La fonction de l'orgasme - Wilhelm Reich
Ainsi, même ceux qui
ont le moins de préjugés apprécieront sans doute différemment au niveau
affectif l’amour extra-conjugal de la femme que celui de l’homme. Le langage
traduit déjà une telle différence : la femme « s’est abaissée en se
donnant à l’homme », tandis que l’homme « a fait la conquête de la femme ». En
revanche, jamais un homme « n’appartient » à une femme. La raison en est que,
pour la majorité des hommes, « posséder » une femme signifie véritablement une
conquête, et qu’en outre la possession d’une femme mariée représente un
triomphe sur le mari « trompé ». Il ne s’agit donc pas en premier lieu d’une
expérience sexuelle, mais de « possession », de « perte », de « tromperie », de
« triomphe » et de « vengeance ». Il est donc inconcevable, pour qui réagit en
termes bourgeois, qu’un conjoint qui éprouve temporairement un autre
attachement puisse en toute confiance en faire part à l’autre.
Ces données
psycho-sociales se trouvent compliquées par un fait complexe : la femme devient
dépendante de l’homme qui l’a amenée à l’orgasme, en dépit de son attitude
virile et de son émancipation antérieures. Après une expérience sexuelle
satisfaisante, elle souhaite un homme fort qui la dirige. Et même, ce singulier
désir de dépendance et de subordination se manifeste chez des femmes de moindre
intelligence. En revanche, chez l’homme sain, il en va différemment. Le
caractère phallique-agressif de sa sexualité le préserve de toute soumission.
(Seul un homme non satisfait ou de caractère féminin peut se soumettre à une
femme, qui d’ailleurs n’en éprouvera pour lui qu’un secret mépris.)
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