dimanche 30 mars 2025

L’anarchie Elisée reclus

 

L’anarchie Elisée reclus

Depuis plus de trois mille ans, le poète hindou du Mahâ Bhârata a formulé sur ce sujet l’expérience des siècles : « L’homme qui roule dans un char ne sera jamais l’ami de l’homme qui marche à pied ! »

C’est bien la lutte contre tout pouvoir officiel qui nous distingue essentiellement ; chaque individualité nous paraît être le centre de l’univers, et chacune a les mêmes droits à son développement intégral, sans intervention d’un pouvoir qui la dirige, la morigène ou la châtie.

Partout, dans toutes les relations sociales, se montraient les rapports de supériorité et de subordination ; enfin, de nos jours encore, le principe même de l’État et de tous les États partiels qui le constituent, est la hiérarchie, ou l’archie « sainte », l’autorité « sacrée », — c’est le vrai sens du mot. — Et cette domination sacro-sainte comporte toute une succession de classes superposées dont les plus hautes ont toutes le droit de commander, et les inférieures toutes le devoir d’obéir. La morale officielle consiste à s’incliner devant le supérieur, à se redresser fièrement devant le subordonné. Chaque homme doit avoir deux visages, comme Janus, deux sourires, l’un flatteur, empressé, parfois servile, l’autre superbe et d’une noble condescendance.

La liberté de penser a fait de tous les hommes des anarchistes sans le savoir. Qui ne se réserve maintenant un petit coin de cerveau pour réfléchir ? Or, c’est là précisément le crime des crimes, le péché par excellence, symbolisé par le fruit de l’arbre qui révéla aux hommes la connaissance du bien et du mal.

La misère unit les malheureux en une ligue fraternelle : ensemble ils ont faim, ensemble ils se rassasient.

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