samedi 26 septembre 2020

Rappelez-vous cela, rappelez-vous bien tout - Radovan Ivsic

 Rappelez-vous cela, rappelez-vous bien tout - Radovan Ivsic

 

Benjamin Péret me parle aussi de Tristan Tzara, à qui il ne pardonne pas, entre autres, son livre mensonger Le Surréalisme et l’après-guerre.  


Est-ce la raison pour laquelle il me semble nécessaire de chercher les moindres signes sensibles qui échappent au convenu ? J’ai l’impression que de son côté Breton porte une attention inquiète à ce qui est en train d’advenir. C’est pourquoi je ne suis pas étonné de le voir si perturbé à la lecture de Cosmos de Gombrowicz, où l’enchaînement des signes ne fait sens que d’être fatal.

 

C’est un jeu qui se joue en silence. Chaque participant est muni d’un crayon et d’une feuille de papier vierge. Chacun doit poser la pointe du crayon sur le papier, et, les yeux fermés pendant toute la durée du jeu, commencer à dessiner à l’aveugle le premier objet qui lui passe par la tête, mais sans lever le crayon du papier, continuer tandis qu’un autre objet lui vient à l’esprit, et, quitte à ne pas obligatoirement terminer le premier, chercher à le dessiner, mais toujours sans lever le crayon. Cela vaut pour tous les autres objets auxquels on va ensuite penser. Au bout d’une dizaine de minutes, on arrête, chacun regarde son dessin et essaie de se rappeler les objets qui se sont succédé derrière ses paupières. Puis, s’il arrive à reconnaître l’esquisse de l’un deux, il en inscrit le nom au dos du papier, de sorte à reconstituer la succession des images. Curieusement, ces dix minutes de jeu ont des points communs avec le rêve.  


Soudain, je comprends son insistance des 7, 8, 9 septembre à jouer à ce jeu, où s’éprouve le lien plus ou moins solide que nous sommes en mesure d’établir entre les mots et les choses. Dans cette démarche inverse de celle que supposent les mots croisés, Breton cherchait une autre façon d’évaluer le fonctionnement de sa pensée.

« Rappelez-vous cela, rappelez-vous bien tout », ces mots qu’il me redira ne vont plus me quitter. 

 

Ce qui le conduit dans une autre conversation à faire cette remarque incidente, apparemment en contradiction avec la décision dont il m’a fait part : « La mort du surréalisme viendra du côté de Dionys Mascolo par Jean Schuster. »  



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