Dans la matrice nous sommes des poissons de caverne aveugles.
Tout est vague et vertigineux. La peau enfle
et il n'y a plus de distinction entre les
parties du
corps. On est gagné par le son de voix
menaçantes,
moqueuses, monotones. C'est la peur, c'est l'attirance de la dévoration.
A
l'intérieur du rêve, boutonne le sommeil autour de ton corps comme un gant.
Libre maintenant de l'espace et du temps. Libre de se dissoudre dans l'été qui
coule.
Le sommeil est un infra-océan l'on s'y trempe chaque
nuit. Le matin, au réveil ruisselant, haletant, les yeux qui piquent.
Rien. L'air au-dehors
brûle mes yeux.
Je les arracherai
Je serai délivré de la douleur.
II n'y a plus de « danseurs », les possédés.
La division des hommes en acteurs et
spectateurs est le fait central de notre
temps. Nous sommes obsédés par des héros qui vivent pour nous et que
nous punissons. Si toutes les
radios et télévisions étaient privées de leurs sources de pouvoir, tous les
livres et tableaux brûlés
demain, tous spectacles et cinémas fermés, tous les arts de vie par
procuration...
Nous nous contentons du « donné » dans la
quête des sensations. Nous avons été métamorphosés d'un corps fou dansant sur
les collines en une paire d'yeux fixant le noir.
Plus ou
moins nous sommes tous affligés d’une psychologie
de
voyeur. Pas dans le strict sens clinique ou
criminel
mais dans notre attitude physique et
émotionnelle.
Devant
le monde. Quand nous cherchons
à briser
le sortilège de la passivité, nos actions
sont
cruelles, maladroites et généralement obscènes,
comme un
malade qui ne sait plus marcher.
Le
voyeur est un masturbateur, le miroir est son symbole, la fenêtre sa proie.
Urgence d'en terminer
avec le « Dehors », en l'absorbant, l’intériorisant. Je ne
sortirai pas, tu dois entrer jusqu’à
moi. Jusqu’à mon jardin-matrice d'où je
regarde. D'où je peux construire, à l'intérieur du crâne, un univers rival du réel.
Les spectateurs sont des vampires tranquilles.
Le cinéma est le plus totalitaire des arts. Toute énergie, toute
sensation se fait sucer jusqu'au crâne érection cérébrale, le crâne bouffi de
sang.
Caligula souhaitait un cou unique pour tous ses
sujets afin qu'il puisse décapiter un royaume
d’un seul geste. Le cinéma est cet agent transformateur.
Le corps n’existe que pour les yeux, il
devient une tige sèche qui porte ces deux joyaux
mous et
insatiables.
La pellicule
confère une espèce de fausse éternité.
Tout film est
dépendant lies autres films et y renvoie. Le cinéma était une innovation, un
jeu scientifique jusqu'à ce qu’un nombre suffisant d'oeuvres ait été amassé,
assez pour créer un autre monde intermittent, une mythologie puissante et
infinie dans laquelle plonger à volonté.
Les films donnent l’illusion d’être en dehors du temps, ceci est entretenu par leur régulière et
implacable apparition.
L’attrait
du cinéma se trouve dans la peur de la mort.
Il est
faux de supposer, comme l'ont fait certains, que le cinéma appartient aux
femmes. Le cinéma est créé par les hommes pour la consolation des hommes.
Le
cinéma a évolué selon deux voies.
L'une est le spectacle. Comme la
fantasmagorie, son but est la création d'un substitut total du monde sensoriel.
L'autre c'est le théâtre du mateur, qui revendique comme domaine
l'érotique et l'observation non truquée
de la vie réelle, et imite le trou de serrure ou la fenêtre du voyeur sans
avoir besoin de couleur, de bruit, de grandeur.
Le
cinéma découvre ses plus profondes affinités, non pas avec la peinture, la littérature et le théâtre, mais avec
les divertissements populaires — bandes
dessinées, échecs, jeux de cartes, tarot, magazines, et tatouages.
Le cinéma ne dérive pas de la peinture, de la littérature, de la sculpture, du théâtre, mais d'une ancienne et populaire
tradition de sorcellerie. C'est la manifestation contemporaine d’une
longue histoire d'ombres, un
ravissement de l’image qui bouge, une croyance en la magie. Son lignage est couplé depuis sa plus lointaine
origine avec les prêtres et la sorcellerie, une convocation des spectres. Avec,
au début, l’aide modeste du miroir et du feu.
Les hommes
ont conjuré de sombres et secrètes visites des régions enfouies de la pensée.
Dans ces séances, les ombres sont des esprits qui éloignent le mal.
Le spectateur est
un animal mourant.
Il est faux de
penser que l'art ait besoin d'un
spectateur pour être. Le film continue même
sans yeux. Le spectateur ne peut exister sans le film. Qui assure son existence.
Le
happening/l’évènement dans lequel l’éther est introduit au travers de fentes
d’aération dans une pièce pleine de gens, fait du produit chimique un acteur.
Son agent, ou injecteur, est un artiste qui crée un spectacle pour en être lui-même
le témoin. Les gens se considèrent comme le public, tout en jouant l’un pour
l’autre, et le gaz réalise ses propres poèmes avec le corps humain pour médium.
Cela approche de la psychologie de l’orgie tout en restant dans le domaine du
Jeu et de ses infinies permutations.
Le but
du happening est de guérir l’ennui, de laver les yeux, de refaire avec le
courant de la vie des connexions infantiles. La purge de la perception est son
but le plus grossier et le plus commun. Le happening tente d’engager tous les
sens du corps total et parvient à la réponse totale en vue des arts
traditionnels qui insistent sur des voies de sensations plus étroites.
Les premiers cinéastes, qui —
comme les alchimistes - prirent
plaisir à une obscurité volontaire à propos de leur métier, afin de dissimuler leur technique au regard profane.
• •
Séparer, purifier, réunir.
La formule d'
Ars Magna et son héritier, le cinéma.
• •
La caméra est une machine androgyne,
une espèce d'hermaphrodite mécanique.
UNE
PRIERE AMERICAINE
Savez-vous la chaleur du progrès sous les
étoiles ?
Savez-vous que nous existons ?
Avez-vous oublié les clés
du Royaume
Avez-vous déjà été mis au monde & êtes-vous en vie ?
Savez-vous que nous sommes conduits aux massacres par de placides
amiraux.
& que de gras et lents généraux sont rendus obscènes par le sang
jeune
Accrochez-vous à la vie
Notre fleur passionnée
Accrochez-vous aux cons & aux bites
Du désespoir
Notre ultime vision nous a été donnée
Par la chaude-pisse
L’entrejambe de Colomb s’est
Gonflé de mort verte
Saviez-vous que la liberté existe dans un livre de classe
Saviez-vous que des fous dirigent notre prison
Dans une geôle, dans un cachot
Dans un
tourbillon blanc, libre et protestant
Nous sommes juchés la tête en bas au bord de l'ennui
Nous cherchons à atteindre la
mort au bout d'une bougie
Nous essayons de trouver quelque
chose
Qui nous a déjà trouvés
Il s'exposait délibérément, et vivait l'horreur de tenter l'assemblage d'un mythe devant un milliard d'yeux
mornes, secs et impitoyables. En quittant
son avion, il s'avançait résolument vers la clôture métallique, dédaignant
les conseils de ses agents, pour toucher des mains. Toutes proches et prêtes à répondre à son invitation à venir
l'admirer, de l'adoration ou des
armes. Cette constante certitude intérieure
inexprimée que son corps était une
cible à chaque instant public. Des
perceptions nerveuses nouvelles fleurirent au creux du jardin de la moelle épinière de son cou. On
disait que lorsqu'il vous regardait, il
mettait à nu le contenu de votre boîte
crânienne. Naturellement. Car
les sourires d'un admirateur
bien intentionné cachent aisément la
mort derrière des dents de chat.
Ni paranoïa ni insouciance ignorant la
mort, mais une connaissance délicate et sensuelle de la violence dans un présent éternel.
Cyclopes. Les gens qui ressemblent aux lézards
primitifs ont un joyau à l'intérieur du crâne. Appelé la « glande
pinéale », il est situé dans le cerveau à la jonction des deux hémisphères du cervelet. Chez certains individus ce
vestige de troisième œil est encore sensible à la lumière.
L'œil résiste à une analyse séparée. Prenez conscience que les
yeux sont en fait deux globes mous qui flottent dans l'os.
Les impressions me voient.
Demandes à quiconque quel sens il
préserverait par-dessus tout autre. La grande majorité répondrait la
vue, abdiquant un million d'yeux à l’intérieur du corps en faveur de deux yeux
dans le crâne. Aveugles, nous pourrions vivre et peut-être trouver la sagesse. Sans le toucher, nous deviendrions des blocs de bois.
L’œil est une bouche avide
Qui se nourrit du monde.
Architecte de mondes-images
En
concurrence avec le réel.
Il y a des
planètes jumelles
Dans le crâne.
L’œil est
dieu. Et il est le monde,
Car il a son
propre équateur.
Arrachez
l’œil d’un animal dans l'obscurité et placez-le devant un objet, clair et
brillant, une fenêtre se détachant sur le ciel. Le contour de cette image se
grave sur la rétine, visible à l’œil nu. Cet œil excisé est un appareil
photographique primitif, le pourpre rétinien tenant lieu d'émulsion.
Kuhne [Wilhelm Kuhne, physiologue allemand du
XIX siècle qui fit d’importantes découvertes
dans le domaine de la chimie de
la digestion et dans celui de la physiologie des muscles et des nerfs.], à la suite des résultats
positifs qu'il avait obtenus sur des lapins, se vit présenter la tête d’une
jeune victime de la guillotine. L’œil fut extrait et fendu suivant son
équateur. L'opération fut réalisée dans une pièce spéciale, rouge et jaune. La
rétine de l’œil gauche présentait une image distincte mais ambiguë, impossible
à déterminer. Il passa les années suivantes à rechercher sa signification, la
nature exacte de l'objet, si objet il y avait.
Les
fenêtres sont les yeux de la maison. Regardez à l'extérieur de votre prison
corporelle, d'autres jettent un coup d'œil à l'intérieur. Le mouvement n'est
jamais à sens unique. « Voir » implique toujours l’éventualité d'une atteinte à
notre intimité, car en nous dévoilant l’immensité du monde extérieur, nos yeux
ouvrent aux autres l'accès de l'infinité de nos propres espaces intérieurs.
Quel est le sort des yeux pendant le sommeil ? Ils bougent constamment,
comme les spectateurs d’un théâtre.
Les pupilles
se dilatent lors d’états anormaux. Les drogues, la folie, l’ébriété, la
paralysie, l'épuisement, l’hypnose, le vertige, une intense excitation
sexuelle. L'œil découvrant son océan lorsque l’idée même d’océan est révolue.
Enkidu était un homme sauvage, un animal parmi les animaux.
Un jour, à un point d'eau, une femme offrit sa
nudité à son regard, et il y fut sensible. Ce jour-là il partit avec elle pour
se conformer aux artifices de la
civilisation.
Le choix d'un
partenaire pour l'accouplement est d’abord basé sur l’attrait visuel. Pas sur l'odeur,
le rythme, la peau. C’est une erreur de croire que l’œil peut caresser une femme. Une femme est-elle faite de lumière ou de chair ? Son
image n'a jamais de réalité pour l'œil,
elle s’inscrit aux bouts de vos doigts.
Dans l'Ars Magna, la Grande Œuvre, l'Alchimiste crée le monde dans sa cornue.
Les yeux sont les organes génitaux de la
perception, et eux aussi ont établi une tyrannie. Ils ont usurpé l'autorité des
autres sens.
Le corps devient une mince tige maladroite
pour supporter l'œil dans ses rondes.
De quel droit les yeux devraient-ils être
qualifiés de « fenêtres de l’âme » et de clé de la communion humaine la plus
profonde, et le toucher réduit à un vague contact charnel.
Le corps n'est pas la maison, il est
l'intérieur de la maison.
Les aveugles copulent, des yeux dans leur
peau.
L’œil est de la « lumière au repos ».
(Est-ce nous qui créons la lumière dans l'œil
? La lumière est-elle nôtre, ou nous vient-elle du monde ?)
Dans la mythologie égyptienne, l'œil est le symbole d’Osiris,
d'Isis, d’Horus, et du dieu soleil Râ.
Ptah enfanta
les hommes par sa bouche, les dieux par ses yeux.
Temple-cité de Brak (3000 av. J.-C.). Découverte de milliers de petits
visages humains plats en albâtre noir et blanc, dépourvus de nez, de bouches,
d'oreilles, mais aux yeux gravés et minutieusement peints. Appelé le Temple de
l'Œil: pour abriter ces offrandes à une divinité.
Œdipe, «Réalité » de ses seins
dénudés. Son corps. « Tu as porté ton regard
sur ce que tu n’aurais jamais dû voir. » Yeux arrachés avec une broche de la robe de la défunte Jocaste.
Punissez les yeux.
Seins ridés d’une vieille femme. Il
est conduit de village en village
par un jeune garçon. Et partout ils attendent ses paroles.
Tiresias, dont on dit que pendant sept ans il se fit passer pour une
femme, découvrit par hasard Athéné qui se baignait dans la forêt. Elle rendit
aveugles les yeux importuns.
Saül de Tarse sur la Route de Damas. La cécité l’éleva jusqu'à saint
Paul.
Pourquoi la cécité est-elle signe de sainteté ?
L’alchimie offre à l’homme une forme originale d’héroïsme. Le Mani [J.
Mani, fondateur au troisième siècle en
Iran de la religion manichéenne, interprétation dualiste du monde, qu’elle divise entre bien et mal. Il prêchait l’ascétisme et répandit sa nouvelle
foi à travers la Perse entière] enseignait que l’homme est un aide créé
par le Dieu Suprême de la Lumière pour contribuer par sa vie et par ses efforts
au rassemblement des atomes de lumière diffus, et de ce fait affaiblit, et pour
les élever de nouveau. Car la lumière a brillé dans les ténèbres et s’est
gaspillée, et elle est en grand danger d’être entièrement absorbée.
Le procédé de transformation des métaux de base en or est appelé «
projection ».
Dans la pénombre, la
forme est sacrifiée à la lumière. En pleine lumière, là lumière est sacrifiée à la forme.
Code de la lumière. L'oeil est malade.
Arrachez-le. Le docteur supprime l'œil pour sauver le corps. Pour ce faire, il
doit sectionner le nerf optique qui relie l'œil au cerveau. Avant la pratique
de l'anesthésie, on a souvent rapporté que l'incision du scalpel induisait de
la lumière au lieu de la douleur.
Progressivement, les objets se définissent à l'extérieur du corps.
L'œil est issu de la lumière, pour la lumière. Des organes et des surfaces
indistinctes évoluent vers leur forme unique. Le poisson est façonné par l'eau,
l'oiseau par l'air, le ver par la terre. L'œil est une créature du feu.
Une vaste grève rayonnante sous la lumière
fraîche de la lune
Des couples nus dévalent la plage dans sa quiétude Et
nous rions comme des entants doux et sauvages Satisfaits de leurs cerveaux en doux coton de l'enfance.
Musique et voix nous entourent.
Choisit, gémissent-ils,
les Anciens
Le tempe est revenu.
Choisis maintenant, gémissent-ils,
Là, sous la lune
Au bord d'un vieux lac.
Entre encore dans l'humide
forêt,
Entre dans le rêve brûlant,
Viens avec nous.
Tout s'est brisé et danse.
Images d'hiver, notre amour désespère
Images d'hiver, notre amour désespère
Reste éveillé, parlant, fumant jusqu'à demain
Compte les morts et attends le matin.
Les doux noms et les visages reviendront-ils ?
La forêt d'argent finit-elle ici ?
Pourquoi mes pensées autour de toi tournoient
?
Pourquoi les planètes s'étonnent-elles
De ce que ce serait si elles étaient toi ?
Toutes tes promesses douces et sauvages
n'étaient que mots
Des oiseaux en vol, sans fin.
Aujourd'hui les portes de toutes les salles de projection sont faites
d’acier.
Le cinéma exclut-il la lumière ou inclut-il l’obscurité ?
Que signifie cela ? La main de l'artiste tranche le globe oculaire de la
femme. Des nuages en rasoir fendent la lune. Expression cosmique.
Il a percé
la pustule gonflée de la vue.
Ce solide ami et les bêtes de son zoo,
Poules aux
crinières sauvages,
Femmes épanouies au
sommet,
Monstres de la peau.
Chaque couleur s'allie
pour construire le bateau qui berce l’homme.
Y aurait-il un enfer plus horrible qu'ici
et maintenant ?
J'ai serré sa cuisse et la mort a
souri.
Mort, vieille amie,
La mort et ma bite sont le monde.
Je pardonne mes blessures au nom de Sagesse
Luxe Romance
Phrase à phrase
Les mots sont des complaintes apaisantes Car
la mort de l’esprit de ma bite Ne signifie rien dans le doux feu.
Des mots m'ont meurtri et ils me guériront,
Si tu le crois.
Joignez-vous tous maintenant et lamentez-vous
sur la mort
[de ma bite
Une langue sagace dans la nuit emplumée.
Les gars deviennent fous et souffrent,
Je sacrifie ma bite sur l'autel du silence.
PROLOGUE
AUTO-INTERVIEW
Je crois que l’interview est une nouvelle forme d'art. L'autointerview est l'essence de la créativité. Se poser des questions et essayer de
trouver les réponses. L'écrivain ne
fait que répondre à des questions qui n'ont pas été posées.
C'est un peu comme être appelé à la
barre des témoins. C'est cette région étrange dans laquelle vous essayez de fixer quelque chose qui est
arrivé dans le passé. Vous cherchez à
vous souvenir, honnêtement, de
ce que vous tentiez de faire à ce
moment-là. C'est un exercice
montai périlleux. Une interview vous donnera
souvent l'occasion d’interroger votre esprit, ce qui est, à mon avis, la définition
de l’art. La chance vous est offerte d’éliminer
tout remplissage... Vous devez être explicite, précis, aller directement à l’essentiel... Pas de
conneries. On trouve les antécédents de l’interview
au confessionnal, dans un débat ou un contre- interrogatoire. Une fois
la chose dite vous ne pouvez pas la retirer.
Trop tard. C’est un moment existentiel.
Je suis, en quelque
sorte, « accro » au jeu de l'art et de la littérature ; mes héros sont des artistes et des écrivains.
J’ai toujours désiré écrire, mais je me figurais que rien de bon ne
sortirait. A moins que, pour une
raison quelconque, ma main se mette au travail
sans que j'y sois vraiment pour quelque
chose. Comme l'écriture automatique, mais cela n'est jamais arrivé.
Bien sûr j'ai fait des poèmes.
Notamment « Le Pony Express » [Pony Express : légendaire courrier de l’époque
héroïque des diligences entre St Joseph
(Mo.) et Sacramento (Californie)] quand j'étais
en classe de sixième ou cinquième. C'est le premier que je me rappelle. C'était un poème
dans le style ballade mais je ne l'ai jamais vraiment achevé.
« Les
Latitudes du Cheval » remontent à mes
années au lycée. Au cours de mon
adolescence j'ai rempli des tas de
carnets. Puis, quand j'ai quitté l'école, je les ai tous jetés... pour des
raisons stupides, peut-être par sagesse ? Je remplissais ces pages nuit après
nuit. Si je ne les avais pas jetés, sans doute n’aurais-je jamais écrit quoi
que ce soit d'original. Ils étaient, essentiellement, des accumulations de
choses que j’avais lues ou entendues, des citations tirées de livres. Si je ne
m'en étais pas débarrassé, je crois que je n'aurais pas pu être libre.
La vraie poésie ne veut rien dire, elle ne fait que révéler
les possibles. Elle ouvre toutes les portes. A vous de franchir celle qui vous
convient.
...C'est la raison pour laquelle je suis tellement attiré par la poésie,
elle est si éternelle. Tant qu'il y aura
des hommes, ils pourront se souvenir des mots et de leurs combinaisons. Seules
la poésie et les chansons peuvent survivre à un holocauste. Personne ne peut
mémoriser un roman entier, un film, une sculpture ou une peinture. Mais, tant
qu'il y aura des êtres humains,
les chansons et la poésie pourront se perpétuer.
Si ma poésie a un but, c'est de libérer les gens de leurs œillères, de
démultiplier leurs sens.
Jim Morrison Los Angeles,
1969-70
Que fais-tu ici ?
Que veux-tu ?
De la musique ?
Nous pouvons faire de la musique.
Mais tu veux plus.
Tu veux quelque chose et quelqu’un de nouveau.
Ai-je raison ?
Bien sûr.
Je sais ce que tu veux.
Tu veux l'extase Le désir et le rêve.
Les choses ne sont pas vraiment ce qu'elles
semblent. Je te conduis dans ce sens, il tire dans l'autre.
Je ne chante pas pour une fille imaginaire.
C'est à toi que je parle, à moi-même.
Recréons le monde,
Le palais de la conception brûle.
Regarde. Vois-le brûler.
Se dorer aux charbons incandescents.
Tu es trop jeune pour être vieux
Tu n’as pas besoin de leçons
Tu veux voir les choses comme elles sont.
Tu sais exactement ce que je fais
Tout
L’instant est béni
Tout le reste est
souvenir
Un ange passe
Dans un éclair
Dans la chambre
Un fantôme nous précède
Une ombre nous suit
Et chaque fois que nous nous arrêtons
Nous tombons
Personne n’a inventé l'existence ; que celui qui
croit l’avoir fait s'avance
LA PEUR
La conscience éternelle
du Vide
(en comparaison procès et prison semblent
presque
amicaux)
un Baiser sous l'Orage
(Fou au volant arme sur la nuque espace
populeux s'incurvant froidement)
Une grange
le grenier d'une cabane
Ton propre visage imprimé
sur le miroir de la fenêtre
peur du néon
Froid et tragique
des toilettes
Je suis transi
Tes yeux
Me troublent
Infiniment
Ta douce
Réponse me frappe
Comme une plume
Le son du verre
Révèle un vif
Dédain
Et dissimule
Ce que tes yeux s'efforcent
D'expliquer
« Oh mon Dieu, s'écria-t-elle
Je n’ai jamais su ce
qu’exister signifiait
Je pensais que tout ceci n’était qu’une
blague,
Je n’ai jamais laissé l’horreur, ou
la douceur et la dignité
pénétrer mon cerveau
»
« Laisse-moi me lever pour regarder
à la fenêtre. Des Cavaliers Noirs
passent dans le crépuscule
rentrant chez eux
après leurs équipées.
Les tavernes seront
pleines de rires, de vin,
plus tard de danses, plus tard encore
de dangereux coups de couteau.
Antonio sera là
et cette putain, la Dame Bleue
jouant aux cartes avec
des jeux
d'argent et souriant à la nuit,
des verres pleins seront levés au ciel
et versés en offrande à
la lune.
Je suis triste, si pleine de tristesse »
La maison brûle ? Ainsi soit-il.
Le Monde, un film imaginé par les hommes,
La fumée dérive à travers ces pièces
On tue dans une chambre.
Des mimes chantent, des oiseaux se taisent et roucoulent
Ça ira comme ça ?
Prise 2.
Chaque journée est un élan qui traverse l’histoire
c'est drôle,
j'espère encore
que l'on va frapper à la porte
voilà ce que vous
gagnez à vivre parmi
les hommes
Si l'on frappait ? mes rêves
illusoires, mon maintien et
mon sang-froid voleraient en
éclats
Le combat d'un pauvre poète
pour ne pas tomber sous l'emprise
des romans, des jeux de hasard
et au journalisme
Une propension à l'ignorance,
à l'autodéception peut être
nécessaire à la survie du
poète.
Les acteurs doivent nous faire croire
à leur réalité
Nos amis ne doivent pas
nous donner l'impression que nous jouons la comédie
Les voici, pourtant, dans la lenteur
du Temps
Mes mots fous
glissent en fusion
et risquent de perdre
contact avec le sol
Alors étranger, deviens
plus fou encore
Explore les Hautes
Terres
Pourquoi je boit ?
Four pouvoir écrire de la poésie.
Parfois lorsque tout est diffus
et que toute Laideur s'efface
en un profond sommeil
Il y
a un éveil
et tout ce qui demeure
est vrai.
Tandis que le corps est ravagé
l'esprit se fortifie.
Pardonne-moi mon Père car je sais
ce que je fais.
Je veux entendre le dernier Poème
du dernier Poète.
I
Je ne reviendrai pas
Je ne reviendrai pas
dans le tourbillon
Imbibé de vin l'amer étalon
mange la semence,
tout travail est mensonge ;
nul vice n'enflamme
ces reins pour se fondre
ou rivaliser avec un sourire
d'une âpre exigence.
Laissez vivre les multiples pierres.
II
Maintenant que tu t'en es
allée
Toute seule
explorer le désert
me laissant seul ici
le calme de la ville
où une fille en noir
monte dans une voiture
et cherche maladroitement
ses clés ;
Maintenant que tu t'en es allée
ou que tu t'es égarée —
Je m'assieds, j'écoute le sifflement
de la circulation et j'invoque,
dans cette chambre incendiée,
dévastée, un fantôme, quelque
vague ressemblance d'un autre temps
De temps en temps,
comme un long rêve
électrique et malsain.
C'est un état confus.
Là-bas tout le monde
est avide de son amour.
Ils draineront sa vie
comme de chauds connecteurs,
S’infiltreront dans son âme t
Par tous les côtés et fondront
La forme qu'elle avait pour moi.
je le mérite,
De tous les cannibales je suis le plus grand,
Un avenir de fatigue.
Laissez-moi dormir.
Poursuivre ma maladie.
Par ce cri de gorge
Cet appel su sexe
Nous devons encore essayer
De parler des distances
Discontinues de sommeil qui nous
Entourent
Traversant le sommeil à tâtons
Numéros aveugles
Dans une pièce carrelée
Nous nous asseyons et broyons du noir
Nous refusons de bouger
Les gardes refusent
Et au dernier endroit
Dans la douceur du dernier souffle
Au rythme du crabe géomètre
Sous la multitude des étoiles, étoiles d’avidité
Sans les écritures et les majestés
Dans l’accomplissement au sommet d’une falaise
Sous la couche de fard
Sur des dos plats et sur des chameaux
Dans le vaisseau ouvert
Dans la veine
Dans des vies obscures
Qui ont été témoins de tout
Se demander soudain si
Le monde est réel
S’il est las de la forme dont
Elle est faite. Quelle errante
Folie avons-nous négligemment créée ?
Personne ne l’a voulu, c’est certain
Quelqu’un a commencé, c’est sûr
Où est-il ?
Où est-il, l’être, l’objet,
Quand nous avons besoin d’elle ?
Où es-tu ?
Dans une fleur ?
Etre né pour la seule
Beauté et voir la tristesse
Quelle est cette frêle maladie ?
Ceux qui Courent vers la Mort
Ceux qui attendent
Ceux qui s’inquiètent
Quand je jette un regard
en arrière sur ma vie
je suis frappé par des cartes
postales
Instantanés Détériorés
posters fanés
D'un temps, qui m’échappe.
Nous devons attacher ensemble toutes ces impressions désespérées
tu dois affronter
ta vie
qui, à la dérobée,
se glisse sur toi
comme un serpent lové
extasié
bave d'escargot
tu devras affronter
l'inévitable
un jour ou l'autre
Bloody Bones t'a bien eu !
l'espoir n'est qu'un mot
quand on pense en termes
de Nappes
Le rire ne peut détruire
sa drôle de sensation
ni satisfaire notre
étrange désir
Des enfants naîtront
Cock-pit
Je suis vrai
Prends-moi en photo
Il est vrai, pris
La réalité est ce qui nous
a été caché
si longtemps
la naissance le sexe la mort
nous sommes vivants quand nous rions
quand nous sentons le sang
affluer et jaillir
le sang est vrai dans sa rougeur
l'arc-en-ciel est vrai dans
son absence de sang
Certaines images me sont nécessaires pour parfaire ma propre réalité
Les rêves sont à la fois le fruit de l’atrophie des sens et une
protestation contre elle.
Rêver n’est pas une solution
Les avions sont des mères gémissantes
Dans nos piètres guerres d’insectes.
Des préservatifs de nylon dégoulinent derrière
elle Guerrier Troyens dans leur fuite atroce et convulsée
Largué, aspiré
de son ventre de métal,
il ne reste qu'un mince fil de fer prophétisant
le retour,
saute en liberté.
Avalant l’air dans le court canal,
Le sol bondit comme les chiens
pour happer, le champ, et le douloureux
tournis.
Marécages, champs de riz, danger.
Abattus, plus de dix d’entre eux
se débattant avec le placenta humide
Tandis que d’autres réamerrissent
dans les océans. Plongeurs qui flottent, flottent en liberté,
dans l'utérus.
La mer est un Vagin qui
peut-être pénétré à n’importe quel point.
OURAGAN ET ECLIPSE
J'aimerais qu'une tempête arrive
et que son souffle chasse cette crasse.
Ou qu'une bombe incendie la Ville et
récure la mer. J'aimerais que la mort
vienne à moi, immaculée.
Si seulement je
pouvais sentir
Le pépiement
des moineaux
sentir l'enfance
me ramener
à elle
Si seulement je pouvais
me sentir ramené
à elle
me sentir une nouvelle fois
embrassé par
la réalité
Je mourrais
Avec joie je mourrais
Le rêve s’achèvera
Quand il aura
De l’importance
Tout est mensonge
Bouddha me pardonnera
Oui, Bouddha me pardonnera
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