dimanche 30 mars 2025

American psycho Bret ellis easton


Je suis créatif, je suis jeune, … extrêmement motivé et extrêmement performant. Autrement dit, je suis foncièrement indispensable a la société.

Tout en pissant dans les lavabos, je fixe du regard une fine lézarde, juste au dessus de la poignée de la chasse d'eau, me disant que si, devenu minuscule tout à coup, je me glissais dans cette fente et disparaissais, personne, certainement, ne remarquerait mon absence. Personne... Tout le monde... s'en... foutrait. En fait, si quelqu'un remarquait mon absence, ce serait sans doute avec un étrange, un indéfinissable sentiment de soulagement. C'est vrai: le monde se porte mieux quand certaines personnes ont disparu. Nos vies ne sont pas liées les unes aux autres. Cette théorie est une foutaise. Il y a des gens qui n'ont simplement rien à faire ici.

J’imagine qu’il y a une sorte de logique interne à ce que tu dis.

La vie était sur une toile blanche, un cliché, une mauvaise pièce.

Je possédais tous les attributs d'un être humain - la chair, le sang, la peau, les cheveux - , mais ma dépersonnalisation était si profonde, avait été menée si loin, que ma capacité normale à ressentir de la compassion avait été annihilée, lentement, consciencieusement effacée. Je n'étais qu'une imitation, la grossière contrefaçon d'un être humain. Seul un recoin obscur de mon cerveau fonctionnait encore.

Je suis un moi-même préfabriqué, je suis une aberration. Un être non-contingent. Ma personnalité est une ébauche informe, mon opiniâtre absence profonde de coeur.

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