lundi 10 juin 2024

Petite métaphysique de la parole – Brice Parain

Petite métaphysique de la parole – Brice Parain

 

Y avait-il des mots, des phrases, capables de ne pas sembler creux, stupides, odieux, à côté du cadavre d'un garçon de vingt ans sur le champ de bataille ? Même ceux de la réprobation, parce qu'ils ne coûtaient rien. C'est ce problème, insoluble, que la poésie d'à présent s'acharne à essayer de résoudre, et qui l'exténue. Il faut trouver une autre destination que le récit à nos paroles, sinon elles finiront par nous rentrer dans la gorge.

Dans la perception, c'est pareil. Bergson m'avait mis en garde, au collège. Cette vie intérieure, qui est la nôtre, pleine, où l'on est bien au chaud, qu'avait-elle besoin de s'exprimer ? Pour se faire maltraiter par les mots ?

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Ce qui est clair c'est que j'utilise mal un instrument que j'ai emprunté, que je n'ai pas fait moi-même à ma mesure. Ce n'est que lorsque ma parole me paraît juste que j'ai l'impression contraire, que je peux croire que je me suis ouvert tout grand et qu'on peut voir au fond de moi. La langue a été pourtant la même dans les deux cas. Mais si je reviens sur des paroles anciennes, que je peux me rappeler, ou que je peux relire parce que je les ai écrites, il m'arrive d'éprouver une gêne ou même de la honte : qu'est-ce qui a bien pu me faire dire cela ? C'est peut-être que j'ai changé depuis ? Bien sûr. Mais alors pourquoi l'homme s'est-il mis à vouloir conserver ses paroles, alors qu'il ne pouvait rester le même, que celui qui les avait prononcées devait disparaître ?

Car c'est bien lui qui a inventé l'écriture, s'il avait la mémoire naturellement. Il a tenu à renforcer celle-ci, à lui garantir son exactitude, de même qu'ensuite avec la photographie, pour les images, il a trouvé un moyen d'enregistrement. C'est que nos paroles se détachent de nous tout de suite, elles ont leur existence propre, distincte de la nôtre. C'est que ce n'est pas moi qui parle, lorsque je parle, c'est moi m'adressant à autrui. Lorsque je me parle intérieurement, pour mieux réfléchir, c'est déjà pareil. Je ne suis pas seul. Je suis avec un juge. Parler signifie qu'on n'est pas seul. Il en résulte que le moi n'existe pas, ou du moins sous sa forme isolée, chimiquement pure, pourrait-on dire. A travers le langage, il subsiste toujours en chacun de nous un rapport avec les autres, qui nous empêche de nous connaître, ou qui fait que nous ne nous connaissons qu'affectés de ce rapport. La monade de Leibniz est une fiction. Certes, il y a en nous une nostalgie, un goût de la solitude, parce qu'il y a en nous un besoin de liberté, l'une étant la condition de l'autre. Mais il ne peut s'agir que de ce qu'on appelle en mathématiques une limite, vers laquelle nous tendons sans pouvoir jamais l'atteindre. Le langage nous en sépare.

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Je suis dans le monde comme n'importe quel autre être vivant, j'en tire ma subsistance, l'air que je respire, ce que je mange, tous mes gestes, qui s'adressent à des objets autour de moi, et qui se définissent par des échanges. Pourtant je m'en détourne par moments, pour prononcer quelques paroles. Il arrive même que je ne fasse plus rien d'autre que m'occuper des mots, quand j'écris, par exemple, ou pendant mon travail, au bureau. A ces moments-là, je suis ailleurs, ma respiration même est différente, je ne vois pas le temps qu'il fait, je suis au service de ce qu'on appelle la pensée, qui est une activité impersonnelle, où je suis attentif aux vérités que je recherche, non à moi. C'est un plaisir, parce que j'aime cette activité ; par là, elle est reliée à moi directement ; mais c'est ma personne sociale qui l'exerce, celle qui parle, et qui n'est pas strictement moi, plutôt un ensemble d'obligations, de responsabilités, dont il faut que je me repose en dormant, en me promenant, en regardant des arbres, en me refaisant du silence, en retrouvant de la clarté, donc, finalement, en me réconciliant avec la mort ; j'en ai besoin, après cette lutte menée contre elle. La pensée, elle, m'avait été donnée par le langage.

C'est ainsi que, peu à peu, à partir de ma naissance, je suis entré dans l'humanité, recevant un nom, des fonctions, chargé d'une part d'histoire. J'ai été façonné par mon éducation, au point que je suis incapable de discerner, maintenant, qui je suis, en dehors du rôle que je joue. Le nombre très grand des inadaptés, qui souffrent parce qu'ils ne savent pas parler, montre que cette existence urbaine est trop lourde pour la plupart de nous. La vie d'autrefois, à la campagne, plus routinière, plus artisanale, était plus facile. Mais elle a été ruinée par le développement de la science, qui a engendré l'industrie. Il faut que nous apprenions à la penser, pour nous organiser selon elle. Quand je parle, je remplace l'arbre que je regarde par son nom, et par ce que je me mets à en dire. C'est tellement une étrangeté, que je ne suis même pas sûr de lui donner son vrai nom.

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S'il y avait une règle, on l'appliquerait. C'est souvent le contraire, je veux dire qu'on parle souvent selon le contraire de ce qu'on est, mais pas toujours. Dans la maturité, un écrivain a l'air d'être arrivé à une sorte d'unité. Mais les livres ne sont pas clairs. On ne connaît pas l'auteur. On ne sait pas s'il est pareil à ce qu'il dit. Quand on est jeune, on se fait de lui l'image de l'homme honnête, sérieux, scrupuleux, attentif, prudent, ou du héros sans peur, prêt à tout jeter dans le feu, à s'y jeter lui-même pour aller jusqu'au bout de ses convictions. C'est l'âge où l'on est entier. Ensuite, on devient plus avisé. On recueille des potins, on lit des biographies, on compare, on regarde. Le mal est fait. Il y en a qui ont l'air de ressembler à ce qu'ils disent, c'est parce qu'on ne connaît d'eux que leurs paroles, les autres non. La vie se transforme en un exercice de critique littéraire, on glisse sans s'en rendre compte vers l'attitude esthétique : n'est à retenir que ce qui surprend par sa qualité d'expression. L'homme n'est que ce qu'il dit, le reste n'a pas d'importance. La notion de mensonge s'évapore même, puisqu'il n'y a plus de réalité à laquelle on pourrait comparer ce qui est dit. Adaequatio rei et intellectus n'a plus de sens, puisqu'il n'y a plus que de l'intellectus. C'est le triomphe de l'idéalisme, de l'irréalité.

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En apparence, ce qui s'opère, c'est un passage dans l'immanence après la mort de Dieu. Coller à la durée. Mais l'immanence est contradictoire, ce n'est donc pas le vrai sens. Il s'agit plutôt de l'élaboration d'un langage nouveau, où il y ait à la fois l'industrie, la bureaucratie, conditions de la vie présente, et les sentiments qui nous ont toujours protégés de la mort. Notre ambition, ici, est peut-être de découvrir la vérité d'aujourd'hui avant les autres pays, qui se hâteraient trop ? Je veux le croire pour ne pas penser que nous sommes tout simplement en train de périr d'anémie. Nous en prenons le risque. Mourir pour renaître. Il est inévitable. Il est peut-être aussi la seule garantie de sérieux dans une telle circonstance. L'obscurité de notre poésie provient de ce qu'elle n'est plus qu'un recensement des mots qui sont encore utilisables dans notre langue. Celle-ci n'a guère servi jusque-là qu'à exposer, expliquer, ordonner, pour dominer. Nous apprenons à vivre ordinairement. Il n'y a pas tellement besoin que nos paroles aient un sens. Des images suffisent, sans qu'elles fassent un discours. C'est l'état d'humilité. Il fallait cet excès pour détruire la certitude élaborée au sein d'une réalité aujourd'hui disparue, celle de la vie manuelle, où l'évidence avait sa place, celle des relations directes et limitées dans une communauté restreinte, où l'on pouvait s'orienter facilement. Avec les débris que nous aurons sauvés, réussirons-nous à reconstituer un langage ayant une syntaxe, des propositions, des verbes, des adverbes, des conjonctions ? Oui, si nous parvenons à refaire une société, l'une aidant l'autre. Non, si nous nous dissolvons dans la dispersion, où il n'y a plus que des solitudes les unes à côté des autres.

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De nouveau nous retombons sur le choix entre l'hypothèse, classique, de la raison dominant les passions, qui a été rejetée par le romantisme, et le règne de l'imagination, la dialectique, la solitude. Quand on regarde le choix à faire en pensant au langage, on s'aperçoit qu'il comporte le risque d'un grave contresens. La parole, parce qu'elle est faite pour communiquer avec autrui, donc pour partager ce qui peut être mis en commun, ne peut contenir que la part impersonnelle de chacun. Sinon elle proposerait de la matière inéchangeable. D'où le conflit actuel entre la poésie obscure, fille de la liberté, et la vocation du langage, ressort de la philosophie.

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La réduction phénoménologique transcendantale peut être une préparation. Mais elle n'est pas suffisante. Elle a pour but de faire apparaître l'apport de la conscience dans la perception. C'est pourquoi elle est nommée transcendantale. L'objet est sa création, dit-elle. Oui, mais il est surtout la création du mot. Certes, l'objet de la conscience n'existe que dans la conscience. C'est d'abord une image. Mais celle-ci ne devient réellement un objet que lorsqu'elle a été dénommée. Et en dehors de la conscience, ce qui est n'est ni de l'imagerie ni du vocabulaire, c'est ce qu'on appelle le réel : quelque chose que je ne peux pas nommer autrement que par ce terme général, parce qu'en le nommant je le transformerais en un objet de ma conscience. Or parfois je le vois, parfois je ne le vois pas. Je vois la plane à laquelle je pense, et dont je viens un instant d'oublier le nom, mais je ne vois pas les autres mots de la phrase. Ceux-là, j'ai l'impression que je les sens dans leur mouvement : je sens « à laquelle », je sens « je pense », je sens « et », je sens « dont », je sens « je viens », je leur donne un sens. Ou plutôt le sens que je leur donne me paraît être celui qu'ils doivent avoir. Mais, là, je n'ai pas de preuve décisive.

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Un avantage pourtant : parler m'apprend qui je suis, ce que je veux, ce qui me manque, mes moyens, ce que j'attends des autres, de la vie. C'est une sorte de domination sur moi, de liberté. Mais j'en rajoute, en parlant : je m'invente des qualités, des défauts, des besoins. C'est si facile. Avec les mots, on ne sait plus où on en est, si c'est du réel ou du fantastique. On voit aussi qu'on est dépendant. Parler est pour se faire aider. Donc, après tout, c'est bien, peut-être ? Il n'y a pas à vouloir être libre, tout à fait libre, comme l'hirondelle, comme le loup.

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L'attitude ne peut être que beaucoup plus humble. Reconnaître qu'il faudrait d'abord découvrir le principe de la raison, qui la définirait et la fonderait. Nous vivons, nous parlons. Nous respirons, nous allons et venons, tantôt entraînés par des images qui nous attirent vers un endroit ou un autre, tantôt sous l'action de commandements que nous nous donnons. Les images ont l'air de nous relier directement à nos caprices ou à nos besoins, comme de manger, d'aller voir ceci ou cela, d'avoir envie de rencontrer telle ou telle personne. On se figure volontiers qu'à les suivre on se suivrait soi-même fidèlement. En fait, il est très difficile de prétendre que les images ainsi promises au rôle d'étoile des rois peuvent être pures de tout élément de langage. Nous parlons depuis l'enfance et nous entendons parler autour de nous dès notre naissance. Le langage ne cesse de nous encadrer. C'est le surmoi de Freud. Comme nous pensons en nous servant de lui, nous ne trouvons rien en nous qui n'en soit mélangé, rien en lui qui ne participe à notre existence. La raison nous apparaît donc comme un genre de discours. Mais qui parle alors en nous ?

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Nous sommes en état de guerre civile depuis la Renaissance, catholiques, protestants, jésuites, jansénistes, libertins, croyants, déistes, athées, girondins, jacobins, monarchistes, républicains, socialistes, bourgeois, gauche, droite, dreyfusards, antidreyfusards, cléricaux, anticléricaux, capitalistes, fascistes, communistes, immanence, transcendance, toujours les mêmes envers et endroit d'une démarche inévitable, le développement de la science. Nous approchons peut-être du bout ? On vit mal dans le déchirement. Ou bien la violence fera-t-elle l'unité ?

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Nous ne gouvernons pas le langage. Ce serait plutôt lui qui nous mènerait. Des innombrables paroles prononcées à chaque instant, personne ne peut dire quels seront leurs destins, ou, pour les comparer à des projectiles, qu'elles sont un peu, quelles seront leurs trajectoires. Les plus retentissantes produisent leur effet tout de suite, les autres, plus tard, le reste, enfin, semble s'effacer aussitôt. Mais la vie des mots est faite de tous les rapports que les paroles entretiennent entre elles, quel que soit leur poids apparent. Nous sommes souvent surpris de voir les renversements qui se produisent, un écrivain célèbre disparaissant et cédant la place à un méconnu de la veille. La philosophie classique avait son jugement, simple, rassurant : ne comptaient que les paroles vraies, approuvées par la raison ; les autres n'affectaient pas le réel. Ce n'est pas si simplement vrai. Rappelons-nous l'opinion de Kant : il croyait qu'en ajoutant des zéros à son bilan, un banquier ne modifiait pas sa situation, qui était mesurée par son avoir réel. Or, combien d'escroqueries se ramènent à des jeux d'écriture ? Chacun sait que l'imposture paie, au moins pendant un certain temps. La dialectique a ruiné l'esprit logicien qui régnait encore au XVIIe siècle, en donnant un rôle à l'erreur, qu'il ne parvenait pas à expliquer : elle serait un moment de la réflexion, préparant la vérité, dont elle n'aurait été qu'une approximation. Mais c'était soupçonner les mots d'être des images de notre pensée, non pas des essences. Et s'ils étaient encore plus gratuits ? La philosophie de demain se trouvera devant le mensonge et devra dire ce qu'il signifie.

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Annexes :

I  LE LANGAGE ET L'IMMANENCE

Quand nous nous parlons à nous-même, il y a deux hommes en nous : celui qui juge, qui promet, qui gronde, qui ordonne, et celui qui écoute, qui est jugé peut-être, qui peut-être aurait simplement voulu vivre sans souffrir ni mourir, également sans trop se forcer, une sorte de liberté légère. L'un asservit l'autre, et l'aliène peut-être. On dirait une petite société où l'individu et l'État luttent chacun contre l'autre, pour ne pas devenir sa chose.

I  LE LANGAGE ET L'IMMANENCE1

Quand nous nous parlons à nous-même, il y a deux hommes en nous : celui qui juge, qui promet, qui gronde, qui ordonne, et celui qui écoute, qui est jugé peut-être, qui peut-être aurait simplement voulu vivre sans souffrir ni mourir, également sans trop se forcer, une sorte de liberté légère. L'un asservit l'autre, et l'aliène peut-être. On dirait une petite société où l'individu et l'État luttent chacun contre l'autre, pour ne pas devenir sa chose.

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Seulement, lorsque dans un ensemble immanent, on ne trouve pas les preuves scientifiques de la provenance de telle ou telle détermination, comme, par exemple, dans la maladie (ce sera le cas du langage, nous le verrons), un autre critère pourrait être choisi, à savoir, que, première indication, disons sentimentale, l'immanence devrait être contente d'elle-même, puisque c'est elle-même qui se détermine. Le bon sens dit qu'un ensemble immanent ne devrait pas en arriver à se faire du mal. Nous aurons donc peut-être une façon d'y voir clair en nous demandant si le langage nous apporte du contentement ou du mécontentement, s'il provoque notre épanouissement ou si, au contraire, il se développe sur notre mort.

D'autre part, pourquoi le langage et pas le pensée ? C'est la pensée qui définit l'homme. Mais la pensée n'est pas une notion claire. Nous avons été élevés, dans nos générations, à croire que le langage n'aurait pas grande importance, que l'essentiel serait la pensée elle-même, dont le rôle serait de chercher à connaître le vrai, le réel ; le langage ensuite se chargerait de l'exprimer, plus ou moins bien, mais toujours plus ou moins de façon satisfaisante. A l'usage il m'a semblé que cette analyse n'était pas suffisante. Le langage n'est pas seulement un instrument, ou, s'il en est un, surtout, il tyrannise autant qu'il sert, comme tous les instruments. On a donc à se préoccuper de son rôle dans le fonctionnement de la pensée.

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Mais, dans son raisonnement, Hegel s'est déjà donné le langage, puisqu'il se fait poser une question. Au contraire, me semble-t-il, notre première préoccupation devrait être de nous demander d'où vient cette parole qui interroge : celle qui répond est provoquée, mais qui a provoqué celle qui interroge ? La parole naît-elle de nous comme une sorte d'expression, d'épanouissement, de développement de nous, monte-t-elle comme une nécessité de notre intérieur ou bien est-elle attirée de l'extérieur, par une autre parole, ou autrement par quoi ? Parlons-nous parce que nous répondons, ou pour parler ?

Depuis le temps que j'y réfléchis, je n'ai pas encore su déterminer si j'ai jamais parlé sans qu'on m'ait interrogé. Nous en sommes maintenant au nième siècle de la civilisation, les interrogations sont en nombre infini autour de nous, regardez les bibliothèques. Nous ne sommes pas purs, nous ne sommes pas autonomes, nous sommes des êtres interrogés. Mais le point de départ ? Dire qu'on parle pour répondre n'est pas une indication sur la naissance de la parole. C'est plutôt même une façon d'éviter le problème. Répondre est un geste simple. Lorsqu'on me demande dans la rue quelle heure il est, je suis comme soulagé, rien n'est plus facile, je réponds, cela m'épargne d'avoir une conversation avec la personne qui m'interroge, ou également avec moi-même. Je suis dans la conduite la plus claire, la plus justifiée. Je sers, je suis utile, je n'ai pas à me demander ce que je fais là. Mais si j'imagine, au contraire, le philosophe à minuit dans sa chambre se demandant ce qu'il a à dire, je crois qu'il est bien embarrassé, Quoi, regarder dehors ce qui se passe, ou chercher à savoir qui il est, ce qu'il pense, ce qu'il sent, ce qu'il fait là, sur terre ? A part les moments privilégiés où le poète écrit son poème, et c'est encore un mythe sans doute, où les paroles nous sortiraient de la bouche à la suite de ce qu'on appelle une inspiration, nous cherchons nos mots. Nous ne savons pas quoi dire, au juste. Il y a une distance entre nos mots et nous. Nous allons à leur rencontre comme s'ils nous venaient d'ailleurs. Ce sont des instruments que nous n'avons pas fabriqués. Nous puisons dans notre vocabulaire, un peu comme les typographes dans leurs boîtes à caractères. Si nous sommes mis à la question, c'est peut-être par les mots eux-mêmes. Tout se passe comme si nous étions deux : l'existence et le langage, donc la société, la morale, les bibliothèques, qui nous asservissent autant qu'elles nous aident.

 

 

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