à une organisation attrayante de la créativité pour mettre à la disposition de tous cent fois plus de biens.

b)         Dans le système marchand, qui domine partout, le travail forcé n’a pas pour but, comme on veut le faire croire, de produire des biens utiles et agréables pour tous ; il a pour but de produire des marchandises. Indépendamment de ce qu'elles peuvent contenir d’usage utile, inutile ou polluant, les marchandises n’ont pas d’autre fonction que d'entretenir le profit et le pouvoir de la classe dominante. Dans un tel système, tout le monde travaille pour rien et en a de pins en plus conscience.

c) En accumulant et en renouvelant les marchandises, le travail forcé augmente le pouvoir des patrons, des bureaucrates, des chefs, des idéologues. Il devient ainsi un objet de dégoût pour les travailleurs. Tout arrêt de travail est une façon de redevenir nous-mêmes et un défi à ceux qui nous en empêchent.

d) Le travail forcé produit seulement des marchandises. Toute marchandise est insé­parable du mensonge qui la représente. Le travail forcé produit donc des mensonges, il produit un monde de représentations men­songères, un monde renversé où l’image tient lieu de réalité. Dans ce système spectaculaire et marchand, le travail forcé produit sur lui-même deux mensonges importants

                le premier est que le travail est utile et nécessaire, et qu’il est de l’intérêt de tous de travailler;

                le deuxième mensonge, c’est de faire croire que les travailleurs sont incapables de s’émanciper du travail et du salariat, qu’ils ne peuvent édifier une société radicalement nouvelle, fondée sur la création collective et attrayante, et sur l’autogestion généralisée.

De fait, vous luttez déjà, consciemment ou non, pour une société où la fin du travail forcé laisse place à une créativité collective réglée par les désirs de chacun, et à la distribution gratuite des biens nécessaires à la construction de la vie quotidienne. La fin du travail forcé signifie la fin du système où règnent le profit, le pouvoir hiérarchisé, le mensonge général. Il signifie la fin du système spectaculaire-marchand et amorce un changement global de toutes les préoccupations. La recherche de l’harmonie des passions, enfin libérées et reconnues, va succéder à la course à l’argent et aux miettes de pouvoir. (Voir III, 59 à 74).

3. Vous est-il arrivé de ressentir hors du lieu de travail le même dégoût et la même lassitude qu’à l’usine ?

Dans ce cas, vous avez compris que :

                a) L’usine est partout. Elle est le matin, le train, la voiture, le paysage détruit, la machine, les chefs, la maison, les journaux, la famille, le syndicat, la rue, les achats, les images, la paie, la télévision, le langage, les congés, l'école, le ménage, l'ennui, la prison, l’hôpital, la nuit. Elle est le temps et l’espace de la survie quotidienne. Elle est l'accoutumance aux gestes répétés, aux passions refoulées et vécues par procuration, par images interposées.

b) Toute activité réduite à la survie est un travail forcé ; tout travail forcé transforme le produit et le producteur en objet de survie, en marchandise.

c) Le refus de l’usine universelle est partout puisque le sabotage et le détournement se répandent partout chez les pro­létaires et leur permettent déprendre encore du plaisir à flâner, à faire l'amour, à se rencontrer, à se parler, à boire, à manger, à rêver, à préparer la révolution de la vie quotidienne en ne négligeant rien des joies de n’être pas tout à fait aliénés.

De fait, vous luttez déjà, consciemment ou non, pour une société où les passions soient tout, l’ennui et le travail rien. Survivre nous a jusqu’aujourd’hui empêchés de vivre ; il s’agit maintenant de renverser le monde à l'envers ; de prendre appui sur les moments authentiques, condamnés à la clandestinité et à la falsification dans le système spectaculaire-marchand : les moments de bonheur réel, de plaisir sans réserve, de passion. (Voir III, 47 à 58).

4. Avez-vous déjà eu l'intention de vous servir de votre machine pour fabriquer un objet dont vous avez l'usage en dehors de l'usine ?

Dans ce cas, vous avez compris que :

а)         La machine produit des effets opposés selon qu’elle est employée au profit d’un patron et de l'État, ou selon qu’elle est employée par le travailleur à son profit immédiat.

b)         Le principe du détournement consiste à tourner contre l’ennemi les techniques et les armes qu’il emploie contre nous.

c) Le contraire du travail forcé, c’est la création individuelle et collective. Les prolétaires aspirent à créer leurs propres conditions de vie pour cesser d’être des prolétaires. Hors de quelques rares moments révolutionnaires, cette créativité est restée jusqu’à présent clandestine (usage des machines, bricolage, expérimentation, recherche de passions ou de sensations nouvelles).

d) La passion de la créativité veut être tout. Comme destruction du système mar­chand et comme construction de la vie quotidienne, elle est la passion qui contient toutes les autres. Le détournement des techniques au profit de la création faite par tous est donc la seule façon d’en finir avec le travail et les séparations qu’il répercute partout (manuel-intellectuel, travail-loisir, théorie-pratique, individu-société, être-paraître...).

De fait, vous luttez déjà, consciemment ou non, pour une société où les dépôts, les centres de distribution, les usines, les techniques appartiendront aux assemblées de grève, puis à l’ensemble des individus groupés en assemblées d'autogestion. (Voir III, I à 20).

 

5. XXX

6. XXX

7. Avez-vous déjà éprouvé le désir de ne plus lire de journaux et de briser votre téléviseur ?

Dans ce cas, vous avez compris que :

a) Des journaux, la radio, la télévision sont les véhicules les plus grossiers du mensonge. Non seulement ils éloignent chacun des vrais problèmes — du « comment vivre mieux? » qui se pose concrètement chaque jour —, mais en plus ils poussent chaque individu en particulier à s'identifier à des images toutes faites, à se mettre abstraitement à la place d’un chef d’État, d’une vedette, d'un assassin, d’une victime, bref à réagir comme s’il était un autre. Des images qui nous dominent, c’est le triomphe de ce qui n’est pas nous et de ce qui nous chasse de nous-mêmes ; de ce qui nous transforme en objets à classer, étiqueter, hiérarchiser selon le système de la marchandise universalisée.

b) Il existe un langage au service du pouvoir hiérarchisé. Il n’est pas seulement dans l’information, la publicité, les idées toutes faites, les habitudes, les gestes conditionnés mais aussi dans tout langage qui ne prépare pas la révolution de la vie quotidienne, dans tout langage qui n’est pas mis au service de nos plaisirs.

c) De système marchand impose ses représentations, ses images, son sens, son langage chaque fois que l’on travaille pour lui, c'est-à-dire la plupart du temps. Cet ensemble d’idées, d'images, d'identifications, de conduites déterminées par la nécessité d’accumulation et de renouvellement de la marchandise forme le spectacle: où chacun joue ce qu’il ne vit pas réellement et vit faussement ce qu’il n'est pas. C'est pourquoi le rôle est un mensonge vivant, et la survie un malaise sans fin.

d) De spectacle (idéologies, culture, art, rôles, images, représentations, mots-marchandises) est l'ensemble des conduites sociales par lesquelles les hommes entrent dans le système marchand, y participent contre eux-mêmes en devenant des objets de survie — des marchandises —. en renonçant au plaisir de vivre réellement pour eux et de construire librement leur vie quotidienne.

e) Nous survivons dans un ensemble d’images auxquelles nous sommes poussés à nous identifier. Nous agissons de moins en moins par nous-mêmes et de plus en plus en fonction d'abstractions qui nous dirigent selon les lois du système marchand (profit et pouvoir).

f) Les rôles ou les idéologies peuvent être favorables ou hostiles au système dominant, cela importe peu puisqu’elle restent dans le spectacle, dans le système dominant. Seul ce qui détruit la marchant dise et son spectacle est révolutionnaire.

De fait, vous en avez assez du mensonge organisé, de la réalité inversée, des grimaces qui singent la vraie vie et achèvent de l’appauvrir. Vous luttez déjà, consciem­ment ou non, pour une société où le droit de communication réelle appartienne à tous, où chacun puisse faire connaître ce qui le concerne grâce à la libre disposition des techniques (imprimeries, télécommunications), où la construction d’une vie pas­sionnante liquide la nécessité de tenir un rôle et d’accorder plus de poids à l’apparence qu’au vécu authentique. (Voir III, 40 à 46).

 

8. Vous arrive-t-il d’éprouver le sentiment désagréable qu’en dehors de rares moments vous ne vous appartenez pas, vous devenez étranger à vous-même ?

Dans ce cas, vous avez compris que :

a) travers chacun de nos gestes — mécanisés, répétés, séparés les uns des autres — le temps s’émiette et, morceau par morceau, nous arrache à nous-mêmes. Et ces temps morts se reproduisent et s’accumulent en travaillant et en nous faisant travailler pour la reproduction et l’accumulation des marchandises.

b) Le vieillissement n’est rien d’autre aujourd’hui que l’accroissement des temps morts, du temps où la vie se perd. C’est pourquoi il n’y a plus ni jeunes ni vieux mais des individus plus ou moins vivants. Nos ennemis sont ceux qui croient et font croire que le changement global est impossible, ce sont les morts qui nous gouvernent et les morts qui se laissent gouverner.

c) Nous travaillons, mangeons, lisons, dormons, consommons, prenons des loisirs, absorbons de la culture, recevons des soins, et ainsi nous survivons comme des plantes d'appartement. Nous survivons contre tout ce qui nous incite à vivre. Nous survivons pour un système totalitaire et inhumain — une religion de choses et d’images — qui nous récupère presque partout et presque toujours pour augmenter les profits et les pouvoirs en miettes de la classe bureaucratico-bourgeoise.

d) Nous serions simplement ce qui fait survivre le système marchand si parfois nous ne redevenions soudain nous-mêmes, si nous n’étions saisis par l’envie de vivre passionnément. Au lieu d’être vécus par procuration, par images interposées, les moments authentiquement vécus et le plaisir sans réserve, allié au refus de ce qui l'entrave ou le falsifie, sont autant de coups portés au système spectaculaire-marchand. Il suffit de leur donner plus de cohérence pour les étendre, les multiplier et les renforcer.

e) En créant passionnément les conditions favorables au développement des passions, nous voulons détruire ce qui nous détruit. La révolution est la passion qui permet toutes les autres. Passion sans révolution n'est que ruine du plaisir.

De fait, vous en avez assez de traîner de temps morts en contraintes. Et vous luttez déjà, consciemment ou non, pour une société dont la base ne sera plus la course au profit et au pouvoir mais la recherche et l’harmonisation des passions à vivre. (Voir III, 75 à 92).

 

9. XXX

10. Avez-vous déjà éprouvé le désir d'emporter de l'usine ou d'un magasin tel ou tel objet, pour la bonne raison que vous avez participé à sa production ou pour la raison, meilleure encore, que vous en avez besoin ou envie ?

11. XXX ?

12. A la première occasion, avez-vous l'intention de casser la gueule à votre chef ou à quiconque vous traite en subordonné ?

Si oui, vous avez compris que :

a) Devenir un chef, c’est cesser d’être humain. Le chef est l’emballeur et l'emballage de la marchandise. Hors du système marchand, il est sans usage. Comme les marchandises, il se reproduit et s’accumule ; il se mesure en quantité de pouvoir, de haut en bas de la hiérarchie. Et son pouvoir, il le tient du pouvoir que le spectacle exerce comme volonté économique et comme représentation sociale sur la plus grande partie de la vie quotidienne.

b) Plus le pouvoir s'émiette et s'étend partout, plus il se renforce et s'affaiblit. Plus il y a de chefs, plus ils sont impuissants. Plus ils sont impuissants et plus la machine bureaucratique tourne à vide, plus elle impose à tous l’apparence de sa toute- puissance, et plus les gens apprennent à refuser globalement la servitude.

c) Partout où il y a autorité, il y a sacrifice, et inversement, Le chef et le militant sont la même pierre d'achoppement de la révolution, le point où elle se renverse et devient le contraire de l’émancipation.

d) XXX. Pour liquider l'État et les organisations hiérarchisées, qui le reproduisent tôt ou tard, il faut anéantir le système marchand.

e) L’État est le régulateur, le centre nerveux et le réseau protecteur de la marchandise. Il s’efforce d’équilibrer les contradictions économiques, d’ordonner politiquement le travail social en droits et devoirs du citoyen, d’organiser le battage idéolo­gique et les mécanismes répressifs qui trans­forment chaque individu en serviteur du système marchand.

f) La collusion de l’État et de la marchandise peut s’estimer au premier coup d'œil à la rapidité d’intervention des flics et des milices patronales et syndicales) dès qu’une grève sauvage éclate.

De fait, vous luttez déjà pour une société sans contrainte ni sacrifice, où chacun est son propre maître, et vit en de telles conditions qu’il n’a jamais à traiter un autre homme en esclave ; une société sans classes, où le pouvoir délégué aux conseils s’exerce sous le regard permanent, et par la volonté de chaque individu en particulier. (Voir III 128, 29).

 

13. XXX

Dans ce cas, vous avez compris que :

a) Le flic est le chien de garde du système marchand. Où le mensonge de la marchandise ne suffit pas pour imposer l'ordre, il sort casqué de la cuisse de la classe ou de la caste bureaucratique dominantes.

b) Sans compter le mépris qu’il se porte, le flic est méprisé comme tueur salarié, comme valet de tous les régimes, comme esclave professionnel, comme marchandise de protection, comme clause répressive du contrat économico-social imposé par l’État aux citoyens.

c) Partout où il y a l’Etat, il y a flics. Partout om il y a flics – à commencer par le service d’ordre des manifestations contestataires – il y a l’Etat ou ses ébauches.

d) Toute hiérarchie est policière

e) XXX

f) De bonheur n'est possible que là où l’État a cessé d’exister ; où aucune condition de hiérarchisation n'en prépare le retour

De fait, vous en avez assez du contrôle et de la contrainte, du flic qui vous rappelle que vous n’êtes rien et que l’État est tout du système qui crée les conditions du crime illégal et légalise le crime des magistrats qui le répriment. Vous luttez déjà pour une harmonisation des intérêts passionnels (par la disparition des intérêts économiques et spectaculaires) et pour l’organisation des rapports entre individus par l’abondance des rencontres et la libre diffusion des désirs. (Voir III II à 18).

14. Avez-vous déjà éprouvé le désir de jeter votre fiche de paie à la tête du caissier ?

Dans ce cas, vous avez compris que :

a) De salariat réduit l’individu à un chiffre d'affaire. Du point de vue capitaliste, le salarié n'est pas un homme mais un indice dans le coût de production et un certain taux d’achat à la consommation.

b) De salariat est la base de l’exploitation globale aussi clairement que le travail et la production de marchandises la base du système spectaculaire- marchand. L''améliorer, c’est améliorer l’exploitation du prolétariat par la classe bureaucratico-bourgeoise. On peut seulement le supprimer.

c) Le salariat exige le sacrifice de plus e huit heures de vie pour huit heures de travail, échangées contre une somme d’argent qui ne couvre qu’une petite partie u travail fourni, le reste constituant le profit du patron. Et cette somme doit être son tour échangée contre des produits pollués et trafiqués, des équipements ménagers payés dix fois leur prix, des gadgets aliénants (la voiture qui permet de travailler, de consommer, de polluer, de détruire le paysage, de gagner du temps vide et de se tuer) ; sans compter les redevances à l’État, aux spécialistes, aux rackets syndicaux...

d) Il est faux de croire que les revendications de salaire peuvent mettre en danger le capitalisme privé ou d'Etat : le patronat n’accorde aux ouvriers que l’augmentation nécessaire aux syndicats pour démontrer qu’ils servent encore à quelque chose ; et les syndicats n’exigent du patronat (qui dispose en outre de l’augmentation des prix à la consommation) que des sommes qui ne mettent pas en péril un système dont ils sont les profiteurs en second.

De fait, vous en avez assez de vivre la plus grande partie du temps en fonction de l'argent, d’être réduit à la dictature - l'économique, de survivre sans avoir loisir de vivre passionnément. Vous luttez déjà, consciemment ou non, pour une répartition des biens utiles qui ne doive plus rien à la course au profit et qui répond aux besoins réels des gens. (Voir III 31, 3, 35, 40, 51, 52).

15. XXX

 

16. Êtes-vous écœuré par la destruction systématique de la campagne et du paysage urbain ?

Dans ce cas, vous comprenez que :

a) L'urbanisme est l’appropriation du territoire par le système marchand et ses polices.

b) La misère du décor spectaculaire est le décor de la misère générale.

c) Urbaniste = sociologue = idéologue = flic.

d) Pour le système dominant, il n’y a plus ni paysage, ni nature, ni rue à flâner mais rentabilité du ma ; plus-value de prestige par le maintien d’un cadre de verdure, d’arbres ou de rocailles ; expulsions et regroupements hiérarchisés de la population ; quadrillage policier des quartiers populaires ; habitat étudié pour conditionner à l’ennui et à la passivité.

e) Le pouvoir n’essaie même plus de dissimuler le fait que l’aménagement du territoire est principalement et directement conçu en fonction d’une prochaine guerre civile : les routes sont renforcées en prévision du passage des chars ; les tours et les ensembles nouvellement construits abritent des caméras qui transmettent à la préfecture, vingt-quatre heures sur vingt-quatre, une vue panoramique des rues, dans les immeubles modernes, […]

f) Le regard que le système dominant porte sur tout transforme tout en marchandise. L'idéologie est l’œil artificiel du pouvoir, celui qui permet de voir vivant ce qui est déjà mort, ce qui est déjà transformé en marchandise.

De fait, vous luttez déjà, consciemment ou non, pour une société où votre volonté d’échapper à l’urbanisme et aux idéologies se traduira par la liberté d’organiser selon vos passions l'espace et le temps de votre vie quotidienne, de construire vos propres lieux d’habitation, de pratiquer le nomadisme, de rendre les villes passionnantes et ludiques. (Voir III 93 à 98).

17. XXX

18. Vous arrive-t-il de vous sentir mal dans votre peau chaque fois que les circonstances dominantes vous obligent à tenir un rôle?

19. Éprouvez-vous une méfiance instinctive pour tout ce qui est intellectuel et pousse à l’intellectualisation ?

20. Éprouvez-vous un égal mépris pour ceux qui font de la politique et pour ceux qui n'en font pas mais laissent les autres la faire pour eux ?

21. Avez-vous depuis longtemps déchiré votre carte syndicale ?

22. Vous arrive-t-il d'en avoir assez de votre épouse, de votre époux, de vos parents, de vos enfants, des corvées ménagères, des obligations familiales ?

23. Avez-vous souvent l'impression d'être dans un monde à l'envers, où les gens font le contraire de ce qu'ils désirent, fassent le temps à se détruire et à révérer ce qui les détruit, obéissent à des abstractions et y sacrifient leur vie réelle ?

24. Trouvez-vous ridicule et odieux de faire une distinction entre travailleur immigré et travailleur autochtone ?

25. Éprouvez-vous le besoin de parler à quelqu’un qui vous comprenne et agisse dans le même sens que vous (refus du travail, des contraintes, de la marchandise et de la vérité des mensonges que constitue le spectacle) ?

 

CHAPITRE II

ABCD DE LA RÉVOLUTION

 

A) Le but du sabotage et du détournement, pratiqués individuellement ou collectivement, est de déclencher la grève sauvage.

B) Toute grève sauvage doit devenir occupation d’usine.

C) Toute usine occupée doit être détournée et mise immédiatement au service des révolutionnaires.

D) En élisant des délégués — révocables à chaque instant, chargés d’enregistrer ses décisions et de les faire appliquer — l’assemblée des grévistes jette les bases d’une organisation sociale radicalement nouvelle : la société d’autogestion généralisée.

 

Dès l’occupation des usines.

I) Toute assemblée de grévistes doit devenir assemblée d’autogestion généralisée.

 

ORGANISER RAPIDEMENT L’AUTO- DEFENSE.

L’autodéfense est le premier droit de l'assemblée d’autogestion généralisée. XXX.

 

8. Dès qu’une région est occupée par les révolutionnaires, elle doit être détournée aussitôt selon deux principes indiscutables : autodéfense et distribution gratuite des biens de production.

9. La meilleure façon d’éviter l’isolement, c’est l’attaque. Il faut donc :

a) Créer, dans une perspective internationaliste, d’autres foyers d’occupations et de détournements.

b) Renforcer et protéger les liaisons entre les zones révolutionnaires.

c) Isoler l'ennemi et détruire ses liaisons, XXX.

d)Désorganiser la contre-révolution XXX.

e) Se servir des imprimeries, des radios locales, des télécommunications pour répandre la vérité sur le mouvement d'autogestion généralisée et expliquer ce que nous voulons et ce que nous pouvons. Faire en sorte que les masses, dans chaque quartier, dans chaque ville et village, soient au courant de ce qui se passe dans le reste du pays.

 

HATER LE PASSAGE DES CONDITIONS DE SURVIE AUX CONDITIONS DE VIE.

 

30. Les usines seront reconverties et automatisées ou, dans le cas de secteurs parasitaires, détruites. Un peu partout, des ateliers de création libre seront mis à la disposition de tous les talents.

 

31.Les bâtiments parasitaires (bureaux, écoles, casernes, églises...) seront, sur décision des assemblées d'autogestion généralisée, XXX ou de préférence transformés en greniers collectifs, entrepôts, logements de passage, labyrinthes et terrains de jeux.

 

TOUTE GRÈVE DOIT DEVENIR GRÈVE SAUVAGE.

 

38.Le vrai sens d’une grève, c’est le refus du travail aliéné et de la marchandise qu’il produit et qui le produit.

 

CHAPITRE III

L’AUTOGESTION GENERALISEE

 

La révolution en permanence est le pivot rationnel de toutes les passions

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