Sexus - Henry Miller
Ecrire (ainsi allait ma méditation) doit être un acte dépouillé de toute
volonté. Le mot, semblable au courant des grands fonds, doit remonter à la
surface, de sa propre impulsion. L'enfant n'a pas besoin d'écrire ; il est
innocent. Si l'homme écrit, c'est pour vomir le poison qu'il a accumulé en lui
du fait de l'erreur foncière qu'il commet dans sa manière de vivre. Il cherche
à reconquérir son innocence. Ses écrits n'ont d'autre effet que d'inoculer au
monde le virus de ses désillusions. Je ne pense pas qu'il se trouverait un
homme au monde pour noircir une feuille de papier, si nous avions le courage de
vivre ce en quoi nous avons foi. L'inspiration est déviée dans son cours au
sortir de la source. Si c'est un monde de vérité, de beauté et de magie que
nous entendons créer, à quoi bon dresser des millions de mots entre nous-mêmes
et la réalité de ce monde ? Pourquoi remettre à plus tard
l'acte – si ce n'est que, comme le reste de l'humanité, nous n'avons,
au fond, d'autre ambition que la puissance, la gloire, le succès ? Les
livres sont des actes morts, disait Balzac ; ce qui n'empêche qu'ayant
perçu cette vérité, il livra délibérément l'ange au démon qui le possédait.
Le meilleur de l'art d'écrire, ce n'est pas le mal réel qu'on se donne pour
accoler le mot au mot, pour entasser brique sur brique ; ce sont les
préliminaires, le travail à la bêche que l'on fait en silence en toutes
circonstances, que ce soit dans le rêve ou à l'état de veille. Bref, la période
de gestation. Personne n'a jamais réussi à jeter sur le papier ce qu'il avait
primitivement l'intention de dire : la création originale, qui est
continue, que l'on écrive ou non, participe du flux élémentaire : elle
s'inscrit hors de toutes dimensions, de toutes formes, de toutes durées. Dans
cet état préliminaire, qui est création et non naissance, les éléments appelés
à disparaître ne sont pourtant nullement détruits ; un principe qui se
trouvait déjà être présent, marqué au sceau de l'impérissable, par exemple la
mémoire, la matière, Dieu, surgit à l'appel et l'être s'y précipite comme le
fétu de paille dans le torrent. Mots, phrases, idées, si subtils et ingénieux
soient-ils, coups d'ailes les plus forcenés de la poésie, rêves les plus
profonds, visions les plus hallucinantes, ne sont qu'hiéroglyphes grossiers
gravés par la douleur et la souffrance en commémoration d'un événement qui
demeure intransmissible. Dans un monde suffisamment ordonné, il serait inutile
de faire l'effort déraisonnable de noter de tels hasards miraculeux. Cela
n'aurait à vrai dire aucun sens. Si l'humanité prenait le temps de se rendre
compte des choses, qui saurait se contenter d'une contrefaçon, quand il n'est
que de tendre la main pour saisir le réel ? Qui aurait envie d'allumer la
radio pour écouter Beethoven, par exemple, dès lors qu'il lui suffirait de se tourner vers lui-même pour vivre les extases
d'harmonie que Beethoven a désespérément tenté d'enregistrer ? Toute
grande œuvre d'art, si elle atteint la perfection, sert à nous rappeler,
mieux : à nous faire rêver l'intangible éphémère – c'est-à-dire
l'univers. Elle ne jaillit pas de l'entendement – on l'y admet ou on
l'en rejette. Admise, elle instille une vie nouvelle. Rejetée, nous en sommes
diminués d'autant. Quel que soit son objet, elle ne l'atteint jamais :
elle contient toujours un plus dont le dernier mot ne sera jamais dit. Et ce
plus, c'est ce que nous lui ajoutons dans notre appétit terrible de ce dont
chaque jour qui s'écoule est la négation. Si nous nous admettions nous-mêmes aussi complètement que nous
admettons l'œuvre d'art, l'univers entier de l'art périrait de carence
alimentaire. Il n'est pas de jour où n'importe quel pauvre type ne voyage
immobile, à tout le moins durant les quelques heures où son corps repose, les
yeux clos. Un jour viendra où il sera au pouvoir de quiconque de rêver éveillé.
Mais, bien avant ce jour, les livres auront cessé d'exister, car lorsque la
plupart des hommes connaîtront l'art de rêver parfaitement éveillé, leur
pouvoir de communier (entre eux comme avec l'esprit qui meut l'humanité) se
trouvera si renforcé que l'art d'écrire n'aura alors pas plus de sens que les
grognements inarticulés et rauques d'un idiot.
Supposons que tu aies écrit le plus pur chef-d'œuvre du monde, Henry, et
que tu aies perdu le manuscrit, juste après l'avoir terminé. Et supposons que
personne n'ait su que tu travaillais à ce chef-d'œuvre, pas même ton ami le
plus intime. Dans ce cas, est-ce que tu n'en serais pas exactement au même
point que moi, qui n'ai jamais gribouillé le papier, dis ? Et suppose qu'à
ce moment, nous venions à mourir subitement tous les deux : le monde ne
saurait jamais quels artistes il aurait perdus en nous. Mais moi j'aurais pris
la vie du bon côté, tandis que toi, tu aurais gâché toute la tienne. »
Sur quoi, Ulric, ne pouvant plus se contenir, protesta :
– C'est exactement le contraire. Ce n'est pas en se dérobant à la
tâche que l'artiste jouit de la vie. C'est vous qui auriez gâché votre vie.
L'art n'a rien d'un récital de soliste ; c'est une symphonie dans le noir,
avec des millions de participants et des millions d'auditeurs. La jouissance
que procure une belle pensée n'est rien à côté de la joie que l'on éprouve à la
fixer dans sa forme – dans sa forme permanente. En fait, il est quasi strictement impossible de se
refréner de formuler une grande pensée. Nous ne sommes que des instruments dont
joue une force qui nous dépasse. On nous permet, on nous accorde la grâce, pour
ainsi dire, de créer. Personne ne crée tout seul, de soi-même, par soi-même. L'artiste
est l'instrument qui enregistre ce qui existe déjà – quelque chose
qui est la propriété du monde entier et que
l'individu en question, s'il est vraiment un artiste, est contraint et forcé de
restituer au monde. Garder ses belles idées pour soi seul, cela reviendrait à
être un virtuose qui se croiserait les bras sur son siège, au milieu de
l'orchestre. Chose impossible !
Quant à l'exemple que vous nous donniez – celui de l'auteur qui perdrait,
avec son manuscrit, l'œuvre d'une vie – eh bien, moi, je comparerais
cet homme à un virtuose stupéfiant qui n'aurait pas cessé de jouer avec
l'orchestre, mais qui se serait tenu dans une autre salle, où personne ne
l'entendait. Cela ne diminuerait en rien sa qualité de participant ; non
plus que cela ne le priverait du plaisir d'avoir suivi le chef d'orchestre ou
entendu les accents que rendait son instrument. Votre plus grande erreur, c'est
de croire que la jouissance est quelque chose qui ne se mérite pas ; que
de savoir que l'on joue bien du violon et d'en jouer n'est qu'une seule et même
chose. C'est si sot que je me demande pourquoi je prends la peine de le
relever. Et quant à la récompense, vous confondez toujours reconnaissance du
génie et récompense. Ce sont deux choses différentes. Même si l'on ne vous paie
pas pour ce que vous faites, à tout le moins vous avez la satisfaction de
l'accomplir. Il est dommage que nous mettions un tel accent sur le fait d'être
payé pour nos peines... c'est vraiment superflu, et personne ne le sait mieux
que l'artiste. La raison de toutes ses misères, c'est qu'il choisit de faire sa
tâche comme on fait un cadeau. Il oublie, comme vous dites, qu'il faut bien
vivre. Mais c'est vraiment une bénédiction. Mieux vaut se préoccuper des
splendeurs de l'idée que du prochain repas, du terme ou d'une nouvelle paire de
chaussures. Bien sûr, quand on en arrive au point où manger devient une
nécessité et où l'on n'a rien à se mettre sous la dent, le problème tourne à la
hantise. Mais ce qui sépare l'artiste de l'individu moyen, c'est que le premier,
sitôt qu'il a vraiment trouvé de quoi manger, retombe immédiatement dans
l'univers infini qui lui est propre et dont il est le roi tant qu'il y
reste ; alors que le pauvre crétin moyen fait penser à une station-service
perdue dans le brouillard de poussière et de fumée qui la sépare de ses
semblables. Et en admettant même que vous ne
soyez pas un type ordinaire, mais un riche personnage, quelqu'un qui peut
flatter ses goûts, ses fantaisies, ses appétits : allez-vous vous figurer
un seul instant qu'un milliardaire savoure la bonne chère, le vin ou les femmes
autant qu'un artiste qui a faim ? Savourer n'importe quoi, cela exige
d'abord que l'on se mette en état de réceptivité ; cela implique une
certaine maîtrise, une discipline, je dirais même : une chasteté. Par-dessus tout, cela implique
le désir ; et le désir est une chose qui se nourrit de vie vraie. Je parle
en ce moment comme si j'étais moi-même un artiste – ce que je ne suis
pas réellement. Je ne suis qu'un dessinateur commercial ; mais j'en sais néanmoins
assez sur le sujet pour affirmer que j'envie celui qui a le courage d'être un
artiste... Je l'envie parce que je suis certain qu'il est infiniment plus riche
que n'importe quelle sorte d'être humain. Plus riche dans la mesure même où il
se dépense, où il est un perpétuel don de soi
et ne se contente pas seulement d'apporter son labeur, son argent, son talent.
Il y a environ vingt ans maintenant que j'étudie la photogenèse de
l'âme ; durant ce temps, je me suis livré à des centaines d'expériences.
Avec le résultat que je me suis perfectionné dans la
connaissance – de moi. A mon sens, ce doit être à peu de chose près
le cas des grands chefs politiques et des génies militaires. L'univers garde
tous ses secrets. Au mieux parvient-on à en savoir un peu plus long sur la
nature de la destinée.
Au début, on voudrait aborder de front tous les problèmes. Plus direct,
plus tenace est l'approche, plus vite et plus sûrement on se prend au filet. Je
ne sais rien de plus pitoyable que les héros, en ce sens. Personne n'a le don
de sécréter plus de tragédie et de confusion que ce genre d'individus.
Brandissant haut le glaive sur le nœud gordien, ils
promettent la délivrance à bref délai. Illusion qui finit dans une mer de sang.
L'artiste créateur tient du héros. Bien qu'il se situe, de par sa fonction,
sur un autre plan, lui aussi, il croit apporter des solutions. Il fait don de
sa vie à seule fin d'accomplir des exploits imaginaires. Au terme de n'importe
quelle grande expérience, qu'elle soit le fait de l'homme d'Etat, du guerrier,
du poète ou du philosophe, les problèmes vitaux n'ont rien perdu de leur énigme
ni de leur complexité. Les plus heureux, dit-on, sont les peuples sans
histoire. Ceux qui ont une histoire, ceux qui font de l'histoire, parviennent
au plus, semble-t-il, à souligner par leurs achèvements le caractère éternel du
principe de lutte. Eux aussi finissent éventuellement par disparaître, comme
ceux qui se sont laissé vivre en se contentant de jouir mollement de la vie.
L'individu créateur, au cours de la lutte qui l'oppose à son milieu, est
censé connaître une joie compensant, quand elle ne les dépasse pas, la
souffrance et l'angoisse de l'être qui cherche à s'exprimer parfaitement. Il
vit dans ses œuvres, disons-nous. Mais ce genre de vie, unique de son espèce,
varie extrêmement selon les individus. Ce n'est que dans la mesure où l'on est
conscient d'une vie plus large, plus abondante, que l'on peut prétendre vivre
dans ses œuvres. Là où il n'y a pas réalisation, quel objet, quel avantage
peut-on trouver à substituer la vie imaginative à celle, purement aventureuse,
du réel ? Quiconque s'élève au-dessus des agitations de la ronde
quotidienne le fait dans l'espoir non seulement d'élargir le champ de son
expérience, voire même de l'enrichir, mais de l'aviver. C'est uniquement en ce
sens que le combat peut signifier quelque chose. Cette façon de voir admise,
toute distinction entre échec et succès est réduite à néant. C'est là que tout
grand artiste apprend en cours de route que le processus où il se trouve
impliqué relève d'une tout autre dimension de la vie ; que, en
s'identifiant à ce processus, il accroît sa vie. Grâce à cette conception des
choses, il se trouve de façon permanente écarté – et protégé – de
la mort insidieuse qui paraît avoir le dessus, tout autour de lui. Son
intuition lui dit que le grand secret ne
s'appréhende pas, mais qu'il peut se l'incorporer dans sa propre substance. Il
lui faut devenir partie du mystère, vivre dans
le mystère et avec lui. Accepter, telle est la solution. Accepter est un art,
non pas un exploit égoïste de l'intellect. Et c'est par le canal de l'art que
l'on finit ensuite par établir le contact avec le réel : telle est la
grande découverte. Et là, tout est jeu et invention ; le pied n'y trouve
pas de prise solide d'où lancer les projectiles qui perceront les miasmes de la
sottise, de l'ignorance et de la cupidité. Le monde se moque bien qu'on lui
impose un ordre : il est
lui-même l'incarnation de l'ordre. C'est à nous qu'il appartient de nous mettre
à l'unisson avec cet ordre, de savoir où se tient l'ordre du monde, par
opposition distincte avec l'ordre pensé, conforme à nos désirs, que nous
voudrions nous imposer les uns aux autres. Le pouvoir dont nous recherchons la
possession, afin de faire régner le bien, le vrai et le beau, n'aboutirait en
fait, si nous parvenions à nous l'adjuger, qu'à l'appropriation des moyens
nécessaires pour nous entre-tuer. C'est un bonheur qu'elle nous échappe. Notre
première acquisition doit être le pouvoir de vision, puis vient la discipline,
enfin la patience. Tant que nous n'aurons pas appris à reconnaître humblement
l'existence d'une vision qui dépasse la nôtre, tant que nous n'aurons pas
appris à nous fier, à nous confier à des puissances supérieures, les aveugles
seront rois au royaume des aveugles. Ceux qui sont persuadés de la
toute-puissance du travail et de l'intelligence ne rencontreront jamais sur
leur chemin que déceptions, que leur infligera le cours chimérique et
imprévisible des événements. Ne pouvant plus s'en prendre aux dieux, ou à Dieu,
ils se retournent vers les autres hommes et donnent libre cours à leur rage
impuissante en clamant : « Trahison ! Sottise ! » et
autres exclamations vides de sens.
La grande joie de l'artiste, c'est de prendre conscience d'un ordre
supérieur, de reconnaître, dans la façon à la fois nécessaire et spontanée dont
sont manipulées ses propres impulsions, la ressemblance entre la création
humaine et cette autre création que l'on nomme « divine ». Dans les œuvres qui sont le fruit de la fantaisie,
l'existence de la loi, se manifestant par le canal de l'ordre, est encore plus
apparente que dans les autres œuvres d'art. Rien n'est moins dément, moins
chaotique qu'une œuvre où s'est exercée la fantaisie. Les créations de ce genre,
qui relèvent de l'invention à l'état pur, se situent indifféremment à n'importe
quel niveau ; elles ont le don de créer de toutes pièces, comme l'eau,
leur propre niveau. Les interprétations sans fin qu'on en offre n'apportent
aucune nouveauté, n'y ajoutent rien, si ce n'est qu'elles rehaussent encore le
sens de ce qui, en apparence, demeure inintelligible. De façon ou d'autre,
c'est de cette inintelligibilité que jaillit la profondeur du sens. Il n'est
personne qui ne s'en trouve affecté, même ceux qui prétendent y échapper. Les
œuvres de fantaisie recèlent une présence dont l'effet ne peut se comparer qu'à
celui d'un élixir. Cet élément secret, que l'on baptise « non-sens
pur », porte en lui la saveur et l'arôme de ce monde plus vaste et totalement
impénétrable où, comme tous les corps célestes (et notre terre ne tient rang
parmi eux que d'infime grain de poussière micro-cosmique), nous nous trouvons
avoir notre être. Le mot non-sens est l'un des plus désarmants de notre
vocabulaire. Il n'a d'autre valeur que négative, comme la mort. Qui peut dire
ce que signifie ce qui n'a pas de sens ? On ne peut que le démontrer.
Ajouter que sens et non-sens sont interchangeables ne fait que compliquer
vainement la question. Le non-sens relève d'univers autres que le nôtre, de
dimensions autres, et le geste que nous faisons parfois pour l'écarter, les
mots décisifs dont nous usons pour n'en plus parler, témoignent de l étrangeté
de sa nature. Tout ce que nous ne pouvons arriver à inclure dans le cadre
étroit de notre intelligence n'est pour nous que rebut. Ainsi profondeur et
non-sens apparaissent-ils comme liés par des affinités insoupçonnées, mais
certaines.
Pourquoi ne me suis-je pas lancé d'emblée en plein non-sens ? Parce
que, comme tant d'autres, j'avais peur. Et plus profond encore, il y avait le
fait que, loin de me situer dans un au-delà, je me trouvais pris au cœur même
de la toile. J'avais réussi à survivre à ma propre école de destruction, à mon dadaïsme privé : j'avais progressé, si
l'on peut dire ; d'apprenti en connaissance, j'étais devenu critique, puis
maître dans l'art d'axer les pôles. Mes expériences de laboratoire littéraire
gisaient en ruine devant moi, semblables à ces cités antiques saccagées par les
Vandales. J'aurais voulu construire. Mais je ne pouvais me fier aux matériaux
et mes plans n'avaient pas atteint le stade de l'épure. Si l'art a pour
substance l'âme humaine, je dois avouer que les âmes mortes ne me montraient
nulle germination proche.
Il était de ceux qui, en ayant terminé avec un livre, ne peuvent parler de
rien d'autre pendant des semaines. Quel que fût le sujet que l'on effleurât en
conversant avec lui, il le rapportait au livre qu'il venait de dévorer. Le plus
curieux de ces sortes de gueules de bois que lui laissait l'ivresse de la
lecture, c'est que plus il parlait d'un bouquin, plus devenait sensible son
désir inconscient de le démolir. Il m'a toujours paru, au fond, vraiment
honteux de s'être laissé prendre au charme d'une autre intelligence. Ce n'était
pas du livre qu'il parlait ; c'était du degré auquel lui, Arthur Raymond,
il avait pu le comprendre parfaitement, le pénétrer. Attendre de lui un résumé
de l'ouvrage était vain. Il en disait tout juste assez du sujet et de la
substance de l'ouvrage pour vous permettre de suivre intelligemment ses
analyses et développements personnels. Il avait beau vous répéter :
« Il faut que vous lisiez ça, c'est une merveille », ce qu'il voulait
vraiment dire, c'était : « Vous pouvez m'en croire quand j'affirme
que c'est une œuvre capitale ; sinon, je ne perdrais pas mon temps à la
débattre avec vous. » Et ce qu'il sous-entendait, en outre, c'est qu'il
valait autant que vous n'eussiez pas lu le bouquin, car jamais, de vous-même, vous n'eussiez été de
taille à en extraire les gemmes que lui, Arthur Raymond, il y avait
découvertes. « Quand j'aurai fini de vous en parler, semblait-il dire,
vous n'aurez pas besoin de le lire. Je sais non seulement ce que l'auteur a
exprimé, mais ce qu'il voulait exprimer et a laissé inexprimé. »
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