Nouvelles sous ecstasy beigbeder
Une soirée,comme une vie, n’est réussie que si elle a mal commencée.
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Peut-on penser comme Baudelaire avec les mots de Bukowski ?
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Cessons de contempler nos vies se désagréger. Détruisons plutôt l’existence des autres.
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C’est un comprimé verdâtre et rond. Il a coûté cent cinquante francs. Le packaging est très haut de gamme : un minuscule sachet en plastique d’un centimètre carré. Comme ça, le cachet fond dans la bouche, pas dans la main. Avant de l’avaler avec une gorgée de Coca, j’ai hésité un dernier instant : impossible de savoir ce qu’il y a là-dedans. Il faut faire confiance à des types qui ont trafiqué cette pilule dans des laboratoires clandestins, au fond d’une cave mal éclairée. Si ça se trouve, ils ont tripoté ce truc avec des mains dégueulasses. Trop tard. Maintenant, il ne reste plus qu’à attendre, et à espérer que ces in-connus connaissent leur boulot. L’ecstasy, c’est encore pire que le saut à l’élastique. Chaque ecstasy est un plongeon dans le vide sans respect des normes de sécurité.
J’ai suivi les conseils du dealer : ne pas boire d’alcool (le mélange étant dangereux) et ne pas dîner (un estomac plein diminue les effets de la drogue). Me voilà donc comme un imbécile, à poireauter sans pouvoir picoler ni casser la croûte. Ce doit être ça, un apprenti drogué : un mec qui ne boit pas, ne bouffe rien, et qui regarde sa montre toutes les cinq minutes. Au bout d’une demi-heure d’attente, je regrette d’être le pigeon qui a dit « moi » quand on a demandé qui voulait tester l’ecstasy. Je trouvais l’idée rigolote, et puis ça me plaisait de me prendre pour Lester Bangs ou Hunter Thompson, le genre « gonzo-journaliste kamikaze prêt à toutes les expériences pour une pige de plus ».
Toutes les drogues ont eu droit à leur littérature : l’opium grâce à Cocteau et Thomas de Quincey, la mescaline avec Henri Michaux et Aldous Huxley, l’héro chez Burroughs et Yves Salgues, le peyotl par l’entremise de Castaneda, le LSD grâce à Timothy Leary et Tom Wolfe, le haschich dans tout Baudelaire, la coke avec Bret Easton Ellis et Jay Mclnerney, le bourbon dans les œuvres complètes de Charles Bukowski. Au tour de l’ecsta de faire son entrée dans l’Histoire des Lettres. Ceci est une OPA sur le MDMA.
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C’était la guerre sur TF+, le retour de la lutte des classes, les riches contre les pauvres (meilleur audimat de toute l’année).
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Frédéric ne peut s’empêcher de penser à la devise du peintre Francis Bacon : « On naît, on meurt, et s’il se passe quelque chose entre les deux, c’est mieux. »
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