Poèmes - André Ady
PLAIE DE BRAISE ET D'ORTIES
Plaie de braise et d'ortie je suis, et brasier,
Je suis torturé par la clarté, par la rosée,
Il faut que je t'aie, je viens te posséder,
Je veux plus de torture; il faut que je t'aie.
Que ta flamme brandille, brasille, blanchoie,
Les brasiers supplicient, les désirs supplicient,
C'est toi ma torture, ma géhenne à moi,
Mes entrailles vers toi sont un cri, un tel cri!
Le désir m'a haché, le baiser m'a saigné,
Je suis plaie, braie, faim de neuves tortures,
Donne-moi des tortures, à moi l'affamé,
Je suis plaie, baise-moi, brûle-moi, sois brûlure.
POEME DU FILS DU PROLETAIRE
Mon père à moi de l'aube à la nuit
Vite, vite, trime, travaille;
Mon père à moi, pas d'homme meilleur
Où qu'on aille
Mon père à moi va en veste usée,
Mais m'achète un habit flambant
Et me parle d'un futur tout beau
Amoureusement
Mon père à moi est captif des riches,
Ils le broyent, ils le ploient, le pauvre gars,
Lui, le soir, il rentre, du bon espoir
Plein les bras
Mon père à moi, sa fierté, sa force,
Il nous les donne, ce lutteur, ce grand,
Mais lui-même jamais ne s'abaisse
Devant l'argent.
Mon père à moi est un pauvre, un sauvage;
S'il n'avait de regard pour son gars,
Il arrêtaient cette immense farce
D'ici-bas.
Mon père à moi, s'il le décidait,
Les riches tous seraient détruits,
Tous mes petits camarades seraient
Comme je suis.
Mon père à moi, s'il disait un seul mot,
Ha, on en verrait des peureux,
Ils seraient moins nombreux, les noceurs,
Les heureux.
Mon père à moi, travailleur, batailleur,
Peut-être c'est lui, le roi des rois;
Oui, plus que le Roi, c'est lui le fort,
Mon père à moi.
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