La déchéance d’un homme : Osamu Dazaï
C’est pourquoi je suis devenu bouffon.
C’était mon ultime demande d’affection que j’adressais aux hommes. Tout en
les craignant au plus haut point je crois que je n’étais pas résigné à tout
supporter d’eux. Et puis, par mes bouffonneries, un fil me rattachait encore un
peu à mes semblables. Extérieurement, le sourire ne me quittait jamais ;
intérieurement, en revanche, c’était le désespoir. Pour ne pas révéler ce
contraste, je devais garder, au prix de sueurs froides, un équilibre qui ne tenait
qu’à un cheveu.
------
Je
ne sais s’il existe des personnes qui font bonne contenance quand elles sont
critiquées, quand on les irrite, mais moi, dans un visage en colère je vois une
nature pire que celle d’un lion, d’un crocodile, d’un dragon, d’une bête plus
effrayante encore. D’ordinaire, cette nature est cachée, mais il suffit d’une
occasion pour la révéler. C’est ainsi qu’un bœuf semble dormir paisiblement
dans une prairie, mais quand un taon lui pique le ventre, il fouaille
violemment de la queue pour le tuer. Quand je voyais la nature véritable,
effrayante de l’homme se démasquer, la crainte me faisait trembler au point que
mes cheveux se hérissaient. En outre, pensant que cette nature devait être
l’une des caractéristiques de l’homme, j’en étais pour ainsi dire désespéré.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire