La fascination de l'étang - Virginia Woolf
Miss V. et son mystère
Dire qu’il n’est pire solitude que celle de l’isolé dans la foule, c’est un lieu commun ; les romanciers le répètent ; le pathétique de la chose est indéniable. Pour moi, depuis ce qui est arrivé à Miss V., j’en suis arrivée à y croire.
Une société
Son père lui-même était singulier, d’ailleurs. Il lui a légué une fortune, mais sous condition qu’elle lise tous les livres de la Bibliothèque nationale.
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— Voyons, si les hommes écrivent des sornettes pareilles, pourquoi nos mères auraient-elles gâché leur jeunesse à les mettre au monde ?
Nous nous taisions toutes, et dans le silence on entendait Poll hoqueter :
— Pourquoi est-ce que mon père m’a appris à lire, pourquoi ?
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— Mais, avons-nous insisté, est-ce qu’ils écrivent de bons livres ?
— De bons livres ?, a-t-elle répété en fixant le plafond ; et puis elle s’est mise à débiter d’un trait : « N’oubliez pas que la fiction est le miroir de la vie. Il est indéniable que l’instruction est de la première importance, et que, d’autre part, il serait extrêmement fâcheux, lorsqu’on est seule à Brighton le soir, de ne pas savoir quelle est la meilleure pension, et supposons que ce soit un dimanche soir et qu’il pleuve, eh bien, ce serait gentil d’aller au cinéma.
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