Le travailleur – Ernst Junger
On dépréciera toujours
une qualité que l’on tient avant toute
autre pour le signe distinctif des Allemands, l’ordre, si l’on est incapable
d’y reconnaître le reflet d’acier de la liberté. L’obéissance est l’art d’écouter,
et l’ordre est la disponibilité à la parole, la disponibilité au commandement
qui, comme un éclair, part du sommet pour toucher jusqu’aux dernières racines.
Tout homme et toutes choses se trouvent dans un ordre de dépendance
hiérarchique, et l’on reconnaît le chef à ce qu’il est le premier serviteur, le
premier soldat, le premier Travailleur. C’est pourquoi la liberté comme l’ordre
ne se rapporte pas à la société et à l’État, et le modèle de toute organisation
est l’organisation de l’armée et non le contrat social. C’est pourquoi nous
atteignons le point extrême de notre force lorsqu’il ne subsiste plus aucune
ambiguïté sur le commandement et l’obéissance.
Le bourgeois ne connaît
que la guerre défensive, c'est-à-dire
qu'il ne connaît absolument pas la guerre, déjà du simple fait qu'il est par
essence exclu de tous les éléments guerriers. Mais il est d’autre part incapable
d’empêcher leur irruption au milieu de son ordre, car toutes les appréciations
de valeur qu’il pourrait leur opposer sont de rang inférieur.
Est société l’ensemble de la population du globe
qui s’offre au concept comme l’image idéale d’une humanité dont la division en
États, nations ou races ne repose au fond sur rien d’autre que sur une erreur
de raisonnement. Cette erreur de raisonnement sera cependant corrigée au fil du
temps par des contrats, par les « lumières », par une moralisation générale, ou
tout simplement par le progrès des moyens de transport.
Est société l’État dont l’essence s'estompe dans la mesure même où la
société le soumet à ses critères. Cette agression se réalise à travers le
concept de liberté bourgeoise qui a pour tâche de transformer tous les liens de
responsabilité mutuelle en relations contractuelles à terme.
Laissons à une
recherche ultérieure et particulière le soin de découvrir dans quelle mesure la
pensée bourgeoise est parvenue à introduire sournoisement dans les premiers
efforts du Travailleur l’image de la société sous le masque fallacieux de son
autonégation. On y découvrira la liberté du Travailleur comme un nouveau
décalque du poncif de la liberté bourgeoise dans lequel le destin est désormais
interprété très ouvertement comme une relation contractuelle à terme et le
triomphe suprême de la vie comme une modification de ce contrat. On y
reconnaîtra le Travailleur comme successeur immédiat de l’« individu »
raisonnable et vertueux et comme l’objet d’une seconde sentimentalité qui
ne se distingue de la première que par une indigence supérieure. En outre, dans
un parallèle exact, on y découvrira la personne du Travailleur comme reproduction
de l’image idéale d’une humanité dont la simple utopie inclut déjà la négation
de l’État et de ses fondements. C’est la seule et unique signification des
revendications qui se dissimulent sous des termes tels qu’« international », «
social » et « démocratique » - ou plutôt qui se sont dissimulées, car tout
homme doué de quelque intuition ne gardera qu’étonnement à l’idée que l'on a
cru pouvoir ébranler le monde bourgeois en s’appuyant justement sur les
revendications par lesquelles il s’est confirmé lui-même de la façon la moins
équivoque.
De là résulte l’importance de distinguer entre le Travailleur comme
puissance en devenir sur laquelle repose le destin du pays, et les oripeaux
dont l’a revêtu le bourgeois afin de s’en servir comme d’une marionnette dans
son jeu artificiel. Cette distinction est une | distinction entre l’aurore et
le déclin. Et telle est notre foi : l’aurore du Travailleur signifie du même
coup une nouvelle aurore de l’Allemagne.
En amenant à la Domination la part bourgeoise de son héritage, le Travailleur
l’a en même temps retranchée de lui de façon visible, comme une poupée bourrée
de paille séchée, battue et rebattue depuis plus d’un siècle. Il ne saurait
désormais échapper à sa vue que la nouvelle société est une seconde mouture
encore plus indigente de l’ancienne.
On pourrait ainsi continuer éternellement à tirer une épreuve après
l’autre, entretenir éternellement la marche de la machine en inventant de
nouvelles oppositions si le Travailleur ne comprenait pas qu’il entretient avec
cette société un rapport non d’opposition mais d’altérité.
Il ne se révélera comme le véritable ennemi mortel de cette société que
lorsqu’il refusera de penser, de sentir et d’être dans les formes qu’elle lui
propose. Or cela arrive chaque fois qu’il reconnaît que ses revendications ont
été jusqu’ici trop modestes et que le bourgeois ne lui a appris à désirer que
ce que le bourgeois trouve justement désirable.
Mais la vie recèle plus
et autre chose encore que ce que le bourgeois entend par biens, et la plus
haute exigence que puisse formuler le Travailleur ne consiste pas à être le
support d’une nouvelle société mais celui d’un nouvel État.
A cet instant seulement
il engage le combat à la vie et à la mort. Alors l’« individu » qui n’est au
fond qu’un employé se transforme en homme de guerre, la masse se transforme en
armée et l’établissement d’un nouveau système de commandement se substitue à
une modification du contrat social. Cela arrache le Travailleur à la sphère des
négociations, de la pitié, de la littérature, «et l’élève jusqu’à celle de
l’action, cela transforme ses liens juridiques en liens militaires - cela veut
dire qu’il possédera des chefs au lieu d’avocats et que son existence propre,
loin d’avoir besoin d’une interprétation, deviendra un critère de mesure.
Car que sont jusqu’ici
ses programmes, sinon les commentaires d’un texte originel qui reste encore à
écrire?
C’est pour cette raison qu’il est si important pour le Travailleur de
refuser toute explication qui tente interpréter son apparition comme un
phénomène Economique et de l’interpréter lui-même comme un résultat de
processus économiques et donc, au fond, comme une espèce de produit industriel,
si important de percer à jour l’origine bourgeoise de ces explications. Ces
liens néfastes, aucune mesure ne saurait les trancher plus efficacement qu’une
déclaration d’indépendance du Travailleur par rapport au monde économique. Cela
ne signifie pas un quelconque renoncement à ce monde, mais sa soumission à une exigence
de Domination plus globale. Cela signifie que le pivot de l’insurrection n’est
ni la liberté économique, ni la puissance économique, mais bien la puissance en
général.
En projetant ses propres buts dans ceux du Travaillleur devenus leur simple
reflet, le bourgeois a réduit du même coup la cible de l’attaque à n’être
qu’une cible bourgeoise. Mais aujourd’hui nous pressentons la possibilité d’un
monde plus riche, plus profond et plus fécond. Pour réaliser ce monde, il ne
suffit pas d’un combat pour la liberté dont la conscience est nourrie I par le
fait de l’exploitation. Ce qui détermine tout, c’est K plutôt que le
Travailleur reconnaisse sa supériorité et crée à partir d’elle les critères
personnels de sa Domination future. Cela renforcera le poids de ses moyens; - à
la tentative pour faire échec à l'adversaire en
dénonçant le contrat à terme
succédera sa soumission par voie de
conquête.
Ce
qui distingue le bourgeois du combattant, c’est que même à la guerre le
bourgeois était à l’affût de la moindre occasion de négocier, alors que pour le
soldat cette guerre constituait un espace où il s’agissait de mourir,
c’est-à-dire de vivre de telle sorte que la Figure de l’empire fût confirmée -
cet empire qui, même s’ils nous ravissent la vie, nous restera. Il y a deux
types d’hommes : on reconnaît le premier à ce qu’il est prêt à négocier à tout
prix, le second prêt à se battre à tout prix. La pédagogie du bourgeois vis-à-
vis du Travailleur consistait à lui apprendre à devenir un partenaire dans la
négociation.
Mais
ce qu'il y a d'extraordinaire dans l'âge bourgeois tient moins à l'aspiration
vers la sécurité qu’au caractère exclusif propre aux efforts faits pour
l’atteindre. Cela tient au fait que l’élémentaire apparaît ici comme l’absurde
et qu’ainsi le mur d’enceinte de l’ordre bourgeois semble coïncider avec celui
de la raison. En cela le bourgeois se distingue d’autres personnages tels que,
par exemple, le croyant, le guerrier, l’artiste, le navigateur, le chasseur, le
criminel et aussi, comme nous l’affirmions, le Travailleur.
Au sein du monde du travail, l’exigence de liberté revêt la forme de
l’exigence de travail
A l’extrême proximité de
la mort, du sang et de la terre, l’esprit revêt des traits plus durs et des
couleurs plus profondes. L’existence est à tous ses niveaux plus crûment
menacée, jusqu’à cette forme de faim presque tombée dans l’oubli, devant
laquelle toute réglementation économique est en défaut et qui ne laisse à la
vie d’autre choix que la disparition ou la conquête.
Une attitude qui veut être à la hauteur de ces décisions doit, au sein
d’une destruction dont l’ampleur reste imprévisible, parvenir au point où l’on
peut éprouver un sentiment de liberté. Au nombre des signes distinctifs de la
liberté se range la certitude de participer au noyau le plus intime du temps -
certitude qui, merveilleusement, donne des ailes aux actes et aux pensées, et
dans laquelle la liberté de celui qui agit se connaît comme expression
particulière de la nécessité. Cette connaissance où destin et liberté se
rencontrent comme sur le fil du rasoir est le signe que la vie joue encore son
jeu et se conçoit comme porteuse d’une puissance et d’une responsabilité
historiques.
Là où cette idée est présente, l’irruption de l’élémentaire apparaît comme
l’un de ces ravages où se dissimule un passage. Plus la flamme sera impitoyable
et plus elle détruira en profondeur le legs du passé, plus la nouvelle
offensive sera mobile, allègre et sans scrupules. Ici l’anarchie est la pierre
de touche de l’élément indestructible qui se complaît à s’éprouver lui-même au
sein de l’anéantissement - elle ressemble à la conclusion des nuits agitées de
rêves dont l’esprit resurgit avec de nouvelles forces en vue d’un nouvel ordre.
Or le fait que le retour
de pulsions fortes et immédiates et de passions que rien n’a brisé s’accomplit
dans un paysage où règne la conscience la plus aiguë, rendant ainsi possible
une exaltation mutuelle des moyens et des puissances de la vie telle qu’on n’en
a encore jamais pressentie ni éprouvée, ce fait est précisément à ce qui
confère à ce siècle son visage extrêmement particulier. Cette image dont un
esprit prophétique tenta de suggérer l’aspect d’après les Figures de la
Renaissance devient clairement visible pour la première fois sous les traits du
soldat de la Grande Guerre, vrai et invaincu, qui, dans les instants décisifs
où l’on luttait pour donner à la terre
son nouveau visage, devait être compris tout à la fois comme une créature issue
de la préhistoire et comme le
porteur de la plus froide et de la plus cruelle conscience. Ici se recoupent les lignes de la passion et j de la
mathématique.
De même qu’il n’est possible qu’aujourd’hui, avec retard et grâce, seulement, à la force du
poète, de montrer que ce qui se passait au milieu d’un feu d’enfer alimenté par
des instruments de précision se situe au-delà de tout questionnement et possède
un sens en dehors de lui, de même il est très difficile de reconnaître le rapport
essentiel du Travailleur au monde du travail dont ce paysage en feu est le
symbole guerrier.
Il ne manque certes pas de tentatives pour interpréter ce monde, mais on ne
peut espérer que cette interprétation vienne d’une sorte particulière de dialectique
ou d’intérêt. Tous ces efforts se rapportent à un Etre qui les embrasse jusqu’à
leurs ailes les plus avancées. C’est néanmoins un spectacle bouleversant de
voir quelle acuité de jugement, quelle quantité de foi, quelle somme de
sacrifices sont dissipées dans des engagements limités - spectacle qui ne
paraît supportable que si l’on admet que chacune de ces offensives joue son
rôle au sein d'une opération d’ensemble. Et chaque coup, en effet, aussi
aveuglément qu’il soit porté, évoque le choc du burin qui tire plus nettement
de l’indéterminé l’un des traits préformés de ce temps.
L’ampleur de la détresse
et du danger, la destruction des liens anciens, l’abstraction, la
spécialisation et le rythme de chaque activité coupent les positions individuelles
les unes des autres avec une brutalité toujours croissante et nourrissent chez
l’homme le sentiment d’être perdu dans un fourré inextricable d’opinions,
d’événements et d’intérêts. Tous les systèmes, les prophéties et les appels à la
foi qui apparaissent ici ressemblent au bref éclat des projecteurs qui
découpent un instant les lumières et les ombres pour laisser place
Le sentiment de la
liberté ne peut se rencontrer sur les lieux de la souffrance mais sur ceux de
l’activité, de la transformation agissante du monde. Où que soient dispersés
les porteurs de la force réelle - chacun d’eux doit éprouver parfois la
certitude d’être lié très profondément à son espace et à son temps, par-delà
les empiriques, par-delà les intérêts.
Ainsi, peut-être, l’esprit n’est jamais plus clairement touché par la signification de
l’œuvre qu’à la vue des ruines
qui nous sont restées en témoignage d’ensembles vitaux engloutis. Il ne s’agit
pas alors de la pure destruction dont le triomphe suscite la question de
l’indestructible - du contenu secret de ces ateliers depuis longtemps
abandonnés dont la signification, nous le sentons bien, ne saurait cependant se
perdre à jamais.
D’une certaine manière, il semble qu’un très
lointain écho de ces époques disparues habite le silence qui pèse sur leurs
symboles en ruine, de même que le bruissement de la mer résonne dans les
coquillages vides que le ressac a jetés sur la plage. Cet écho, nous le percevons
particulièrement bien, nous dont la pioche fouille le sol pour y retrouver les
restes des villes dont les noms eux-mêmes sont tombés dans l’oubli.
Ces pierres dissimulées sous le lierre ou le
sable des déserts sont un monument non seulement de la puissance des forts mais
aussi du travail anonyme, du moindre geste accompli autrefois en ces lieux par
l’artisan. En chacune de ces pierres se trouvent concentrés le tumulte de
carrières oubliées, les dangers d’itinéraires disparus par les terres et les
mers, le grouillement des villes portuaires, les plans des maîtres d’œuvre et
le fardeau des corvées, l’esprit, le sang et la sueur de races depuis longtemps
éteintes. Elles sont le Symbole de cette unité si profonde de la vie que le
jour ne dévoile que rarement.
Aussi tout esprit qui possède le sens de l’histoire se
trouve-t-il attiré par ces lieux où
la tristesse et l’orgueil se combinent étrangement : tristesse devant la nature
éphémère de tous les efforts humains, orgueil devant la volonté qui, pourtant,
cherche sans cesse à exprimer par ses symboles son appartenance à
l’impérissable.
Or cette volonté vit aussi en nous et dans notre activité.
Mais allons aussi chercher aux frontières de l’espace cette image de la
volonté qui apparaît ainsi aux frontières du temps comme à un point de fusion
où elle est purifiée du jeu contradictoire des intentions.
Les grandes villes où nous vivons restent à bon droit dans notre
représentation comme les foyers de toutes les contradictions imaginables. Deux
longueurs de rues peuvent être plus éloignées l’une de l’autre que le pôle Nord
et le pôle Sud. La froideur des relations entre les « individus », les passants,
est extraordinaire. On trouve ici le gain, le plaisir, le trafic urbain, le
combat pour la puissance économique et politique. Chaque bâtiment a été
construit à la suite d’une décision précise et en vue d’un but précis. Les
styles se sont imbriqués les uns dans les autres avec une extrême diversité;
les anciens lieux de culte sont cernés par les gares et les grands magasins,
dans les faubourgs subsistent encore çà et là des fermes égarées dans un réseau
d’usines, de terrains de sport et de quartiers résidentiels.
Eh bien, cet ensemble offre de multiples accès, selon les moyens qu’on y
emploie et les questions qu’on lui pose. C’est sans aucun doute un lieu de
production mais aussi de consommation, d’exploitation, de relations sociales,
d’ordre, de crime, et de tout ce qu’on voudra d’autre.
Chacune des sciences
particulières mais liées fonctionnellement entre elles peut placer ses concepts
comme dénominateurs sous ces mécanismes,
et chaque de nouvelles sciences, en fonction des besoins. Pour le sociologue,
l’ensemble est sociologique, biologiste
biologique, pour l'économiste économique cela jusqu'au dernier détail,
depuis les systèmes de pensée
jusqu’aux pièces de un pfennig. Cet absolutisme est le privilège incontestable
de la vision conceptuelle - à supposer qu’en eux-mêmes les concepts aient été
formés proprement, c’est-à-dire selon les
lois de la logique.
A part cela, des millions de gens moins capables de juger leur situation
selon une vision abstraite que selon leur intuition immédiate vivent dans ce
genre de ville - et ce que l’on peut dire du « Pourquoi? » de leur existence
est d’une diversité équivalente. Finalement, cela ne fournit pas seulement des
points de départ aussi nombreux qu’on le désire pour une étude artistique :
toutes ces contributions à la comédie humaine peuvent en outre être réalisées
selon les différentes recettes des écoles idéalistes, romantiques ou
matérialistes. Mais il suffît! - les possibilités infinies de différenciation
sont bien trop connues. Dans la mesure où une force sait y renoncer elle
annonce l’ampleur de ses exigences.
Imaginons maintenant
cette ville à une distance beaucoup plus grande que celle que nous permettent
d’atteindre nos moyens actuels - par exemple comme si on pouvait la contempler
à l’aide d’un télescope depuis la surface de la lune. A une si grande distance,
la diversité des buts et des projets se confond en une même unité. La
participation de l’observateur devient, en quelque façon, à la fois plus froide
et plus brûlante, et en tout cas différente du rapport que l’«individu»
entretient ici-bas comme partie avec le tout. Ce qu’on voit peut-être, c’est
l’image d’une structure particulière dont on devine à de multiples indices
qu’elle se nourrit aux sèves d’une vie grandiose. On est alors aussi loin de la
penser dans sa différenciation que l'« individu » est d’habitude loin de se
voir au microscope : c’est-à-dire comme une somme de cellules.
A un regard libéré par son recul cosmique du jeu contradictoire des
mouvements, il ne peut échapper qu’une unité a créé ici son image spatiale. Ce
genre de contemplation se distingue des efforts pour concevoir l’unité de la
vie sous son aspect le plus plat, celui d’une addition, en ce qu’il saisit sa
forme créatrice, l’œuvre qui en résulte malgré toutes ces contradictions ou
grâce à elles.
De telles exigences et bien d’autres dont il
faudra encore parler, en particulier la prétention de conférer sens, sont le signe distinctif d’une nouvelle
classe de maîtres en formation. Le débat d’hier était le suivant : comment le
Travailleur peut-il participer à l’économie, à la richesse, à l’art, à la
culture, à la grande ville, à la science? Demain, on le formulera en ces termes
: comment toutes ces choses doivent-elles apparaître dans l’espace de puissance
du Travailleur, et quelle signification leur échoit-elle?
Toute exigence de liberté au sein du monde du travail
n’est donc possible que si elle apparaît comme exigence de travail. Cela veut
dire que l’« individu » est libre dans la mesure exacte où il est
Travailleur. Etre Travailleur, représentant d’une grande Figure qui fait son
entrée dans l’histoire, veut dire : avoir part à une nouvelle humanité vouée à
la Domination par le destin. Est-il donc possible que cette conscience d’une
nouvelle liberté, la conscience d’être placé à un point stratégique puisse
s’éprouver aussi bien dans l’espace de la pensée que derrière de rapides et
bruyantes machines et dans la cohue des cités mécaniques? Non seulement nous
avons des indices que cela est possible, mais nous croyons même que c’est la
condition de toute véritable intervention et qu’on se trouve précisément ici à
la charnière de transformations telles qu’aucun rédempteur n’osa jamais en
rêver.
A
l’instant même où l’homme se découvre comme
maître, comme porteur d’une nouvelle liberté en quelques circonstances
que ce soit, sa situation se modifie du tout au tout. Dès qu’on l’aura compris,
bien des choses qui restent aujourd’hui désirables apparaîtront comme nulles.
Il est à prévoir que dans un pur monde du travail les fardeaux de l’« individu
» ne s’allégeront pas mais croîtront encore - mais en même temps des forces
d’une tout autre nature se libéreront pour les maîtriser. Une nouvelle
conscience de la liberté instaure de nouveaux rapports hiérarchiques; et là se
dissimule un bonheur plus profond, mieux armé pour le renoncement, si du moins
il faut encore parler de bonheur.
Il n'y a pas plus de puissance abstraite que de liberté abstraite. La
puissance est un signe d'existence et par conséquent il n'y a pas non plus de
moyens de puissance en soi : les moyens reçoivent au contraire leur
signification de l'être qui se sert d’eux.
A l'âge de la Domination
apparente de la bourgeoisie, on ne peut plus ou on ne peut pas encore parler de
puissance. La mise en pièces de l'État absolutiste par les principes universels apparaît comme un acte
grandiose d’affaiblissement et de dévalorisation d’un monde accompli dans sa forme. Vu sous une autre perspective,
ce nivellement de toutes les
frontières se présente pourtant comme un acte de Mobilisation Totale, comme la
préparation de la Domination de grandeurs nouvelles et d’une nature différente
dont l’entrée en scène ne se fera pas attendre.
Dans l’histoire des découvertes géographiques et
cosmographiques, dans les inventions où se manifeste comme leur sens le plus
secret une furieuse volonté d’omnipuissance, d’omniprésence et d’omniscience,
bref, le plus audacieux des Eritis-sicut-Deus, l’esprit s’est
pour ainsi dire précédé lui-même afín d’entasser des matériaux en attente d’une mise en
ordre et d’une puissante compénétration. Ainsi est né un chaos de faits, de
moyens de puissance et de possibilités de mouvement qui constitue un ensemble
d’instruments à la disposition d’une Domination de grand style.
Il faut chercher la raison véritable de ce phénomène dans le fait que le
centre de gravité de l’activité s’est déplacé du caractère individuel du travail
au caractère total du travail. Dans la même mesure, il devient de moins en
moins essentiel que le travail soit rattaché à tel ou tel personnage
particulier, portant tel ou tel nom. Cela vaut non seulement pour l’acte au
sens propre mais pour toute espèce d’activité en général. Il faut citer ici le
phénomène du soldat inconnu, dont il faut bien savoir qu’il appartient au monde
des Figures, non à un monde de souffrance individuelle.
Mais il n’y a pas seulement le soldat inconnu, il y a aussi le chef
d’état-major inconnu. Où que se tourne le regard, il tombe sur un travail qui
s’effectue dans ce sens anonyme.
L’acteur
de cinéma est soumis à une autre loi dans la mesure où sa tâche réside dans la
représentation du type. C’est pourquoi l’on ne réclame pas de lui une performance
unique dans le temps (Einmalitigkeit)
mais l’univocité (Eindeutigkeit). On n’attend
pas de lui qu’il exprime l’harmonie infinie, mais le rythme précis d’une vie.
Il lui revient donc de jouer conformément à des lois au sein d’un espace défini
et très objectif dont les règles sont passées dans la chair et le sang de tous
les spectateurs jusqu’au dernier.
En particulier, cela est illustré par les caractéristiques
externes. Le cinéma ignore les représentations uniques dans le temps et, au
sens propre du terme, les « premières » : un film passe simultanément dans tous
les quartiers de la ville et se laisse répéter à volonté avec une précision mathématique qui s'étend à la seconde et au millimètre près. Le public
n'est pas un public particulier, une communauté esthétique, il représente
plutôt le public en général (Öffentlichkeit) que l'on peut rencontrer en tout autre point de
l'espace propre à la vie. Il est également notable que l'influence de la
critique se réduit; elle est remplacée par l'annonce, c’est-à-dire par la
publicité. De l’acteur, nous l'avons dit, on n'attend pas la représentation de
l'individu mais du type. Cela présuppose une grande univocité de la mimique et
de la gestuelle - une univocité qui tout récemment a gagné en précision par
l'introduction de la voix artificielle et qui sera encore accrue par d'autres
moyens.
La
célèbre distinction entre la ville et la campagne ne subsiste plus aujourd'hui
que dans l'espace romantique; elle est aussi dépourvue de valeur que la distinction
entre monde organique et monde mécanique. La liberté du paysan n'est pas
différente de celle de chacun d’entre nous - elle consiste à reconnaître que
tous les modes de vie se sont fermés à lui, sauf celui du Travailleur. On peut
le démontrer dans chaque domaine particulier, et pas seulement dans les
domaines économiques; c’est là l’enjeu du combat qui, pour l’essentiel a déjà été tranché depuis
longtemps.
Nous
sommes entrés dans un processus de mobilisation qui possède des propriétés
dévorantes, qui brûle les hommes et les moyens - et cela ne changera pas tant
que le processus sera en cours. Ce n’est qu’une fois parvenu à un achèvement
qu’on pourra parler à la fois d’ordre en général et d’une économie ordonnée,
c’est-à- dire d’un rapport calculable entre les dépenses et les recettes. Seule
la constance absolue des moyens, quelle que soit la forme qu’ils puissent
emprunter, sera capable de ramener la concurrence démesurée et non calculable à
la concurrence naturelle telle qu'on peut l’observer au sein des règnes de la
nature ou des états de société qui appartiennent désormais à l’histoire.
Dans
ce contexte, on voit déjà se dessiner la tâche naturelle que doit maîtriser un
art qui représente la Figure du Travailleur. Elle consiste à modeler la figure
d’un espace bien limité, à savoir la terre, selon le sens de la puissance de
vie appelée à le dominer. Les plans qui interviendront au cours de
ce processus se distinguent essentiellement de ceux par lesquels nous sommes
requis. En effet, dans le paysage de chantiers où nous nous trouvons, la
planification s’effectue dans le cadre d’une Mobilisation Totale qui vise à la
Domination, tandis que la mise en figure se rapporte déjà à cette Domination
qui la rend possible. La tâche de la Mobilisation Totale est la transformation
de la vie en énergie, telle qu’elle se manifeste dans l’économie, la technique
et les transports par le crissement des roues, ou sur le champ de bataille
comme feu et mouvement. Elle se rapporte donc à une potentialité de la vie,
tandis que la mise en figure amène l’être à l’expression, et doit donc se
servir non d’une langue du mouvement mais d’une langue des formes.
La
liberté que peuvent engendrer les deux principes du nationalisme et du
socialisme n’est pas de nature substantielle; elle constitue un présupposé, une
grandeur mobilisatrice mais non un but. Cette situation fait I conjecturer que
le concept bourgeois de liberté est ici en jeu de quelque façon et qu’il s’agit
d’efforts auxquels l’individu et la masse participent encore de manière
déterminante.
Aucun des ordres de mobilisation décisifs ne provient
d’en haut, mais tous apparaissent, de façon beaucoup plus efficace, comme des
buts révolutionnaires. Les femmes obtiennent de haute lutte de participer au
processus de production. La jeunesse réclame le service du travail et la
discipline militaire. L’apprentissage des armes et l'organisation militaire deviennent
caractéristiques d’un nouveau style de conjuration auquel s’associent même les
pacifistes. Le sport, la randonnée, l’entraînement militaire, la formation dans
le style des universités populaires constituent des branches de la discipline
révolutionnaire. La possession d’une machine, d’une moto, d’un appareil photo,
d’un planeur comble les rêves de la génération montante. Le temps libre et le
temps de travail sont deux modalités selon lesquelles on se laisse investir par
une seule et même activité technique. Le curieux résultat des révolutions
modernes a consisté à multiplier le nombre des usines tandis qu’on se vantait
de travailler plus, mieux et à meilleur prix. Les théoriciens et littérateurs
socialistes sont devenus une espèce particulière et d’ailleurs non moins
ennuyeuse de fonctionnaires, de statisticiens et d’ingénieurs d’État, et un
socialiste de 1900 remarquerait avec beaucoup d’étonnement que l’argumentation
décisive n’est plus axée sur le chiffre des salaires mais sur celui de la
production. Il y a des pays où l’on peut être fusillé pour sabotage de la
production comme un soldat pour abandon de poste, et où les denrées alimentaires
sont rationnées depuis quinze ans comme dans une ville assiégée - et ce sont
les pays où le socialisme s’est déjà réalisé de la manière la plus univoque.
Face à de telles constatations dont on pourrait
multiplier le nombre à volonté, force est de remarquer qu’il s’agit là de
choses qui auraient encore offert un caractère utopique en 1914 mais qui sont
aujourd’hui devenues banales pour tous nos contemporains.
Il
est évident pour le regard qui a su percer la confusion née de l’effondrement
de l’ordre ancien que dans cette situation toutes les conditions de la
Domination sont réunies. Les principes niveleurs du XIXe siècle ont labouré le
champ qui attend maintenant d’être exploité.
TABLE ANALYTIQUE
Première partie
1. L’âge du tiers-état était l’âge d’une apparence de Domination. 2.
L’effort pour éterniser cet âge s’exprime dans l’application du modèle
bourgeois aux mouvements de
Travailleurs. 3. Corrélativement, le Travailleur est considéré comme la base
d’une classe particulière ou
d’un «état» particulier, 4. comme la | base d’une «nouvelle» société 5. et comme
la base d'un monde où économie et destin signifient la même chose. 6. La
tentative pour appréhender le Travailleur à un
niveau plus élevé et plus vaste que le bourgeois n’est capable de
l’imaginer 7. ne peut être risquée que si l’on devine derrière son apparence
une grande Figure autonome et indépendante, soumise à une légalité d’une autre
nature. 8. Par Figure, nous entendons une réalité suprême qui confère un sens.
Les apparences sont importantes en tant que symboles, incarnations, empreintes
de cette réalité. La Figure est un tout qui englobe plus que la somme de ses
parties. Ce plus, nous l’appelons totalité. 9. La pensée bourgeoise est privée de rapport à la totalité. En
conséquence, elle n’a été capable de
voir le Travailleur que comme une apparence ou un concept - comme une
abstraction de l’homme. L’acte authentiquement révolutionnaire du Travailleur
consiste en revanche à prétendre à la totalité en se concevant comme le
représentant d’une Figure supérieure. 10. La « vue » des Figures permet la révision d’un monde où l’esprit
n’obéit plus qu’à lui-même en lui opposant un Être unitaire. 11. Le rang de l’
« individu » aussi bien que celui de la communauté dépend de la mesure dans
laquelle la Figure se représente en eux. Une comparaison sur le plan de la
valeur entre la masse et l’ « individu » ou l’initiative « collective » et «
privée » est dépourvue de sens. 12. De même la Figure est plus importante comme
être calme que tous les mouvements par lesquels elle témoigne pour elle-même.
La vision du mouvement comme valeur, par exemple comme «progrès», appartient à
l’âge bourgeois. 13. Le Travailleur se distingue par un nouveau rapport à
l’élémentaire. Il dispose donc de réserves plus considérables que le bourgeois qui reconnaît la sécurité comme valeur
suprême et se sert de sa raison abstraite comme d’un moyen destiné à assurer cette sécurité. 14. La protestation
romantique n’est qu’une vaine tentative de fuite hors de l’espace bourgeois.
15. Le Travailleur remplace la protestation romantique par l’action dans
l’espace élémentaire où se dévoile désormais très clairement l’insuffisance de
la sécurité bourgeoise. 16. Le
Travailleur se distingue en outre par un nouveau rapport à la liberté. On ne
peut éprouver un sentiment de liberté que si l’on participe à une vie unitaire
et pleine de sens 17. telle que temporellement elle nous apparaît parfois
clairement au souvenir des grandes puissances historiques 18. ou spatialement par-delà le jeu
contradictoire des simples intérêts. 19. L’espace du travail est d’un rang égal à tous les grands espaces historiques; en lui l’exigence de liberté prend
la forme d’une exigence de travail. La liberté est ici une grandeur
existentielle; c’est-à-dire que l’on dispose de liberté dans la mesure exacte
où l’on est responsable devant la Figure du Travailleur. 20. Le sentiment croissant d’une responsabilité
de ce genre laisse présager d’extraordinaires performances. 21. Le Travailleur se distingue enfin par un
nouveau rapport à la force. La
puissance n’apparaît pas ici comme une grandeur « fluctuante », 22. mais légitimée par la Figure du Travailleur;
elle est donc une représentation de cette Figure. Cette légitimation est
attestée par sa capacité à mettre en situation de servir un nouveau type d’humanité
23. et de nouveaux moyens. 24.
L’utilisation de ces moyens dont le
Travailleur est seul à disposer
est facilitée par la situation d’anarchie généralisée qu’une « universalité »
abstraite a laissée derrière elle. 25. Il faut particulièrement noter que la
Figure se situe au-dessus du questionnement dialectique, 26. évolutionniste 27. et axé sur les valeurs, questionnement qui ne
peut donc pas la saisir.
Deuxième partie
28. Le principe subordonné au Travailleur ou la langue du Travailleur n’est
pas de nature universelle et intellectuelle mais de nature objective. C’est le
travail comme mode de vie qui commence à former un style particulier. 29.
L’observation de ce mode de vie particulier est difficile dans la mesure où il
se déploie dans un milieu très instable. 30. Un simple coup d’œil sur l’espace
du travail permet déjà de découvrir l’image d’une autre légalité. 31. Cette
légalité inclut une offensive contre l’existence de l’individu 32. qui est déjà
devenue parfaitement claire sur les champs de bataille modernes. 33. On y a
aussi découvert pour la première fois un nouveau genre d’homme que l’on doit
qualifier de type. 34. L’offensive contre l’individu s’étend aussi à la masse
en tant que forme sociale sous laquelle se conçoit l’individu. 35. De même que
le type ou le Travailleur prend la place de l’individu bourgeois, de même la
masse est remplacée par la construction organique. 36. Le type se marque dans
ses caractères extérieurs, tels que la physionomie, le vêtement, 37. l’allure
38. et les gestes, 39. avec une univocité croissante qu’il faut d’abord
constater sans porter sur elle de jugements de valeur. 40. Le bourgeois possède
un rang dans la mesure où il possède une individualité. 41. Le type qui n’émet
plus aucune prétention à cette distinction 42. et qui ne se caractérise pas par
l’expérience unique mais par l’expérience univoque 43. possède un rang dans la
mesure où la Figure du Travailleur est incarnée par lui. 44. Nous nommons
technique l'art et la manière dont la Figure du Travailleur mobilise le monde.
45. Elle inclut l’offensive contre les systèmes historiques 46. et les
puissances cultuelles 47. en tant que moyen neutre en apparence mais qui ne se
trouve sans contradiction qu’à la disposition du Travailleur. 48. La technique n’est
pas l’instrument d’un progrès illimité» 49. elle conduit au contraire à une
situation très précise et univoque, 50. qui se caractérise par une constance et
une perfection croissantes des moyens I qu’accompagne parallèlement la
formation d’une nouvelle race, 51. mais cette situation ne peut être atteinte
par un effort de volonté arbitraire. 52. Nous vivons plutôt dans un monde
encore très instable 53. qui commence toutefois à se distinguer du caractère
explosif et dynamique du premier paysage des chantiers par une planification et
une prévisibilité accrue des événements. 54. Même là où la technique livre sans
détours les moyens de puissance, 55. une clôture de l’armement n’est possible
56. que si le Travailleur le soustrait à la pure concurrence et à l’initiative
des États-nations et s’il stabilise et légitime les mouvements révolutionnaires
et mobiles. 57. Cela n’est possible que s’il n’utilise pas dans un esprit
libéral mais dans l’esprit d’une race supérieure les moyens qui ne sont soumis
qu’à lui seul. 58. L’activité muséale 59. est la marque distinctive d’une force
vitale affaiblie 60. et l’une des échappatoires devant une réalité extrêmement
dangereuse.
61.
Le Travailleur n’a plus aucun rapport avec une activité culturelle qui culmine
dans le culte du génie. Pour donner figure au
monde du travail dont le but suprême, on le verra, consiste à donner figure à
l’espace de façon grandiose, il faut des critères d’une autre nature. 63. Ces
critères ne sont pas individuels mais typiques et la Domination du Travailleur
assurera leur validité; 64. on découvrira aussi bien dans le paysage naturel 65.
que dans les grands paysages culturels de multiples analogies avec eux. 66.
Bien loin d’être en contradiction avec cet acte qui donne figure, le monde technique
est mis par lui sans contestation en situation de servir, 67. ainsi que cela se
manifestera toujours plus clairement, en relation avec la perfection des moyens
et la frappe d’une nouvelle race. 68. Il faut reconnaître que le nationalisme
et le socialisme sont des principes qui appartiennent au XIXe siècle. 69.
L’ordre propre à la démocratie nationale tend à un état d’anarchie mondiale
dans la mesure même où il gagne en universalité. 70. De même, le socialisme est
incapable de réaliser un ordre valable. 71. Ces deux principes sont à l’origine
de leur propre échec dès qu’une puissance quelconque utilise leurs règles du
jeu. 72. L’instauration de la Domination du Travailleur s’annonce dans le
remplacement de la démocratie libérale ou de société par la démocratie du
travail ou d’État. 73. Ce remplacement est le fait du type actif qui utilise
les formes de la construction organique et en particulier le phénomène des
Ordres. 74 Le type dispose de l’opinion publique car il la domine dans le sens
d’une technicité supérieure. 75 Les constitutions bourgeoises sont remplacées
par le plan de travail dont il faut exiger 76. la clôture, 77. la souplesse 78.
et l’armement. 79. Ces caractéristiques sont des caractéristiques transitoires
à l’aide desquelles se prépare la Domination planétaire de la Figure du
Travailleur au sein de la multiplicité des espaces historiques. 80. Dans les
efforts des peuples appliqués à transformer les démocraties nationales en Etats
du travail s’ébauche déjà une participation à cette Domination.
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