De l'individualisme révolutionnaire - Alain Jouffroy

De l'individualisme révolutionnaire - Alain Jouffroy

Préface

Tout individu conscient de sa conscience, du noyau de nuit quelle contient et de son appartenance aux autres, peut apporter un trouble, une inquiétude, une joie, une ouverture inattendue sur tout. C'est en tout cas, en préface aux années qui nous restent à vivre — la chance perpétuée envers et contre tout —ce que je crois.

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L'individualisme révolutionnaire

L’écriture, par les changements qu'elle peut introduire dans la communication des idées, l'expression des besoins et des désirs, ne peut s'organiser qu'à partir de sa démesure, en fonction des initiatives souveraines de ceux qui la pratiquent.

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Contrairement à Balzac, il ne laisse à aucun moment supposer que l’individualisme puisse contribuer à « refaire la nation », ni même le peuple. Bien au contraire, selon lui, l’Individu ne peut devenir Unique que dans la mesure où il n’attend rien ni d’un autre individu, ni de la collectivité, mais se donne tout à soi-même, pour devenir «un moi tout-puissant», «propriétaire du genre humain » et qui oppose sa liberté à celle du peuple. 

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Le poète présent devait être pour lui un «négociateur». Mais un sentiment et une expérience de son génie semblable à l’illumination de Raymond Roussel:

Sur la table de travail, les pages d'une œuvre entr'ouverte s'offrent lumineuses, mais d'une clarté si franche que dès l'huis les gens se cabrent, l'œil violé...

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CONTRE LA MORT 

NOVALIS    F. SCHLEGEL

LA GÉNÉRATION NOIRE* 

FRANÇOIS DU FRÊNE 

JEAN-PIERRE DUPREY 

JEAN-PIERRE FAYE 

ALAIN JOUFFROY 

BERNARD NOËL 

CLAUDE PÊLIEU 

BERNARD RÉQUICHOT 

STANISLAS RODANSKI

HÔLDERLIN    ARNIM 

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«J’ai complètement perdu, disait-il, la faculté de méditer ou de parler sur n’importe quoi avec cohérence.» N’est-ce pas le cas de très nombreux poètes actuels, même s’ils n’osent jamais l'avouer ? Ne sont-ils pas en train de devenir des Lord Chandos, pour qui « mots abstraits, dont la langue doit pourtant se servir de façon naturelle pour prononcer n’importe quel verdict se décomposent dans [leur] bouche tels des champignons moisis?»

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Le gué

N'abandonnons plus les concepts de Marx aux marxistes, les concepts de Freud aux psychanalystes. Brisons ces cloisons étanches, faites pour perpétuer de vieux pouvoirs. La pensée de chaque individu appartient à tous. Machiavel n’est pas davantage la propriété des penseurs de la droite que Novalis celle des rêveurs de l’idéalisme, ou Marx celle des communistes. Il est temps de brancher toutes les pensées les unes sur les autres.

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A ma connaissance, Louis Althusser a été le seul philosophe marxiste à avoir fait remarquer dans ces termes que «chaque classe a ses individus, façonnés dans leur individualité par leurs conditions de vie, de travail, d'exploitation et de lutte — par les rapports de la lutte des classes». Dans sa réponse à John Lewis, il ne va pas plus loin. C’est dans son essai sur les Appareils idéologiques d’État qu'il déclare que l’idéologie interpelle les individus en sujets, et met en évidence «l'ambiguïté du terme de sujet», qui signifie en effet: « 1) une subjectivité libre; un centre d'initiatives, auteur et responsable de ses actes; 2) un être assujetti, soumis à une autorité supérieure, donc dénué de toute liberté, sauf d’accepter librement sa soumission.» Et Althusser précise: « l'individu est interpellé en sujet (libre) pour qu’il se soumette librement aux ordres du sujet, donc pour qu’il accepte librement son assujettissement. »