dimanche 25 juin 2023

Poèmes - André Ady

 Poèmes - André Ady


PLAIE DE BRAISE ET D'ORTIES

 

Plaie de braise et d'ortie je suis, et brasier,

Je suis torturé par la clarté, par la rosée,

Il faut que je t'aie, je viens te posséder,

Je veux plus de torture; il faut que je t'aie.


Que ta flamme brandille, brasille, blanchoie,

Les brasiers supplicient, les désirs supplicient,

C'est toi ma torture, ma géhenne à moi,

Mes entrailles vers toi sont un cri, un tel cri!


Le désir m'a haché, le baiser m'a saigné,

Je suis plaie, braie, faim de neuves tortures,

Donne-moi des tortures, à moi l'affamé,

Je suis plaie, baise-moi, brûle-moi, sois brûlure.


POEME DU FILS DU PROLETAIRE


Mon père à moi de l'aube à la nuit

Vite, vite, trime, travaille;

Mon père à moi, pas d'homme meilleur

Où qu'on aille


Mon père à moi va en veste usée,

Mais m'achète un habit flambant

Et me parle d'un futur tout beau

Amoureusement


Mon père à moi est captif des riches,

Ils le broyent, ils le ploient, le pauvre gars,

Lui, le soir, il rentre, du bon espoir

Plein les bras


Mon père à moi, sa fierté, sa force,

Il nous les donne, ce lutteur, ce grand,

Mais lui-même jamais ne s'abaisse

Devant l'argent.


Mon père à moi est un pauvre, un sauvage;

S'il n'avait de regard pour son gars,

Il arrêtaient cette immense farce

D'ici-bas.


Mon père à moi, s'il le décidait,

Les riches tous seraient détruits, 

Tous mes petits camarades seraient 

Comme je suis.

 

Mon père à moi, s'il  disait un seul mot,

Ha, on en verrait des peureux,

Ils seraient moins nombreux, les noceurs,

Les heureux.


Mon père à moi, travailleur, batailleur,

Peut-être c'est lui, le roi des rois;

Oui, plus que le Roi, c'est lui le fort,

Mon père à moi.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire