lundi 22 février 2016

La déchéance d’un homme : Osamu Dazaï



La déchéance d’un homme : Osamu Dazaï

C’est pourquoi je suis devenu bouffon.
C’était mon ultime demande d’affection que j’adressais aux hommes. Tout en les craignant au plus haut point je crois que je n’étais pas résigné à tout supporter d’eux. Et puis, par mes bouffonneries, un fil me rattachait encore un peu à mes semblables. Extérieurement, le sourire ne me quittait jamais ; intérieurement, en revanche, c’était le désespoir. Pour ne pas révéler ce contraste, je devais garder, au prix de sueurs froides, un équilibre qui ne tenait qu’à un cheveu.

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Je ne sais s’il existe des personnes qui font bonne contenance quand elles sont critiquées, quand on les irrite, mais moi, dans un visage en colère je vois une nature pire que celle d’un lion, d’un crocodile, d’un dragon, d’une bête plus effrayante encore. D’ordinaire, cette nature est cachée, mais il suffit d’une occasion pour la révéler. C’est ainsi qu’un bœuf semble dormir paisiblement dans une prairie, mais quand un taon lui pique le ventre, il fouaille violemment de la queue pour le tuer. Quand je voyais la nature véritable, effrayante de l’homme se démasquer, la crainte me faisait trembler au point que mes cheveux se hérissaient. En outre, pensant que cette nature devait être l’une des caractéristiques de l’homme, j’en étais pour ainsi dire désespéré.


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