Aristote - Ethique à Nicomaque
LIVRE I
LE BIEN ET LE BONHEUR
CHAPITRE PREMIER 1: Le bien
et l’activité humaine La hiérarchie des
biens
Tout art et toute recherche, de
même que toute action et toute délibération réfléchie, tendent, semble-t-il,
vers quelque bien. Aussi a-t-on eu parfaitement raison de définir le bien : ce
à quoi on tend en toutes circonstances (01) 1. Toutefois il
paraît bien qu'il y a une différence entre les fins. 2. Tantôt ce sont des
activités qui se déploient pour elles-mêmes ; d'autres fois, en plus de ces
activités, il résulte des actes.
CHAPITRE 7: Questions de
méthode — La connaissance des principes
3. Il y a donc un certain
nombre de fins, et nous cherchons à atteindre certaines d'entre elles non pour
elles-mêmes, mais en vue d'autres fins encore, par exemple, l'argent, les
flûtes et en général tous les instruments ; puisqu'il en est ainsi il est évident
que toutes les fins ne sont pas des fins parfaites. Mais le bien suprême
constitue une fin parfaite, en quelque sorte. Si bien que la fin unique et
absolument parfaite serait bien ce que nous cherchons. S'il en existe
plusieurs, ce serait alors la plus parfaite de toutes.
6. Le bien suprême, en
effet, selon l'opinion commune, se suffit à lui-même. Et quand nous nous
exprimons ainsi, nous entendons qu'il s'applique non pas au seul individu,
menant une vie solitaire, mais encore aux parents, aux enfants, et, en un mot,
aux amis et aux concitoyens, puisque, de par sa nature, l'homme est un être
sociable (20).
CHAPITRE VIII : Le bien et
l’activité humaine La hiérarchie des
biens
14. Le bonheur est donc
le bien le plus pré-cieux, le plus beau et le plus agréable. Et les
distinctions que fait l'épigramme de Délos ne sont pas admissibles :
L'action la plus juste est la plus belle ; une bonne santé est chose
excellente ;
Mais ce qui est souverainement agréable, c'est ce qu'on brûle d'obtenir. Or
tous ces caractères appartiennent aux actions excellentes. Ce sont elles, ou
une seule d'entre elles, la meilleure, que nous appelons le bonheur (22).
CHAPITRE XIII : Les facultés de l’âme Vertus
intellectuelles et vertus morales
Puisque le bonheur est une activité
de l'âme conforme à une vertu accomplie, portons notre examen sur cette dernière.
Ainsi, peut-être, pourrons-nous voir plus clair dans la question du bonheur.
LIVRE II
LA VERTU
CHAPITRE PREMIER : La
vertu, résultat de l’habitude s’ajoutant à la nature.
La vertu apparaît sous un double
aspect, l'un intellectuel, l'autre moral ; la vertu intellectuelle provient en
majeure partie de l'instruction, dont elle a besoin pour se manifester et se
développer ; aussi exige-t-elle de la pratique et du temps, tandis, que la
vertu morale est fille des bonnes habitudes ; de là vient que, par un léger
changement, du terme moeurs sort le terme moral (44). 2. Cette constatation montre clairement
qu'aucune des vertus morales ne naît naturellement en nous ; en effet, rien ne
peut modifier l'habitude donnée par la nature ; par exemple, la pierre
qu'entraîne la pesanteur ne peut contracter l'habitude contraire, même si, un
nombre incalculable de fois, on la jette en l'air ; le feu monte et ne saurait
descendre ; et il en va de même pour tous les corps, qui ne peuvent modifier
leur habitude originelle.
4. De plus, pour tout ce
qui nous est donné par la nature, nous n'obtenons d'elle que des dispositions,
des possibilités ; c'est à nous ensuite à les faire passer à l'acte. Cela est
visible en ce qui concerne les sens ; car ce n'est pas par de fréquentes
sensations de la vue et de l'ouïe que nous avons acquis ces deux sens ; bien au
contraire, nous les possédions déjà et nous les avons employés ; ce n'est pas
l'usage qui nous les a donnés. Quant aux vertus, nous les acquérons d'abord par
l'exercice, comme il arrive également dans les arts et les métiers. Ce que nous
devons exécuter après une étude préalable, nous l'apprenons par la pratique ;
par exemple, c'est en bâtissant que l'on devient architecte, en jouant de la
cithare que l'on devient citharède. De même, c'est à force de pratiquer la
justice, la tempérance et le courage que nous devenons justes, tempérants et
courageux.
CHAPITRE III : Vertus et arts —
Conditions de l’acte moral
C'est le signe d'une disposition
acquise que le plaisir et la peine qui viennent s'ajouter aux actes. En effet,
l'homme qui s'abstient des plaisirs des sens et qui se complaît dans cette
privation est vraiment tempérant ; au contraire celui qui en souffre est
intempérant. Par ailleurs quiconque supporte de terribles périls, tire de son
endurance même un plaisir ou du moins n'en souffre pas, est vraiment courageux
; quiconque s'en afflige est lâche. La vertu morale est donc en relation avec
le sentiment du plaisir et de la douleur ; le plaisir que nous espérons nous
fait agir bassement ; la peine que nous redoutons nous détourne de bien agir.
10. N'oublions pas qu'il
est plus difficile de résister au plaisir que de contenir la colère, selon la
parole d'Héraclite. Plus une chose est difficile, plus elle exige d'art et de
vertu. Dans ce cas, le bien s'appelle le mieux. Nous conclurons donc en disant
que toute étude, aussi bien dans le domaine de la vertu que de la science
politique, s'intéresse au plaisir et à la peine. L'homme qui saura bien placer
ces deux sentiments sera l'homme de bien ; qui les placera mal sera le vicieux.
CHAPITRE IV : Définition
générique de la vertu: la vertu est un "habitus".
4. Ainsi donc on qualifie
les actions de justes et de tempérées, pour ainsi dire, quand elles sont telles
que les accomplirait un homme juste et tempérant. Et l'homme juste et tempérant
n'est pas celui qui se contente d'exécuter ces actes, mais celui qui les
exécute dans les dispositions d'esprit propres aux hommes justes et tempérants.
CHAPITRE V : Définition
spécifique de la vertu: la vertu est un juste milieu.
2. Or, j'appelle passions
le désir, la colère, la peur, la témérité, l'envie, la joie, l'amitié, la
haine, le regret, l'émulation, la pitié, en un mot tout ce qui s'accompagne de
plaisir ou de peine. J'appelle capacités nos possibilités d'éprouver ces
passions, par exemple ce qui nous rend propres à ressentir de la colère, ou de
la haine, ou de la pitié. Enfin les dispositions nous mettent, eu égard aux
passions, dans un état heureux ou fâcheux ; par exemple, en ce qui concerne la
colère, si l'on y est trop porté ou insuffisamment, nous nous trouvons en de
mauvaises dispositions ; si nous y sommes portés modérément, nous sommes dans
d'heureuses dispositions ; il en va ainsi dans d'autres cas. 3. Ainsi donc ni
les vertus ni les vices ne sont des passions, car ce n'est pas d'après les
passions qu'on nous déclare bons ou mauvais, tandis qu'on le fait d'après les
vertus et les vices. On ne se fonde pas non plus sur les passions pour nous
décerner l'éloge ou le blâme ; on ne félicite pas l'homme craintif ni l'homme
porté à la colère ; le blâme ne s'adresse pas à un homme d'une façon générale,
mais selon les circonstances, tandis que c'est d'après les vertus et les vices
qu'on nous dispense l'éloge ou le blâme.
CHAPITRE VII : Élude des
vertus particulières.
2. Le courage est une
juste moyenne entre la crainte et la hardiesse. L'excès dans l'absence de
crainte n'a reçu aucun nom — il en est souvent ainsi en grec ; l'excès dans la
hardiesse s'appelle témérité. Qui montre un excès de crainte ou un manque de
hardiesse, on l'appelle lâche.
CHAPITRE IX : Règles pratiques pour
atteindre la vertu
Ainsi donc la vertu morale est une
moyenne, dont nous avons précisé les conditions : elle est un milieu entre deux
défauts, l'un par excès, l'autre par manque ; sa nature provient du fait
qu'elle vise à l'équilibre aussi bien dans les passions que dans les actions.
Tout cela, nous l'avons dit suffisamment.
LIVRE III
L'ACTIVITÉ VOLONTAIRE.
CHAPITRE PREMIER : Actes
volontaires et actes involontaires - De la contrainte. - Actes involontaires
résultant de l’ignorance. - Acte volontaire.
24. Posons encore cette
question : quelle différence y a-t-il dans les actes involontaires, dont
l'erreur provient d'un faux raisonnement ou d'un mouvement de la sensibilité ?
25. Tous deux sont à éviter. Les fautes contre la raison procèdent tout autant
que les autres de la nature humaine, si bien que les actes de l'homme
proviennent de la colère et du désir. Il est donc absurde de les considérer
comme ne provenant pas de notre volonté.
CHAPITRE II : Analyse du choix
préférentiel
Après avoir fixé les limites de ce
qui est volontaire et involontaire, il nous reste à parler du choix réfléchi.
C'est, semble-t-il, un caractère essentiellement propre à la vertu et
permettant, mieux que les actes, de porter un jugement sur la valeur morale.
CHAPITRE IV : Analyse du
souhait raisonné.
5. En effet, l'agrément,
la beauté, le plaisir dépendent des dispositions de chacun. Et ce qui fait
peut-être la plus grande originalité de l'homme de bon sens, c'est qu'il
discerne, en toutes circonstances, le vrai bien, comme s'il en était lui-même
le canon et la mesure (76). En revanche, la plupart des gens sont,
semble-t-il, les dupes du plaisir, qui leur fait l'effet du bien, sans l'être.
6. Du moins recherchent-ils comme un bien ce qui est agréable et fuient-ils la
douleur comme un mal.
CHAPITRE V : La vertu et
le vice sont volontaires.
22. Ainsi donc, nous
avons traité des vertus dans leur ensemble; nous avons dit en gros leur nature
— elles consistent en une juste moyenne et sont des dispositions acquises —;
leur origine — elles sont génératrices d'actes, et par leur propre exercice.
Nous avons dit aussi qu'elles dépendaient de nous, qu'elles étaient volontaires
et conformes aux prescriptions de la saine raison. 23. Maintenant nous allons
reprendre une à une chacune de ces vertus en particulier et nous dirons leur
nature, leur objet et leur fonctionne-ment. En même temps, on verra clairement
leur nombre. Parlons d'abord du courage.
CHAPITRE XI : La
modération, suite.
5. L'excès, en ce qui
concerne les plaisirs, est manifestement de l'intempérance et cette conduite
est blâmable. En ce qui concerne les chagrins, il n'en va pas comme pour le
courage. Pouvoir les supporter ne vous fait pas appeler tempérant, non plus
qu'intempérant quand on ne le peut pas. L'intempérance se caractérise par
l'affliction disproportionnée qu'on ressent quand on est privé de ce qui fait
plaisir — effectivement, on dira que c'est le plaisir qui cause la peine —; le
tempérant, au contraire, ne manifeste aucune peine à la privation de ce qui est
agréable.
CHAPITRE XII : Dérèglement et
lâcheté Comparaison avec l’enfance
L'intempérance paraît dépendre de
notre volonté plus que la lâcheté (97). La première est fille du plaisir; la seconde
de la douleur. Or le plaisir est souhaitable, tandis que la peine est à fuir.
LIVRE IV
III
§ 31. Les vaniteux de
leur côté montrent bien à découvert comme ils sont sots, et comme ils se
méconnaissent eux-mêmes; ils prétendent aux choses les plus hautes, comme s'ils
en étaient dignes; et leur incapacité ne tarde pas à les démasquer. Ils s'occupent
avec la plus grande recherche de leurs vêtements, de leur tournure et de tous
ces frivoles avantages. Ils veulent faire éclater aux yeux de tout le monde
leur prospérité; et ils en parlent comme s'ils devaient en tirer beaucoup d'honneur.
IX
La honte est étrangère
aussi à l’homme de bien, puisqu’elle naît du regret de mauvaises actions.
LIVRE V
I
15 La justice ainsi
entendue est une vertu complète, non en soi, mais par rapport à autrui
II
Or ce caractère de vertu
accomplie provient du fait suivant : celui qui la possède peut manifester
sa vertu également à l'égard d'autrui et non seulement par rapport à lui-même.
--
L’homme qui agit suivant
les différentes catégories du mal commet, sans aucun doute l’injustice
V
La loi du talion ne s’accorde
ni avec la justice distributive ni avec la justice corrective.
VIII
Ainsi défini, la justice
et l’injustice, n’agit injustement ou justement que quand l’action est volontaire
LIVRE VI
I
Il faut adopter le juste
milieu et éviter l’excès et le déaut
II
Il y a dans l’âme trois
éléments qui déterminent la vérité et l’action : la sensation, la pensée,
la tendance.
---
La réflexion théorique,
qui n’a pas rapport à l’action et qui n’est pas créatrice, a pour conséquence,
heureuse ou malheureuse, le vrai et l’erreur
--
Or la réflexion par elle-même
ne met rien en mouvement, sauf quand elle a un caractère de finalité et qui
intéresse l’action. C’est elle alors qui commande aussi la création.
X
La prudence a un
caractère impératif – car elle a pour fin de déterminer ce qu’on doit faire ou
ne pas faire
LIVRE VII
I
Trois sortes de défaut à
éviter : la méchanceté, l’intempérance, la bestialité
III
L’homme dépourvu de
maîtrise est il caractérisé seulement par tel ou tel acte qu’il exécute, ou par
telle ou telle disposition, ou par les deux choses à la fois.
VII
La bestialité est un mail
moindre que la méchanceté
XIII
On s’accorde à dire que
la douleur est un mail et qu’il faut le fuir.
LIVRE III
II
Il semble que tout homme aime ce qui est bon pour lui et que si, absolument parlant, ce qui esy bon est aimable, chacun trouve aimable ce qui est bon pour lui.
IX
amitié et justice se rapportent aux mêmes objets et on des caractères communs.
X
il y a trois espèces de gouvernement : royauté, aristocratie,timocratie.
---
la corruption de la royauté, c'est la tyrannie
LIVRE IX
l'aimité disparait quand ne subsistent plus les conditions qui les avaient inspirées
III
Par contre, si l'on s'est trouvé iniduit en erreur par l'hypocrisie de l'autre, on est justifié à incriminer le simulateur.
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il ne faut pas aimer ce qui est mal et on doit éviter de ressembler aux gens méprisables.
LIVRE X
VI
ainsi le bonheur ne peut consister dans le divertissement