L’éternel mari –
Dostoievski
« L’amour de Lisa,
rêvait-il, avait purifié et racheté toute la puanteur, toute l’oisiveté de ma
vie d’avant ; au lieu de moi, oisif, perverti, déjà vieux – j’aurais fait
croitre pour la vie une créature pure et splendide, et, pour cette créature,
tout m’aurait été pardonné, et, moi-même, je me serais tout pardonné. »
Toutes ces pensées conscientes se représentaient à lui
toujours ne même temps avec ce souvenir très clair, toujours proche et toujours
bouleversant, de l’enfant mort.
Assez,
je vous en prie, Pavel Pavlovitch, marmonna-t-il, rougissant, plein d'une
impatience nerveuse. Et pourquoi, pourquoi, s'écria-t-il brusquement, pourquoi
venez-vous vous attacher à un homme malade, à bout de nerfs, un homme qui est
presque dans le délire, pourquoi le traînez-vous dans ces ténèbres... alors
que, tout ça, c'est un fantôme, un mirage, un mensonge, une honte, quelque
chose de contre nature et – hors de toute mesure – c'est ça, l'essentiel, c'est
ça le plus honteux, que ça passe toute mesure ! Et puis, c'est des sottises,
tout ça : nous sommes, tous les deux, des êtres pervers, dégoûtants, des êtres
de sous-sol... vous voulez, tiens,
vous voulez, je vous prouve tout de suite que non seulement vous ne m’aimez
pas, vous me haïssez, de toutes vos forces, et vous mentez, sans le savoir
vous-même.
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