mercredi 18 novembre 2015

Les reconnaissances – William Gaddis



Les reconnaissances – William Gaddis

— Oui, mais, quand je l’ai vu, ç’a été un de ces moments de réalité, de presque-reconnaissance de la réalité. J’avais été... Je venais de me crever sur ce travail, et quand j’ai eu fini, j’étais libre, brusquement libre dans le monde. Dans la rue, tout me paraissait inconnu. Tout ce que je voyais, les choses, les gens, était irréel, j’ai cru que j’allais perdre l’équilibre, j’avais la sensation d’un nœud à l’intérieur de moi, et je suis entré là juste pour une minute. Et alors, j’ai vu cette chose. Quand je l’ai vue, d’un seul coup tout est devenu libre, s’est vraiment libéré dans une réalité que nous ne voyons jamais, on ne la voit jamais. On ne la voit pas dans les tableaux, parce que le plus souvent on ne peut pas voir par-delà un tableau. La plupart des toiles, dès l’instant qu’on les voit elles deviennent familières, et alors c’est trop tard. Écoute, tu vois ce crue je veux dire?

Je veux dire, bon Dieu, tout se détériore, tu comprends ? Les gens s’usent, les amis s’usent, les voitures s’usent, des fois c’est plus facile de les démolir quand elles sont encore neuves, on ne les voit pas s’abîmer.

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