La nuit juste avant les
forêts – Bernard-Marie Koltès
[…] mais j’ai couru,
couru, couru, pour que cette fois, tourné le coin, je ne me trouve pas dans une
rue vide de toi, pour que cette fois je ne retrouve pas seulement la pluie, la
pluie, la pluie, pour que cette fois je te retrouve toi, […] un syndicat à
l’échelle internationale – c’est très important, l’échelle
internationale (je t’expliquerai, moi-même, c’est dur pour bien tout
comprendre), – mais pas de politique, seulement de la défense, moi, je suis
fait pour la défense, et alors là, je me donnerai à plein, je serai celui qui
exécute, dans mon syndicat international pour la défense des loulous pas bien
forts, […] qu’est-ce qu’on connaît de quelqu’un si on ne sait pas comment elle
respire après avoir baisé, si elle garde les yeux ouverts ou fermés, si on
n’écoute pas, longtemps, le bruit et le temps qu’elle met pour une respiration,
où elle pose son visage et comment il est maintenant, plus le temps est long où
elle respire et que tu l’écoutes, sans bouger, respirer, plus tu connais tout
d’elle, […].
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