dimanche 26 juillet 2020

L’éternel mari – Dostoievski


L’éternel mari – Dostoievski

« L’amour de Lisa, rêvait-il, avait purifié et racheté toute la puanteur, toute l’oisiveté de ma vie d’avant ; au lieu de moi, oisif, perverti, déjà vieux – j’aurais fait croitre pour la vie une créature pure et splendide, et, pour cette créature, tout m’aurait été pardonné, et, moi-même, je me serais tout pardonné. »
Toutes ces pensées conscientes se représentaient à lui toujours ne même temps avec ce souvenir très clair, toujours proche et toujours bouleversant, de l’enfant mort.



Assez, je vous en prie, Pavel Pavlovitch, marmonna-t-il, rougissant, plein d'une impatience nerveuse. Et pourquoi, pourquoi, s'écria-t-il brusquement, pourquoi venez-vous vous attacher à un homme malade, à bout de nerfs, un homme qui est presque dans le délire, pourquoi le traînez-vous dans ces ténèbres... alors que, tout ça, c'est un fantôme, un mirage, un mensonge, une honte, quelque chose de contre nature et – hors de toute mesure – c'est ça, l'essentiel, c'est ça le plus honteux, que ça passe toute mesure ! Et puis, c'est des sottises, tout ça : nous sommes, tous les deux, des êtres pervers, dégoûtants, des êtres de sous-sol... vous voulez, tiens, vous voulez, je vous prouve tout de suite que non seulement vous ne m’aimez pas, vous me haïssez, de toutes vos forces, et vous mentez, sans le savoir vous-même.

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