Petits textes poétiques - Robert Walser
Le désir et la quête, l’insatisfaction, la soif de beauté le poussaient en avant, tandis que derrière lui, loin derrière lui, sommeillaient les riches images du souvenir.
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Et toujours et encore il reprenait la route et suivait ses pensées tantôt légères, tantôt lourdes, sous le ciel de jour, sous le ciel de nuit, sous le soleil et sous la lune, alternant les sentiments tantôt douloureux, tantôt souriants et heureux.
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Aimer me rend grand ; mais être aimé et désiré me rend petit.
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Qui veut aimer ne veut plus parler, car qui veut parler ne veut plus aimer.
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Oh, j’eus l’impression que j’avais jadis été roi et qu’aujourd’hui, mendiant, j’étais condamné à parcourir le vaste monde où partout triomphe l’ignorance, où partout triomphent, obtuses et enténébrées, les absences de pensée et de sensibilité ; j’eus l’impression qu’il était éternellement vain d’être bon, éternellement impossible d’avoir des intentions pures, que tout était démence et que nous étions tous des petits enfants, livrés d’avance aux folies, aux impossibilités.
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Alors régnaient le bien, le juste, le beau, et le monde n’était qu’indicibles splendeur et sérénité.
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Le monde était un poème et le soir un rêve.
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Je suis honnête, en même temps bien conscient que cela, dans le monde où nous vivons, ne présente aucun intérêt.
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Le poète doit risquer, doit oser se perdre, doit sans cesse, doit toujours tout mettre en jeu, a le devoir d’espérer, a le droit, n’a même que le droit d’espérer. Je me souviens d’avoir commencé la rédaction du livre par un désespérant fatras de mots, par toute sorte de notes et de griffonnages incohérents.
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