Des liens - Bruno
IL est nécessaire que celui qui doit former un lien possède en quelque façon une compréhension d’ensemble de l’univers, s’il veut être capable de lier un homme - lequel est comme l’épilogue de toute la création.
Ce qui lie, de par l’univers, c’est Dieu, le Démon, l’Esprit [Animus], l’Etre animé, la Nature, et enfin le Sort, la Fortune ou le Destin.
Un artiste lie par son art: puisque l’art est beauté, forgée par l’artiste. Il est certes bien étourdi et stupide, celui qui verra la beauté des choses naturelles aussi bien qu’artificielles sans en même temps contempler et admirer l’intelligence qui a fait advenir toutes choses en l’univers. Pour celui-là, “les étoiles ne racontent pas la gloire de Dieu”; aussi (âme assurément bien grossière!) chérira-t-il moins Dieu que les œuvres de Dieu, etc.
Ce qui lie un homme stupide, ce sont les désirs, peu nombreux, excités par l'instinct naturel: sa pitance se limite à des aliments guère variés, et grossiers. Le beau parler ne le touche pas, la grâce ni l’élégance ne le séduisent, non plus que la musique, la peinture, ni tout ce qui enjolive la nature.
Je suis lié par plusieurs lien, je sens plusieurs êtres qui me lient, parce que les degrés de la beauté sont divers et distincts.
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Cette partie, “Des lieurs, en général”, énonce une série de trente propositions relatives à l’agent du lien: ce sont, dit Bruno, les trente directions qui dessinent le champ d’action du lieur, et elles se résument en une liste de trente noms qui suffisait peut- être au Nolain pour reconstruire mentalement la teneur de tout ce développement. La seconde partie, “Des liables, en général”, se concentre sur l’objet du lien, en proposant de nouveau une série de trente articles (dont la clé mnémotechnique n’est pas explicitement donnée, cette fois).
La troisième partie, inachevée, se concentre sur le lien proprement dit, ramené à sa nature la plus générale l' amour ou lien de Cupidon.
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